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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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instant.
    — Noblecourt dirait que c'est dans l'obscurité la plus profonde que la moindre clarté devient éclatante.
    Bourdeau s'esclaffa.
    — Il y a toujours un fond de vérité dans les paradoxes qu'il nous sert. À condition de les démêler…
    — Il y a toujours avantage à les entendre. La vérité comme le mensonge a plus d'un visage… À nous de les saisir au passage en observant avec soin les occasions de ne les point manquer. Combien de choses inexplicables sont autant de moyens qui semblent nés du hasard qu'il plaît à la vérité de nous soumettre.
    — Daigneras-tu, Nicolas, expliquer à un pauvre homme ce que dissimulent tes sentences pythiques ?
    — Que nous disposons encore de nombreux atouts pour forlonger la partie. Je les énumère : le portrait exact de notre inconnu, soumis à la sagacité parisienne ; ce serait bien le diable qu'on ne le reconnût pas ! Des certitudes sur les conditions de son assassinat. Un tissu aussi, selon Vachon introuvable en France, qui laisse à penser que l'inconnu est anglais ou vient d'Angleterre. Et encore, des indices qui prouvent que la victime a un lien avec une occupation mécanique. Enfin, pour finir, un bouton et un papier sans doute chiffré qui finiront bien par nous offrir des enseignements utiles.
    À ce moment le père Marie entra, portant avec précaution un pot fumant de vin chaud à la cannelle et deux bols de faïence.
    — Voilà-t-y pas de quoi les réchauffer ! J'ai renforcé le tout d'une lampée de mon cordial. Les murs suintent la mort aujourd'hui. Triste journée pour une mise en terre.
    Bourdeau sursauta et considéra l'huissier les sourcils froncés.
    — Peste soit du propos ! Pourquoi nous assombrir ?
    — Nicolas ne m'a pas laissé le temps de le lui dire. Il est passé devant ma loge comme un furet courant le conin.
    — Et donc ?
    Nicolas pressentit qu'une mauvaise voie se profilait.
    — Et quoi ? Je voulais simplement dire… Voilà, cela m'apprendra à vous vouloir du bien, à tous les deux. Portez-leur de quoi reprendre vie et ils vous chantent pouilles !
    — Allons, dit Nicolas impatient, au fait.
    — Ne me bouscule pas ! Rien d'autre que d'avoir suivi tes instructions.
    — Quelles instructions ? Peux-tu me le dire ?
    — Te le dire et te le montrer.
    Il fouilla dans sa poche et en sortit un pli chiffonné qu'il tendit au commissaire. Celui-ci le lut à deux reprises, se leva et arpenta la pièce tel un forcené.
    — Comment est-ce possible ?
    Bourdeau, qui soufflait sur son vin chaud, leva la tête, intrigué par l'attitude et le ton de son ami.
    — Mauvaise nouvelle, Nicolas ?
    — Un détail, ma foi, déplorable ! Oui, vraiment ! On a imité ma signature… Et plus bellement, on ne peut !
    Il agita le pli.
    — … Ce billet forgé autorise la levée du corps de l'inconnu aux fins d'être conduit sur-le-champ au cimetière de Clamart pour inhumation. Ni plus ni moins ! Et sur mon ordre prétendu ! C'est le comble !
    Le père Marie atterré écoutait leur échange.
    — Nicolas, j'ai cru… Surtout que tu m'avais annoncé tes instructions pour la mise en terre.
    — Tu n'y es pour rien, dit Nicolas, en lui pressant l'épaule avec amitié. Tu as fait ton devoir. Sois tranquille, nous trouverons et punirons le faussaire !
    L'huissier sortit, la tête basse.
    — Le pauvre, dit Bourdeau. Tu es son dieu et rien ne le pouvait davantage affliger qu'à cause de lui, même innocemment, on ait pu te faire pièce 72 .
    Nicolas consulta sa montre, courut à la porte et rappela le père Marie.
    — À quelle heure a-t-on emmené le cadavre ?
    — Un peu avant onze heures. Un homme jeune, d'allure militaire, m'a donné la lettre… Enfin ta lettre supposée.
    — L'allure militaire ! Encore ! dit Bourdeau.
    — Il n'y a pas une minute à perdre. Père Marie, tu fais approcher discrètement une voiture, sur le côté, tu sais où. Et ouvre la porte du bureau du lieutenant général.
    — Pourquoi tant de précautions ? s'inquiéta l'inspecteur.
    — J'ai été finement suivi ce matin et il a fallu un heureux concours de circonstances pour me déprendre de cette engeance. Je veux éviter que le cas se renouvelle.
    Ils empruntèrent donc le passage dissimulé dans le bureau pour gagner par l'escalier en colimaçon la porte dérobée donnant sur le côté de la forteresse. Un coup d'œil permit de constater qu'aucun indiscret ne traînait par là. Le Pont-au-Change fut évité et le

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