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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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toute vie est sacrée. Si la chair est la création du mal, l’âme, elle, est l’œuvre de Dieu et lui seul a le droit de la rappeler à lui.
    Rabrouée, Pernelle se tut.
    —    De toute façon, intervint Ugolin, pour empoisonner le vin, il faudrait d’abord s’introduire dans le château. Sans compter que dame Cécile devrait être avertie de ne rien boire, ce qui ne serait pas une mince affaire. Le problème reste entier.
    L’apathie nous avait tous saisis lorsqu’un souvenir me revint en tête.
    —    Et si nous avions notre propre monnaie d’échange ? m’exclamai-je.
    —    Que veux-tu dire ? s’enquit Eudes.
    —    Si nous capturions Montfort ou Amaury ? Nous pourrions négocier leur vie contre celle de Cécile.
    —    Et tu crois que c’est possible ?
    —    Avant mon départ de Carcassonne, Montfort m’a affirmé qu’il partait sous peu en campagne. Il s’en allait prendre Saint-Antonin-Noble-Val, puis Quercy et Moissac. Le bougre s’est même vanté que, sous peu, ses domaines seraient plus grands que ceux du roi de France.
    —    Ces villes sont au nord de Toulouse, intervint Foix. Le maudit diable continue à nous encercler. Il va sans doute fondre sur le château de Penne aussitôt que Saint-Antonin sera tombée.
    —    Si nous partions sans tarder, nous aurions le temps de l’intercepter.
    —    Cinq contre des centaines d’hommes, remarqua Eudes.
    —    Le petit nombre peut parfois devenir un avantage, contrai-je. Jaume a bien réussi à se rendre jusqu’au fils Montfort. Et moi, je suis parvenu jusqu’à sa tente devant Toulouse. Nous trouverions certainement le moyen de nous glisser discrètement parmi ses troupes et, avec un peu de chance, nous pourrions lui mettre la main au collet.
    —    Le plus simple serait de nous faire passer pour des soldats croisés, suggéra Ugolin.
    —    Ça ne devrait pas poser de difficulté, dit Eudes avec un air amusé.
    Exceptionnellement, nous quittâmes le temple en plein jour. Pour ne pas attirer l’attention, nous sortîmes du donjon un à la fois, à intervalles de cinq minutes. Les Parfaites s’en furent vaquer à l’infirmerie, alors qu’Ugolin, Foix, Odon et moi retrouvâmes Eudes à l’armurerie, située à l’autre extrémité de la forteresse, tel qu’il avait été convenu.
    Une fois là, je reconnus sans mal Humbert, qui montait la garde devant la porte. Ma barbe et mon crâne chauve l’empêchèrent de me replacer.
    —    Nous avons besoin d’armes, l’informa Eudes.
    —    Bien, messire.
    Humbert déverrouilla la porte et s’écarta pour nous céder le passage. Nous entrâmes à tour de rôle. Eudes referma derrière nous.
    —    Suivez-moi, dit-il en prenant les devants.
    La pièce était très grande. Aux murs étaient accrochés des épées, des dagues, des lances, des arcs et des flèches, des plastrons, des heaumes, des gantelets et des cottes de mailles en quantité suffisante pour armer deux fois chaque homme de la forteresse.
    —    Bougre de Dieu, fis-je après avoir émis un sifflement admiratif, je savais que Montségur était bien armée, mais à ce point.
    —    Tu peux en remercier le comte de Foix, dit Eudes sans se retourner. Non seulement il a contribué à financer la fortification de la forteresse, mais c’est lui qui a fourni tout cet équipement.
    —    Je me sens comme un ivrogne dans une brasserie. dit Ugolin, les yeux écarquillés.
    —    Attends de voir en bas, rétorqua Eudes.
    Arrivé au bout de la pièce, il ouvrit une lourde porte, empoigna une torche fixée au mur et s’y engouffra. Nous nous retrouvâmes dans un escalier à plusieurs paliers qui descendait à la cave. Une fois en bas, il alluma quelques torches sur le pourtour de la pièce et j’eus du mal à retenir mon étonnement. Je me serais cru dans l’armurerie de Simon de Montfort. Aux murs était suspendu tout ce qui était nécessaire à un croisé : des heaumes typiques du Nord, des manteaux de toutes les couleurs à croix rouge, des livrées semblables et même quelques étendards.
    —    Voilà des années, sire Ravier avait ordonné que, quand la chose était possible, nos hommes dépouillent ceux qu’ils avaient occis. Il disait qu’un jour tout cela nous servirait.
    —    Il avait raison, dis-je, fasciné.
    —    Équipez-vous.
    Sans attendre, nous choisîmes tous une livrée blanche et un manteau de croisés.
    —    Nom de Dieu,

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