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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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silence tomba dans le temple. Le moment était venu d’asséner aux Neuf un coup que j’aurais voulu leur éviter. Je jaugeai Eudes quelques instants avant de prendre mon courage à deux mains.
    —    Je suppose qu’Ugolin t’a aussi appris la mort de Jaume ? m’enquis-je.
    —    Oui, répondit-il, une tristesse résignée dans la voix. Dieu veuille que ce Pierrepont croise un jour mon chemin. Je me console en me disant qu’au moins notre frère est mort noblement, en respectant son serment.
    Malgré moi, je revis Jaume dans le temple de Gisors, agenouillé devant Alain de Pierrepont.
    —    Sire Jaume, donneras-tu vraiment ta vie pour protéger deux bouts de papier et un chiffon ?
    —    Sans la moindre hésitation, fils de putain. Je regretterai seulement de ne pas avoir emporté avec moi les chiures que vous êtes.
    —    C’est bien ce que je pensais. Que notre gorge soit tranchée si nous disons mot. C’est bien ce que vous déclarez à la fin de chaque conseil, non ?
    —    Et nous y croyons.
    —    Que le Seigneur Dieu te pardonne et te conduise à bonne fin, Jaume, avait dit Pernelle.
    —     Amen, avait simplement répondu le templier avant que Pierrepont ne lui ouvre la gorge.
    Je soupirai profondément.
    —    Oui, il est mort en faisant honneur à l’Ordre. Je voudrais pouvoir en dire autant de tous ses membres.
    —    Je sais aussi pour Raynal. Ugolin nous a raconté.
    Il jeta un regard rempli de pitié vers Pernelle et je compris que le Minervois ne lui avait épargné aucun détail des souffrances qui lui avaient été infligées dans la tente de Montfort.
    —    Je sais aussi que le maudit porc est mort grâce au courage de Bertrand de Montfort, continua-t-il, et que tu lui as fait payer chèrement sa trahison.
    Il inspira profondément, posa ses yeux dans les miens et se raidit comme celui qui se prépare à encaisser un choc.
    —    Maintenant, dis-moi ce que tu sais au sujet de Véran, dit-il d’une voix éteinte. Il a quitté Montségur voilà un mois pour aller aux informations et se faire une idée des plans des croisés. Il n’est jamais revenu.
    —    Il ne reviendra pas. Il est mort.
    Je lui fis le récit de ce que j’avais vu de Véran, depuis son apparition auprès d’Arnaud Amaury et de Montfort, jusqu’à sa mort entre Carcassonne et Montségur. J’insistai particulièrement sur les paroles qu’il avait prononcées, espérant que mes frères et sœurs y verraient plus clair que moi.
    Un silence de tombeau enveloppa le temple. Ce fut Esclarmonde qui le rompit en nous ramenant à des considérations plus immédiates.
    —    À en juger par le récit de Gondemar, Véran semblait laisser entendre qu’il y avait des forces en jeu dont nous ignorons l’existence, remarqua-t-elle, toujours aussi réfléchie et pratique.
    —    C’est ce que j’en ai conclu, approuvai-je. Mais que je sois changé en bourrique si je sais de qui il s’agit.
    —    Et ce templier ? demanda Pernelle. Qui peut-il être ?
    —    Il était encore là lorsque nous sommes entrés dans Carcassonne, l’informai-je. Je l’ai vu. Comme s’il voulait s’assurer que j’étais bien arrivé.
    —    En tout cas, il connaissait bien ton itinéraire, remarqua Roger Bernard.
    —    Et s’il s’agissait d’un agent du pape ? suggéra Esclarmonde après un moment de réflexion.
    Tous la regardèrent, curieux d’entendre ce qu’elle avait à dire.
    —    Innocent est malin, expliqua-t-elle. Il sait aussi bien que nous de quel bois sont faits Montfort et Amaury. À preuve, Simon n’a-t-il pas tenté de s’approprier la seconde part pour marchander des terres ? Avec l’importance que revêt la Vérité aux yeux de l’Église, si j’étais dans sa soutane, je ne mettrais pas tous mes œufs dans le même panier. Je m’assurerais plutôt d’avoir un contrepoids à l’ambition de mes collaborateurs en confiant à quelqu’un d’autre la charge de s’assurer que la première part me parvienne.
    —    Hum. L’hypothèse est plausible, appuya Eudes. Cet inconnu et ses hommes se tenaient sans doute prêts à intervenir si tu tentais de fuir avec la seconde part. De plus, grâce à Véran, le pape disposait d’une source d’information indépendante de Montfort et d’Amaury. Quelqu’un qui puisse valider ce que les deux autres lui disaient.
    —    Si tel est le cas, Véran et le templier étaient de mèche,

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