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Le bûcher de Montségur

Le bûcher de Montségur

Titel: Le bûcher de Montségur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Zoé Oldenbourg
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quitter la ville. L’inquisiteur n’ayant pas tenu compte de cet avertissement, les consuls se rendirent avec leurs hommes d’armes au couvent des Dominicains, expulsèrent G. Arnaud de Toulouse et lui ordonnèrent de quitter les territoires du comte.
    Guillaume se rendit donc à Carcassonne, terre du roi de France, et de là prononça une sentence d’excommunication contre les consuls (5 novembre 1235).
    Cependant les Dominicains, pour ne pas avoir l’air de céder à la contrainte, décidèrent de citer en justice les personnes incriminées malgré la défense expresse des consuls qui avaient menacé de mort quiconque oserait remettre les citations à leurs destinataires. Le prieur choisit pour cette mission quatre Frères, qui acceptèrent ce choix comme une promesse de martyre – parmi eux se trouvait justement G. Pelhisson. Leurs adversaires, moins féroces que ces courageux moines ne l’imaginaient, n’attentèrent pas à leur vie ; mais, dans la maison de Mauran l’Ancien les religieux furent tout de même roués de coups et traînés par les cheveux 166 .
    Le lendemain, les consuls se présentèrent devant le couvent des Dominicains avec leurs sergents d’armes et accompagnés d’une foule de bourgeois ; ils ordonnèrent aux religieux de quitter la ville, et sur leur refus ils les firent saisir et jeter dans la rue. Les Dominicains sortirent de Toulouse en chantant le Symbole de la Foi, le Te Deum et le Salve Regina . Ils furent bientôt obligés de se disperser, les consuls ayant interdit aux citadins de pourvoir à leur subsistance. Le prieur se rendit à Rome pour rendre compte à Grégoire IX de l’attentat dont les Dominicains avaient été victimes, de l’assentiment et même sur l’ordre du comte de Toulouse. L’évêque Raymond du Fauga fut à son tour expulsé de la ville.
    Sans doute Raymond VII ne pouvait-il guère espérer voir le pape approuver cet acte de rébellion ; cependant, les abus dont les Dominicains de Toulouse s’étaient rendus coupables devaient être si criants qu’il pensait pouvoir justifier sa conduite même devant le pape ; en effet, il persistera toujours, tout en affirmant sa fidélité à l’Église, à supplier le pape de ne pas lui imposer la présence des Dominicains, ou tout au moins de ne plus confier à ces derniers l’exercice de l’Inquisition.
    Informé de ce qui s’était passé à Toulouse, le pape adressa une lettre des plus sévères à Raymond VII ; il y déclare notamment avoir appris que les consuls avaient défendu aux bourgeois de Toulouse de vendre ou de donner quoi que ce soit à l’évêque et même à son clergé, qu’ils ont saisi la maison de l’évêque, blessé des chanoines et des clercs, défendu à l’évêque et aux prêtres de prêcher en public, etc. ; que le comte négligeait de payer leurs salaires aux professeurs de la nouvelle Université, ce qui avait amené la cessation des études ; que le comte et les consuls avaient défendu à quiconque de comparaître en justice devant les inquisiteurs sous peine de punition corporelle et de confiscation des biens ; après l’énumération de tous ces faits et de beaucoup d’autres – faits infiniment plus graves que ceux qui avaient jamais été reprochés à Raymond VI mort excommunié –, le pape menace le comte d’une nouvelle excommunication s’il persiste dans sa politique d’hostilité à l’égard de l’Église 167 .
    Or, Raymond VII tenait à vivre en paix avec l’Église et l’avait déjà prouvé en arrêtant lui-même Pagan de La Bessède et en consentant au procès des Niort. Sa conduite était celle d’un chef d’État qui se voit obligé de satisfaire, fût-ce dans une faible mesure, aux revendications de ses sujets ; craignant à la fois la guerre avec la France et l’excommunication, il ne favorisait pas l’hérésie ; il cherchait à éviter des désordres et des troubles graves. Et sans doute parvint-il à convaincre partiellement le pape et le roi ; car le roi (ou plutôt sa mère) écrivit au pape pour lui faire part des griefs du comte contre les inquisiteurs, et le 3 février 1236 le pape écrivait à l’archevêque de Vienne, légat de la Province, lui donnant des instructions en vue de restreindre les pouvoirs des inquisiteurs, lesquels finirent par reprendre leurs fonctions « du consentement et de la volonté du comte de Toulouse ». Mais si le pape leur avait recommandé la douceur, il ne semble pas qu’ils

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