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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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de la pousse ordinaire ! On t'a déçu parfois ? La chaîne le suit. On saura vite où il est allé et de qui il s'agit.
    — Bon travail ! dit Nicolas en lui tendant quelques pièces dont l'éclat doré fit sourire l'intéressé.
    Il rejoignit l'inspecteur.
    — Les oiseaux sont au nid. Un autre, inconnu, a pris son envol. Nos autours sont en vol et le rattraperont.
    Sans plus attendre, ils pénétrèrent chez Le Roy, horloger du roi.

IX
    LES ABRICOTS DE VITRY
    In this strange labyrinth, how shall I turn ?
    Ways are on all sides while the way I miss.
    Dans cet étrange labyrinthe, où tournerai-je ?
    Les chemins sont partout mais je perds mon chemin.
    Lady Mary Wroth
    La pièce tenait davantage du boudoir que de la boutique. Le luxe déployé donnait une idée de la clientèle fréquentant l'endroit. Des boiseries de chêne sombre dissimulaient des armoires fortes. Derrière une table de marqueterie, un homme déjà âgé, la perruque poudrée, se tenait penché en train d'écrire, éclairé par une chandelle. Vêtu d'un habit de velours amarante, il ressemblait à l'un de ces magistrats du Palais tout proche. Il se leva et, après avoir ôté ses bésicles, les considéra avec bienveillance.
    — Je vous salue, messieurs, et suis tout à vous. Vous ne trouverez pas sur la place de meilleures montres que chez moi. Les prix, me direz-vous ? Fixés au plus juste, ils dépendent de l'habileté d'un travail qui vise à la perfection afin de ne point mettre sur le marché d'objet médiocre. La qualité des matières employées y concourt et fait ma réputation. Les montres à boîte d'or, dites de Paris, vont, selon, de douze louis jusqu'à vingt, celles à répétition de vingt-cinq à mille livres. Je dispose aussi de modèles en argent moins onéreux. Je puis, messieurs, m'enorgueillir sans conteste de détenir les mécanismes les plus parfaits et les plus exacts. Pardonnez ma chaleur, je parle, je parle, tant j'aime mon métier !
    — Ce n'est point pour un achat que nous vous dérangeons. Peut-on parler ici en discrétion ?
    Surpris, M. Le Roy alla pousser une porte et les invita à s'asseoir dans les fauteuils placés devant son bureau.
    — Je vous écoute, messieurs. Messieurs ?
    Rien ne s'opposait à ce qu'ils se présentassent pour ce qu'ils étaient.
    — Je suis Nicolas Le Floch, commissaire du roi au Châtelet, en charge des affaires extraordinaires, et voici l'inspecteur Bourdeau, mon adjoint. Notre mission est délicate. Je pense, monsieur Le Roy, que vous imaginez de quoi il retourne ?
    L'horloger sembla se rétracter. Nicolas, en épingleur d'âme, observait avec curiosité la transformation du bonhomme dont les mains s'étaient refermées sur une règle, les jointures des doigts blanchies.
    — Sans doute, sans doute, balbutia-t-il. En fait, je ne sais…
    Tout dans son attitude montrait qu'il cherchait une échappatoire à la question du commissaire. Il faisait pitié à voir et Nicolas estima qu'il ne résisterait guère.
    — Oui… Peut-être… Cette malheureuse affaire de contrefaçon ? Des montres portant mon nom vendues sous le manteau, poinçonnées à vingt-deux carats et, en fait, en pinchebec 143 . Imaginez le nombre des réclamations ! Qu'y faire ? Attendre que la police du roi y mette bon ordre. Je vous suis reconnaissant, messieurs, de…
    — Pour détestables et condamnables que soient pour vous ces pratiques, elles n'intéressent nullement notre enquête.
    — Je ne vais pas…
    — Permettez-moi de vous éclairer. Un jeune homme d'origine anglaise travaillait dans votre atelier.
    Le Roy se leva.
    — Messieurs, messieurs, de grâce, je vous arrête ! Je ne connais rien à cela… Je vous reconduis.
    Nicolas, doucement, le repoussa dans son fauteuil.
    — Point de cela avec nous, monsieur. Je vais vous prouver que c'est du service du roi qu'il est question et que rien ni personne ne saurait s'y opposer ni en entraver la marche.
    Il sortit de sa poche l'ordre de Sartine, le déplia et le tenant de deux doigts le mit sous le nez de l'horloger qui, après avoir chaussé ses bésicles, en prit connaissance avec attention. Il soupira.
    — Si l'ordre émane de M. de Sartine comme je le constate, la circonstance est différente et je me déclare tout disposé à répondre à vos questions.
    — Je n'en attendais pas moins de l'horloger du roi !
    — Dois-je vous remémorer les origines ? Vous les devez connaître ?
    — Certes, monsieur, mais je vous

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