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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pour reculer les réponses attendues. Auriez-vous par extraordinaire dépassé le point d'incertitude et d'ignorance sur ce cas ?
    — Voyez, s'esclaffa Semacgus, l'aimable patelin, le bon apôtre des jésuites de Vannes, il ne nous l'envoie pas dire ! Ce genre de discours d'une doucereuse affabilité masque, par trop, de bien perfides insinuations !
    — Le fait est, dit Sanson plus serein, que notre science ne se gouverne pas. On ne la conduit pas, c'est plutôt elle qui nous mène. Et le fait est…
    — Le fait est, le fait est ! ricana Bourdeau. Vous lorgnez la chose, la considérez, patinez 25 et repatinez, et puis quoi ?
    — Notre ami veut nous signifier, dit Semacgus avec force, que nous sommes face à une situation étrange où l'hypothèse la plus timide peut aussi être la plus hasardée !
    — Alors, reprit l'inspecteur, concluez sur vos incertitudes. On croirait entendre un concerto pour Sanson et Semacgus, deux instruments qui reprennent en canon à n'en plus finir le même thème avec beaucoup de traînerie 26 .
    — Voilà le hic ! Cet homme est tombé et il n'en est pas mort !
    — Comment !
    — Ce n'est qu'en multipliant les investigations que la lumière se fera. D'abord, de quelle hauteur est-il tombé ? Le savez-vous ?
    — Trois étages de forteresse à ce qu'il paraît. Nous avons découvert la corde faite de draps noués rompue au niveau du jour et il y a suspicion sur sa solidité. Je dirai même soupçon sur son honnêteté.
    — Donc il n'est pas avéré que notre homme soit forcément tombé du plus haut.
    — Et ?… Je suis haletant de découvrir la suite de votre raisonnement.
    — Il n'est pas non plus assuré que le choc au sol l'a tué… sur le coup.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que les constatations menées prouvent deux choses. Que l'homme à terre n'est pas mort des suites de sa chute et que son passage de vie à trépas est dû à une autre blessure bien définie et sondée dont nous pouvons affirmer…
    Sanson approuvait.
    — … qu'elle fut causée par un instrument aigu, poinçon ou tout autre instrument à pointe…
    — Pointe d'épée ?
    — Ou fer de canne.
    Nicolas et Bourdeau s'entre-regardèrent. L'inspecteur fut le premier à réagir.
    — On ne peut soutenir qu'un homme tombé de cette hauteur puisse en réchapper !
    — Sans grandes blessures, c'est en effet assez improbable. Mais pour le coup, en mourir non plus ! Notre irréfutable constatation, c'est que la blessure occasionnée par un instrument pointu a causé la mort. Celle-là et nulle autre. Il y a un élément qui semble vous échapper : la corde a pu lâcher alors que l'homme était déjà parvenu à mi-course. Certes, il a de fortes contusions, mais point de membres brisés, le crâne intact sauf découvertes internes. Un coude froissé sans doute, mais il est impensable que tout cela puisse conduire à l'inéluctable.
    Nicolas considéra Semacgus, puis se dirigea vers l'angle de la salle où avait été déposée la corde faite de draps tissés. Il s'en empara et la tendit au chirurgien. Il sortit de sa poche le fragment détaché du barreau de la cellule.
    — Voici les pièces. La corde a cédé près de l'attache à un barreau. Il n'est pas apparu que la rupture soit due à l'usure par frottement sur la pierre. Bourdeau m'a sur-le-champ, dès que je lui en ai parlé, conseillé de faire examiner la totalité de la corde.
    Le chirurgien la manipula, la porta à ses narines, éternua, et en éprouva la solidité.
    — Il faut expérimenter. Nicolas, qui est à peu près de la corpulence du mort, va, je n'en doute pas, accepter de s'y prêter.
    — Certes ! Que dois-je faire ?
    Semacgus se hissa lourdement sur un escabeau pour attacher solidement la corde à l'un des nombreux anneaux de fer de la muraille. Il éprouva la solidité du nœud.
    — Nicolas, vous allez saisir cette corde à deux mains, les pieds au mur, et vous laisser aller dans le vide.
    Le commissaire s'exécuta. Il prit appui comme indiqué et s'abandonna. Suspendu à bout de bras, il se balançait dans le vide. Après une ou deux secondes, un craquement se fit entendre et la corde de draps se rompit. Bourdeau et Semacgus le rattrapèrent avant qu'il ne tombe en arrière. Ils examinèrent la partie qui avait cédé, puis celle de l'évasion réelle. Les deux pièces offraient un aspect identique. Semacgus sortit du sac de cuir où il rangeait ses instruments un petit flacon empli d'un

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