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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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maléfices de sorciers… Au fond, vous, un autre vous, n’avez que complété ce que j’ai initié alors. Si je n’avais pas été contraint de nommer les assassins, un M. de justice ne les aurait pas exécutés. N’y voyez nulle offense, mais j’éprouve pour vous… les gens de votre… art, le même sentiment que pour une puterelle de maison lupanarde. Elles n’ont pas choisi le sort qui leur échoit, pas plus que vous. Je ne les convierais certes pas à ma table, mais elles nous rendent service en s’acquittant de ce que nous refusons de subir…
    La sincère humanité qu’il perçut chez le mire apaisa Hardouin.
    —… Messire Venelle, votre… courtoisie à l’égard de Blanche est tout à votre honneur. Je lui souhaite de retrouver époux. Son veuvage fut très douloureux. Toutefois, une femme, ma belle-fille, mérite enfants, fût-ce avec un autre que mon fils.
    — Je le lui souhaite de tout cœur. Elle est fort jolie, modeste et de bel esprit, ajouta Hardouin.
    — Notre bailli aurait donc requis aide de messire de Tisans ? voulut savoir le mire.
    — À ce qu’il m’a laissé entendre, de façon assez vague, je le concède. Selon lui, messire de Trais souhaitait un… soutien, discret.
    — On ne peut que le comprendre. Il est en délicatesse. Les Nogentais sont fort mécontents et tous redoutent pour leurs enfants. Les reproches, d’abord discrets et prudents, se font de plus en plus virulents. Au point que…
    Antoine Méchaud ravala la fin de sa phrase.
    — Au point que ? insista cadet-Venelle.
    — C’est trop insensé !
    — De grâce ?
    — Oh… des ragots d’auberge, des aigreurs coutumières… Bref, certains ont insinué que messire de Trais ne serait peut-être pas… étranger à cette sinistre affaire.
    — Ah, nous y voilà ! commenta Hardouin. Guy de Trais, le bailli, torturerait, violerait et assassinerait des petits saute-ruisseaux ?
    — Ne vous avais-je pas prévenu que l’accusation était insensée ? D’aucuns tirent de hâtives conclusions de coïncidences. Certes, les meurtres, pour ce que nous en savons, ont commencé dès après l’arrivée céans de messire de Trais. Certes, messire de Trais s’est montré… comment dire… assez arrogant. Certes, il préfère à l’évidence la vie fastueuse, les visites aux gens de haut que l’élucidation des drames qui frappent les pauvres. Et sans doute a-t-il traité les premiers meurtres avec une désinvolture qui a déplu. S’est ajoutée l’énorme erreur de son premier lieutenant, Maurice Desprès. D’ailleurs, « erreur » n’est sans doute pas le terme. Desprès voulait un coupable aisé pour se faire bien voir.
    — Cela ne fait pas du bailli un monstre pour autant, rétorqua Hardouin.
    — Je suis en accord ! Cela étant, les gens trouvent un exutoire à leur crainte qui se double maintenant de colère. Messire de Trais a tenté de redresser la barre dès qu’il a senti l’ire de la population… peut-être trop tard. Ajoutez à cela qu’il n’est pas de la région, que nul ne connaît sa famille, son passé.
    — Et vous ? Que faites-vous de l’homme ?
    Le mire le détailla puis déclara lentement :
    — Nous avons tous deux échangé serment de confidence, n’est-il pas vrai ?
    — En vérité et sur notre honneur, approuva le bourreau.
    — Fort bien. J’avoue le peu connaître. Toutefois, de ce que j’en ai reniflé, Guy de Trais se montre arrogant et peu enclin à s’intéresser aux soucis des gens de bas. Peu lui chalait 4 les petits miséreux assassinés. Il aurait même déclaré d’un ton excédé : « Un de plus, un de moins, quelle différence ! » Cette fâcheuse anecdote, dont j’ignore la véracité, s’est répandue à la vitesse d’un cheval au galop. Acceptez mes précautions de langue, tant l’accusation que je m’apprête à formuler est grave et sans fondement vérifié… mais, je crois que son soudain intérêt pour cette macabre affaire n’est qu’égoïste.
    — Il redoute pour sa charge ? traduisit Hardouin.
    — De juste. Ce que fort peu de gens ici savent, c’est que la mère abbesse des Clairets, Mme Constance de Gausbert, ulcérée, a écrit à une sienne excellente amie qui n’est autre que l’épouse de Monseigneur Charles de Valois, frère du roi. Si d’aventure notre bien-aimé souverain exige des explications de Jean de Bretagne, la prestigieuse carrière de Guy de Trais pourrait bien vite tourner court.
    Arnaud

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