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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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douleur et de fièvre qu’Antoine Méchaud avait été incapable de rendre plus doux. Lui n’apportait même pas la guérison. Eux offraient la paix.

    — Messire mire ? Ces dames vous attendent avec impatience.
    Il sursauta et se tourna. Une jeune servante se tenait en haut des marches, un sourire radieux jouant sur ses lèvres.
    — Vous semblez guillerette, jeune femme.
    — Oui-da, messire. Le petit baron va mieux ! Quel soulagement ! Il est si adorable et espiègle. Du vif-argent 4 .
    — M. Guillaume se porte mieux ?
    Antoine Méchaud cacha sa stupéfaction, tant le trépas prochain de l’enfant lui avait semblé inévitable.
    — Si fait ! Nous avons tous prié et la très Sainte Vierge, qui veille sur les enfants, nous a exaucés. Mme Mahaut n’a pas quitté la chapelle depuis que son petit a ouvert les yeux et murmuré « Madame ma mère ? Je vais mieux. J’ai faim. » Elle rend grâce au Divin Agneau et à Sa Mère, la Toute Bienveillante. C’est un miracle, si m’en croyez. Aussi Mme Mahaut a-t-elle décidé de faire ériger une chapelle à la gloire de la Vierge Marie pleine de Grâce.
    — Un miracle, en effet, répondit le mire, perplexe, mais soulagé ne pas avoir à palper, examiner un petit corps déshydraté dont les forces s’amenuisaient d’instant en instant.

    Pâle, sa petite mine ravagée par la fatigue, Guillaume de Vigonrin était assis dans son lit et souriait.
    — Le merci, grand merci, messire mire pour vos bons soins, déclara-t-il, couvé par le regard soulagé et heureux de sa mère qui ne l’avait pas quitté des trois jours et quatre nuits qu’avait duré sa maladie.
    Antoine Méchaud procéda à l’examen du garçonnet, posant son oreille sur le torse trop maigre, surveillant son souffle, s’enquérant de la couleur de ses urines et de la consistance de ses selles. Il se redressa, satisfait par l’état de son jeune patient, et regarda la très jolie jeune femme immobile au pied du lit, constatant chez elle aussi les signes de l’épuisement. Son extrême pâleur était encore soulignée par les larges cernes mauves apparus sous ses yeux. Méchaud recommanda d’un ton paternel :
    — Vous devriez prendre un peu de repos et vous restaurer, madame. Il est tiré de vilaine affaire.
    Elle ferma les yeux et, main sur le cœur, poussa un long soupir en approuvant :
    — Judicieux conseil que je vais mettre sitôt en application. À la vérité, je tiens à peine debout. Comment vous exprimer mon immense gratitude, messire mire ? J’ai tant prié, tant cru que… enfin…
    — Moi de même. Mais Dieu veillait sur Guillaume et sur vous. Réjouissons-nous et remercions le ciel.

    Lorsqu’il redescendit dans la salle commune, la belle-mère de Mahaut, la baronne mère Béatrice de Vigonrin, se tenait debout devant la large cheminée. Antoine Méchaud ne douta pas qu’elle l’attendait tant elle se porta vers lui avec vivacité. Baissant la voix en jetant un regard méfiant vers l’escalier, elle s’enquit :
    — Est-il tout à fait guéri ?
    — Oui-da, quel soulagement ! Je vous avoue, madame, que… je redoutais que l’on m’annonce son trépas à mon arrivée.
    — Un miracle, sans doute, lâcha Mme de Vigonrin, d’un ton sec qui intrigua le mire.
    — En effet, hésita Méchaud.
    — Mire… Puis-je requérir de vous absolue confidence… je me dois de… d’évoquer une question qui me… nous gâche le jour et la nuit puisque l’inquiétude de ma fille Agnès s’ajoute à la mienne.
    — De grâce, madame, poursuivez.
    Antoine Méchaud fut presque certain de ce qui allait suivre. Il ne se trompait pas.
    — Les décès des mâles héritiers du titre et des terres se succèdent dans notre famille, au point qu’on pourrait croire à une malédiction.
    — Votre époux et votre fils aîné, François tous deux.
    — Et avant cela mes deux autres fils, compléta la baronne mère.
    — Dans ces derniers cas, un cerf blessé et des détrousseurs de chemins.
    — Certes…
    — Où voulez-vous me mener, madame ?
    Béatrice se mordit la lèvre d’incertitude et Antoine Méchaud remarqua que ses joues tremblaient d’émotion.
    — Croyez-vous… Enfin votre immense art vous permet-il d’être assuré que ces décès, celui de François mon défunt époux et de François mon fils… étaient tout à fait naturels… requis par Dieu ?
    — Fichtre, madame, avec mon respect, qu’avez-vous en tête ? s’offusqua le

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