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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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sacré de la reine y est mentionné, d'autre part elle l'évoque et le compromet dans une misérable et basse intrigue. Qu'il plaise à Votre Majesté de faire saisir la dame et de la faire incarcérer. Certes, il se pourrait que le public ne manque pas, suivant sa pente habituelle et par une dérive si répandue dans la société, d'envisager des causes très secrètes à sa détention. Qu'importe ! Cela durera quelques jours, le temps que la mode en passe et que d'autres nouvelles effacent les précédentes. Rendre publiques par un procès les circonstances scandaleuses de cette intrigue réveillerait l'esprit de faction et favoriserait des gloses forgées de toute main par les folliculaires et toutes les méchantes plumes de Londres et de La Haye. Seul le silence aura raison de tout cela et balaiera cette boue.
    Un long silence salua la péroraison d'un discours que Maurepas et Sartine avaient approuvé de leurs mimiques.
    — Je crois, s'empressa d'ajouter M. de Maurepas, que Ranreuil a résumé de belle manière et en bon sens ce que chacun d'entre nous estime juste. On ne doit pas donner à la robe le goût de ces débats-là avec tout ce qui devrait s'ensuivre de mémoires en défense et de procédures. Trop d'intérêts y trouveraient de quoi pâturer les champs du lys au détriment de la couronne.
    — Tiens ! jeta en un soupir Mercy, ton neveu le premier !
    — Monsieur Amelot, dit le roi caressant la reliure du livre d'un geste lassé, qu'on fasse, sur-le-champ, saisir la dame en question et qu'on l'enferme au secret à Sainte-Pélagie 163 . Nous aviserons par la suite. Que M. Cahuet de Villers soit conduit à la Bastille le temps que soit éclairci son rôle dans les menées de sa femme et réunies les preuves qu'il n'y a pris aucune part. Cela pour ne pas se départir des règles d'un silence nécessaire. Qu'il en soit donc ainsi.
    Chacun se retirait quand il fit signe à Vergennes, Sartine et Nicolas de demeurer.
    — Il m'est revenu qu'un objet précieux appartenant au roi de Prusse a été offert à la reine par ma tante Adélaïde. Je veux la vérité. Ranreuil, avez-vous débrouillé ce nouvel écheveau ?
    — Tout commence quand le duc d'Aiguillon présente M. von Issen, chevalier prussien, à Balbastre, professeur de clavecin de Sa Majesté.
    — Le duc d'Aiguillon ! répéta le roi avec un mouvement de recul.
    — Le dit Prussien a parlé de l'objet à Balbastre qui l'a proposé à Mme Adélaïde, laquelle recherchait un présent à faire à la reine. J'ajoute, et cela n'est pas le moins étrange dans cette nouvelle affaire, que la Villers, sans doute approchée par le même émissaire et dans un but identique, a tenté de circonvenir Rose Bertin, modiste de la reine. Celle-ci, échaudée des trigauderies de la dame, l'a aussitôt éconduite. C'est ainsi et… Oh ! Von Issen… il me revient les conditions où j'ai relevé ce nom ! Le registre des étrangers…
    Chacun, surpris, regardait Nicolas qui feuilletait fébrilement son petit carnet noir.
    — Mais, nous savons de qui il s'agit, dit Vergennes, c'est un agent prussien. Tout d'ailleurs le démontre.
    — Alors, dit Nicolas, dans ce cas que fomente-t-il avec les agents anglais ?
    Il se mit à lire son carnet.
    — … le 31 janvier, M. Calley, alias Lord Aschbury, chef du secret anglais, s'entretient avec le chevalier von Issen, sujet du roi Frédéric arrivé de Berlin .
    — Et que devons-nous y comprendre ? demanda le roi.
    — Que M. de Ranreuil, dit Sartine, qui fut à bonne école, a découvert un point des plus intéressants, Sire, la collusion de nos ennemis.
    — Et la raison pour laquelle cette flûte fut offerte à la reine ?
    — Sire, dit Vergennes, l'Europe est suspendue à nos décisions concernant les affaires d'Amérique. Chacun calcule la durée de notre réserve, fruit de votre modération et de votre amour de la paix, et prétend savoir que nous sommes sur le point de la rompre. L'Angleterre et la Prusse ont cause commune. Toutes deux ont intérêt à un scandale qui éclabousserait la couronne. Le royaume en serait affaibli et, en contrecoup, l'Autriche avec laquelle nous sommes alliés. Voyez la subtilité du jeu entrepris. Supposons qu'un agent anglais ait dérobé à Sans-Souci un objet précieux appartenant au roi Frédéric. À Paris, les services anglais et prussien prennent langue. L'entregent d'Aiguillon… Des tentatives avec la Villers et Rose Bertin qui échouent. Balbastre

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