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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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héla au service. Aussitôt un jeune homme sortit d’une des granges et s’approcha de lui.
    — Oh là, l’homme, je souhaiterais m’entretenir avec ta maîtresse, Adèle Baubette.
    — Pourquoi ça, avec vôt’ respect ? voulut savoir l’autre, méfiant en dépit de la mise du cavalier qui le rassurait.
    — Une affaire personnelle.
    — Ah ben avec ça, j’doute que la maîtresse vous r’çoive, surtout en l’absence du maître. D’autant qu’elle est grosse et pas loin d’la délivrance.
    — Rassure-la, je serai bref. Je puis me recommander de messire Arnaud de Tisans, sous-bailli de Mortagne, précisa cadet-Venelle afin de tranquilliser l’autre.
    Le rêva-t-il ou une ombre passa-t-elle sur le visage juvénile du valet de ferme ?
    — J’vas voir, finit par concéder celui-ci. Euh… avec vot’respect… vous bougez pas d’là.
    Il disparut par la porte centrale de la ferme. Il s’écoula quelques minutes qui parurent bien longues à l’exécuteur des hautes œuvres. Des serviteurs passèrent devant lui, tête basse, vaquant à leur travail, lui jetant de furtifs regards. Nul ne lui adressa la parole, ni ne lui destina un sourire ou un salut. Il régnait céans une curieuse atmosphère, peu accueillante.

    Enfin, celle qui devait être Adèle Baubette née Sarpin parut. Elle avança vers lui à pas lourds et lents, les mains plaquées sur ses reins, son ventre très rebondi la gênant et évoquant, en effet, un accouchement prochain. Si Hardouin cadet-Venelle avait cru que la mention du nom du seigneur bailli inclinerait la jeune femme à la confiance, il en fut pour ses frais. Le visage fin était fermé et elle lança d’une voix revêche, sans même le saluer :
    — Vous êtes ?
    — Hardouin Venelle de Mortagne. Le bonjour, maîtresse Baubette.
    — La raison d’vôt’venue ?
    — Le meurtre de Muriette Lafoi.
    Les mâchoires de la femme se serrèrent de colère. Elle siffla :
    — C’en est pas bientôt terminé d’cette histoire ? Elle l’a tuée, l’a été jugée et enfouie vive. Voilà tout !
    — Pourquoi, si je puis, une telle acrimonie de votre part ?
    — Parce que ça fait dix fois qu’on m’demande mon témoignage, de jurer sur les quat’ Évangiles, qu’on m’boutecule 7 comme si j’étais une menteuse déhontée ! V’là pourquoi ! J’ai dit c’que j’savais.
    — Qu’Évangeline, la simple, détestait Muriette Lafoi. Que vous l’auriez entendue se plaindre d’elle, de son avarice et du peu de nourriture qu’elle offrait, et ceci à maintes reprises. Qu’Évangeline, un jour, avait abattu, en hargne, un couteau sur une saucisse de sang en s’exclamant : « Prends ça, bourrique ! » et qu’elle aurait admis que la saucisse figurait « C’te vilaine peau d’Lafoi ».
    — Et comment qu’vous connaissez mes paroles ? demanda Adèle, méfiante.
    — Je suis un des enquêteurs de messire de Tisans, à ce titre, j’ai eu accès aux carnets de procès.
    — Et pourquoi c’te vilaine affaire ressort après cinq ans ? On n’aura jamais la paix ?
    — Des incohérences ont troublé le seigneur sous-bailli.
    Levant le regard vers les toits de tuiles, onéreux comparés à ceux faits en bardel 8 , puisque l’on pouvait se procurer le bois – souvent du châtaignier – à peu de frais, il ajouta :
    — Belle demeure, en vérité, maîtresse Baubette.
    Les yeux de la jeune femme s’étrécirent. De plus en plus agressive, elle contre-attaqua :
    — Et où ce que vous voulez en v’nir, l’homme ?
    — Famille très cossue de vivandiers que les Baubette, à ce que j’ai ouï. Ça ne s’épouse pas comme on souffle dessus 9 , un fils aîné de si beau parti. Une fille avec belle dot est souhaitée.
    Elle ne parut pas décontenancée par cet assaut frontal mais redoubla de combativité et s’approcha encore de lui en feulant :
    — Allez, l’homme, soyez franc d’garrot ! Crachez la bribe ! Mais tout messire en épée qu’vous êtes, gare ! En cas d’insulte, j’vous fais jeter dehors d’chez moi.
    À la vérité, l’aplomb de la jeune femme l’impressionnait, d’autant qu’il ne sentait aucune rouerie chez elle. Aussi tempéra-t-il son discours :
    — Maîtresse Baubette, je ne doute pas que vous soyez femme de probité. Toutefois, admettez que l’étonnement de messire de Tisans se justifie. Trois témoins à charge et tous trois semblent soudain disposer de beaux moyens quand ils ne

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