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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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l’aimait-elle un peu ? Aussitôt, l’inconvenance d’une telle interrogation le suffoqua : il l’avait brûlée vive.
    Il avait également tourmenté Évangeline Caquet avant de l’enfouir en terre jusqu’à ce que mort s’ensuive.
    Deux innocentes. Deux agnelles sacrifiées.
    Il s’allongea à nouveau. Contre toute attente, le sommeil le terrassa aussitôt.
    1 - Fin du XII e siècle, roman anonyme inspiré de celui de Virgile (70 av. J.-C.-19 av. J.-C.). Énée en français, principal personnage de l’ Énéide .

    2 - Ou freluches. Petit ornement, en général peu cher, destiné à la parure ou à l’ameublement. Du latin famfaluca , a donné « fanfreluches ».

    3 - Le Moyen Âge de cette époque ne croyait plus aux animaux chimériques tels le dragon ou la licorne. En revanche, beaucoup d’histoires dans lesquelles intervenaient des fées, bien ou mal intentionnées, circulaient encore.

    4 - Les rêves et leur signification étaient très importants au Moyen Âge. Certains auteurs de l’époque, dont des religieux, ont affirmé que des personnages de rêves leur avaient apporté l’inspiration ou la solution d’une énigme.

XXII
    Nogent-le-Rotrou, octobre 1305, encore plus tard
    D es coups de poing assénés contre la porte et des exclamations nerveuses de femme le tirèrent de son coma.
    Il se leva et passa son chainse avant d’ouvrir. Un flot de paroles incompréhensibles le noya. Antoine Méchaud et maîtresse Hase parlaient en même temps, haussant chacun le ton pour couvrir la voix de l’autre. Un peu hébété, tentant de secouer les derniers vestiges d’endormissement, il leva les mains en signe d’incompréhension. Le mire le surprit en glapissant :
    — Enfin, maîtresse Hase, avec tout mon respect, taisez-vous ! Vous n’en savez que ce que je viens de vous conter et que je vous prie de ne point répéter ! L’émotion excusera, je l’espère, ma volubilité bien peu opportune.
    L’aubergiste se tint coite.
    — Un autre petit malheureux a été découvert au tôt matin, peu avant laudes. Par un corroyeur 1 en livraison.
    — Où cela ?
    — Au bout de la rue du Croc, enveloppé dans des haillons, à l’instar de certains autres.
    — Et… (Hardouin jeta un regard furtif à maîtresse Hase qui semblait fermement décidée à rester plantée là.)
    — Oh, notre bonne aubergiste est au courant des monstruosités infligées à ces enfants, enfin de presque toutes. Alors oui… le pauvre cadavre ressemble fort à ceux que j’ai déjà examinés.
    — Puis-je le…
    — Le seigneur Guy de Trais m’a baillé carte blanche 2 .
    — Est-il informé ?
    — Pas encore, je… j’attendais avant de le faire éveiller.
    Prenant son courage à deux mains, il tourna la tête vers la tenancière qui ne perdait pas une miette de la conversation et débita, mal à l’aise :
    — Maîtresse Hase, de grâce me pardonnez et comprenez que ceci est protégé par le secret imposé par mon art. Aussi, je… nous vous serions reconnaissants de nous bien vouloir abandonner. Pourquoi ne pas préparer un en-cas de bouche à messire Venelle et un revigorant gobelet d’infusion dont il aura grand besoin ?
    En femme intelligente qu’elle était, elle comprit à quel point sa curiosité devenait excessive et s’excusa :
    — Votre pardon, messire mire ! Cette mienne indélicatesse me fait rougir d’encombre ! Votre pardon, en vérité, messieurs.
    Elle fila vers l’escalier, telle une voleuse prise sur le fait.
    — Pénétrez le temps que je me vête, proposa Hardouin.

    Le mire Méchaud s’assit lourdement sur le bord du lit défait, une discourtoisie pardonnable en pareil moment. Après un long soupir dévasté, il avoua d’une voix rauque :
    — Je ne comprends pas…
    — En tout cas, je puis vous assurer que Gaston Lecoq, votre ancien maréchal-ferrant ivrogne et cherche-noise, n’est pour rien dans cette macabre et intolérable affaire.
    — L’avez-vous visité ? s’enquit le mire.
    — Si fait. Nous avons eu… une discussion un peu vive… Mais nous sommes réconciliés au point qu’il m’a… offert son chien.
    — Eh bien, en voilà un qui l’aura échappé belle ! Le chien, veux-je dire. Me racontez, de grâce.
    Hardouin lui narra en détail son entrevue « houleuse » avec Lecoq, omettant toutefois l’épisode de l’oreille tranchée.
    — Mais alors… qui est-ce ? Qui donc est ce monstre sanguinaire ?
    — Je l’ignore. Toutefois,

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