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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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bras.
    —    Voilà, dis-je, soumis. Vous savez tout. Pernelle et Ugolin peuvent en confirmer la plus grande part.
    Du regard, Eudes consulta mes deux compagnons, qui hochèrent affirmativement la tête pour appuyer mes dires.
    —    J’ai fait de mon mieux, insistai-je. Une fois passé le moment de faiblesse à Gisors, je n’ai jamais voulu remettre la Vérité à Montfort. Mais je ne pouvais savoir comment vous me recevriez et j’ai choisi de m’emparer des parchemins pour me donner une chance de sauver Cécile. Vous devez me croire quand je vous dis que je cherchais avidement une façon de ne pas les lui livrer, ou de les lui reprendre si je le pouvais.
    Lentement, je me mis à genoux en tentant de recouvrer ce qu’il me restait de dignité et ouvris ma chemise pour découvrir ma poitrine.
    —    Maintenant, à vous de juger. Vous pouvez me percer le cœur et me jeter dans la fosse. Je ne résisterai pas. J’accepte d’expier en enfer. Sachez seulement que si telle est votre décision, Cécile mourra aussi.
    Songeur, Eudes se frotta le menton. Le templier était un guerrier redoutable, parfois sanguin, mais il avait prouvé à maintes reprises qu’il était capable de réflexion et que son jugement était sûr. Après quelques minutes, il quitta son fauteuil et vint se planter devant moi, droit comme une lance, le regard dénué d’expression, la main sur le pommeau de son épée. Il me toisa et exhala profondément. Les autres se levèrent et vinrent m’encercler. J’eus le net sentiment que ma dernière heure était arrivée et tentai de préparer mon âme au sort qui l’attendait.
    Je sentis presque le froid de l’enfer me lécher à nouveau la peau et sa désespérante solitude m’envahir.
    J’attendis le verdict en soutenant son regard. Si je devais mourir, ce serait avec dignité.

    1
    J’étais ce que tu es, tu seras ce que je suis.

Chapitre 12 Décisions
    Eudes resta longtemps de marbre, sévère et fermé. Les secondes s’égrenèrent, chacune s’étirant pendant une éternité, sans que je puisse déchiffrer ses intentions. Il tenait ma vie entre ses mains et je la lui abandonnais. Il consulta les autres qui, un à un, hochèrent affirmativement la tête. Du coin de l’œil, je pus voir Ugolin, Roger Bernard et même Odon porter la main à leur épée.
    Ses lèvres se pincèrent.
    —    Relève-toi, ordonna le Magister.
    J’obéis, heureux qu’il m’accorde au moins la dignité de mourir debout, comme un homme. Puis son visage se détendit petit à petit et un large sourire finit par l’illuminer.
    —    Sois le bienvenu parmi les tiens, bougre d’emmerdeur de mes fesses ! tonna-t-il à la façon de Montbard. Si tu acceptes de servir un Magister autre que toi-même, évidemment.
    —    Si tu savais combien je m’en fiche ! rétorquai-je, submergé par le soulagement, riant et pleurant à la fois.
    Nous nous jetâmes dans les bras l’un de l’autre et il m’enveloppa dans une virile accolade. Les mains des autres se posèrent sur mes épaules et les tapotèrent affectueusement. Je n’avais pas besoin de regarder pour savoir que celle qui me caressait doucement la nuque appartenait à Pernelle.
    J’étais de retour chez moi, dans ma seule famille. Désormais, avec l’aide de mes frères et sœurs, j’avais une chance. Une vraie.
    Eudes finit par me libérer et avisa ses vêtements en plissant le nez. Son manteau blanc avait été souillé par les fluides des morts et il n’osait même pas s’essuyer.
    — Par les cornes du diable, grommela-t-il, dégoûté. J’empeste la fiente. N’aurais-tu pas pu entrer par la grande porte ?
    Les retrouvailles furent chaleureuses, mais de courte durée, car la situation était pressante. Odon fut dépêché pour me trouver de nouveaux vêtements et, pendant son absence, nous nous installâmes tous dans nos fauteuils. Je retrouvai avec plaisir et humilité le siège que j’avais occupé, à la droite de Ravier. Il me convenait tellement mieux que celui du Magister. J’en profitai pour interroger Pernelle sur la présence de son fils parmi les Neuf.
    —    C’est simple. Après notre fuite, je n’ai pu me résoudre à l’abandonner sans savoir ce qui lui arriverait, admit-elle, penaude.
    —    Moi non plus, ajouta Ugolin. Le petit est courageux et plein de ressources.
    —    Et têtu comme sa mère, coupai-je.
    —    Nous l’avons emmené avec nous jusqu’ici pour le présenter à

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