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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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jour s’y installer.
    L’information était de taille, indiquant que Garin Lafoi avait prévu de s’installer céans depuis belle heurette 11 . Cependant, Hardouin se contenta de hocher la tête en commentant :
    — Certains artisans sont si prisés qu’on ne parvient à mettre la main dessus qu’avec grande difficulté.
    Elle approuva d’un clignement de paupières et poursuivit en terminant son gobelet à petites gorgées :
    — Êtes-vous au fait, messire ?
    — De ?
    — L’épouvante qui sévit céans et depuis deux ans ?
    — Ces petits traîne-ruisseaux 12  ? Je… je pensais qu’il s’agissait d’un de ces contes à faire peur.
    — Oh, que nenni, messire ! Cela fait bien peur mais n’a rien d’une fable, malheureusement. Je ne suis pas femme à prêter oreille complaisante aux ragots, mais ils ont pendu un trucheur, certes mauvais chrétien et vaurien paresseux, pour nous faire accroire qu’ils tenaient le coupable. Les meurtres ont continué. Les mères avec jeunes enfants sont affolées et ne lâchent plus leurs marmots. Bien sûr, pour l’instant, le maudit meurtrier ne s’en est pris qu’à de petits miséreux dont on perd le nombre… Paix à leurs âmes. Mais… il pourrait jeter son infâme dévolu sur un autre !
    Lui revint la façon dont Edwige Lafoi cramponnait la main de son fils.
    — À quand remonte le dernier ?
    — Y a pas trois semaines. Un garçonnet, dont la pauvre dépouille fut retrouvée au petit matin, en bout de la rue Charronnerie.
    Il y avait donc eu un nouveau meurtre ignoble depuis celui de la fillette mentionnée par messire Arnaud de Tisans.
    — Tudieu ! Et les hommes du bailli n’ont aucune piste ?
    — Non pas ! D’aucuns se demandent ce qu’ils font, d’ailleurs. Ah ça, pour traîner dans les gargotes, les étuves 13 et les maisons lupanardes 14 , ils ne sont pas les derniers ! s’emporta-t-elle. Quand je pense que ce niais de Maurice Desprès a envoyé un innocent trucheur au gibet !
    — Maurice Desprès ?
    — Le premier lieutenant du bailli. Un abruti, sauf quand il s’agit de se faire offrir le cruchon ou de tirer quelques pièces ci ou là. Non pas que le trépas du trucheur ait été une perte, c’était un bon à rien à sale trogne.
    — Quoiqu’innocent, rectifia Hardouin en réprimant un sourire.
    — De juste. Quoi qu’il en soit, le mécontentement gronde. Une lettre a été envoyée à Monseigneur de Bretagne… Ça ou mener les poules pisser 15 , me direz-vous ! Mais c’est pas le tout de payer moult impôts, encore faut-il que nous soyons protégés en échange !
    — À l’évidence !
    Maîtresse Hase jeta un regard prudent dans la salle, comme si elle redoutait qu’un client y soit entré subrepticement, et débita à voix basse, se penchant vers Hardouin :
    — Je ne devrais pas révéler cela à un visiteur, au risque qu’il en déduise que notre ville est un coupe-gorge, mais… nous profitons ici de la science immense d’un mire remarquable, messire Antoine Méchaud. Un mien habitué. Il se sent en cordialité et en aisance dans mon établissement, aussi se laisse-t-il parfois aller à quelques remarques… oh, sans jamais bafouer le secret médical. À la demande de notre bailli, messire Guy de Trais, il a examiné les petits corps martyrisés… S’il n’est pas entré dans les détails, j’ai cru comprendre que ces pauvres enfants avaient subi moult tortures et… des abominations tout droit sorties de l’enfer.
    Elle confirmait ce que lui avait révélé Arnaud de Tisans. Les enfants avaient été violés, sodomisés et pour les garçonnets émasculés.
    — Votre bailli semble donc prendre cette sinistre affaire à cœur, vérifia avec prudence l’exécuteur.
    Maîtresse Hase poussa un long soupir et déclara d’un ton hésitant :
    — À cœur ? Ce n’est guère l’expression qui me viendrait. On l’a bien peu vu, le gentil Breton enrubanné. Peur de crotter ses hauts-de-chausses de par les venelles. Si ce n’était le mécontentement qui monte, il resterait dans son hôtel particulier à écouter son épouse jouer de la citole 16 .

    Une question assez vague tournait dans l’esprit d’Hardouin, mais il fut interrompu par l’entrée tonitruante d’un homme aussi haut que large, à la face rougeaude, qui brailla :
    — Maîtresse Hase… l’poisson pour le d’main ! Et pour ce jourd’hui, c’soir, des œufs de cane tout frais sortis d’leur trou du cul !

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