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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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écriture carrée : « Fortin a racheté une ferme de moyenne importance à Dancé, peu après le meurtre de Muriette Lafoi. Avec quel argent, encore et encore ? » Le carnet soulignait que les autres serviteurs, trois femmes et deux hommes, étaient absents au moment des faits. Fâcheuse coïncidence ou plan soigneusement établi par le véritable assassin ? Aucun n’avait dit mot au sujet des Lafoi ou du comportement d’Angeline, la qualifiant juste de « simple », « idiote » « lente d’esprit ».
    Hardouin se remémora le commentaire acerbe du sous-bailli. Garin Lafoi avait donc vite déménagé de Mortagne à Nogent-le-Rotrou, quelques mois après sa terrible épreuve – grâce à laquelle il avait empoché tous les biens de feu son épouse – pour se remarier rapidement avec une jeune et ravissante bourgeoise de… Mortagne. Le nom de la donzelle 13 ne figurait nulle part. Un acharnement sur le visage d’une femme, d’une rivale ? Ne pouvait-on y voir la marque de fureur jalouse d’une maîtresse qui attendait son heure ? Car Garin Lafoi connaissait très probablement cette jeune femme du temps de son premier mariage.
    Contrairement au sous-bailli Arnaud de Tisans, Hardouin se retrouvait, lui, avec deux convaincants suspects : le mari et sa maîtresse d’alors, devenue épouse d’aujourd’hui. Isolément ou agissant de concert ? Le mari se débrouillait pour libérer les lieux de tous témoins et comptait sur le fait que la simple serait accusée et qu’elle ne pourrait se défendre. Il revenait, assassinait sa femme et payait grassement Éloi Talon pour qu’il jure devant Dieu ne l’avoir pas quitté d’une semelle de toute la journée. Ou alors, une fois la voie libre, la maîtresse impatiente frappait.

    Rien de l’âme humaine ne surprenait plus cadet-Venelle, ni le pire, ni le meilleur. Il avait entendu tant de confessions, dont nombre bien qu’arrachées par la torture étaient véridiques, il en aurait juré. Il y avait à dégorger de dégoût dans cette âme humaine et, parfois, à tomber à genoux et à pleurer de reconnaissance et de belle émotion.
    Un quart de feuille était glissée à la fin du dernier carnet, couverte de l’écriture carrée qui s’avérait bien celle du sous-bailli. Le papier étant encore fort cher 14 en cette époque, on coupait les lettres sous la dernière ligne écrite afin de l’économiser.
    « Maître de Haute Justice,
    Je me suis intéressé à la nouvelle épouse, Edwige Lafoi, née Tonnet, et me suis rendu à Nogent-le-Rotrou afin de l’apercevoir en discrétion. Une très jolie et encore assez jeune femme de vingt-quatre ans. Des clabaudages de marchands interrogés habilement, elle serait bonne et pieuse. Je n’en ai pas appris davantage, de crainte d’éveiller la suspicion par des questions trop pressantes.
    Vous êtes parvenu jusqu’à cette lettre, preuve de votre intérêt. Je suis donc votre reconnaissant,
    Arnaud de Tisans. »

    Hardouin cadet-Venelle soupira. Sa curiosité était piquée 15 .
    Il se leva en refermant les trois carnets, attendant il ne savait quoi. Si, il le savait fort bien, tout en refusant de l’admettre : une sorte de manifestation de Marie, Marie de Salvin.
    Rien ne vint. Il fut déçu et s’en voulut.
    Morbleu, l’homme ! s’admonesta-t-il. Eh quoi ! Vas-tu aimer et finir par vivre avec un fantôme, aussi adorable soit-il ? Perdrais-tu le sens ? Comment se fait-il qu’aucune donzelle aussi avenante et charmante n’ait pu te ravir le cœur jusque-là et que ton sang s’emballe dès que tu penses à cette bouleversante morte ?
    1 - Limande en vieux français.

    2 - Du francique beran (porter).

    3 - Tout ce que l’on possède comme vêtements, argent, petits objets, etc. A donné « saint frusquin ».

    4 - La mendicité était très développée au Moyen Âge. S’y adonnaient aussi des faux infirmes qui n’hésitaient pas à se mutiler ou à mutiler leurs enfants afin de provoquer la pitié et la générosité des passants. Une des « techniques » consistait à s’enduire avec des sucs de plantes telle l’angélique, qui provoque une dermatose.

    5 - Daphne gnidium . Le contact de son écorce avec la peau provoque pustules et rougeurs. Ses fruits sont encore plus toxiques.

    6 - Ou bâtarde gothique. Cette écriture, assez chargée, était réservée aux actes, lettres registres en langue vernaculaire. Les traités scientifiques, théologiques, bref les sommes, lui

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