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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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l’adhésion nationale, que le Dr Manning et autres vautours viennent s’en prendre à sa réputation ! Sur la cime d’une adoration redoublée, il serait en mesure de protéger Dante des attaques, de le protéger même d’une seule main. Et d’assurer aussi le triomphe de Longfellow.
    Mais que la traduction, publiée trop tôt, déclenche une bataille et que se rouvrent des cicatrices susceptibles de porter atteinte à son nom, et son histoire américaine passerait inaperçue. Ou pis.
    Holmes voyait avec la clarté d’un verdict de cour d’appel ce qu’il convenait de faire : freiner ses amis. Oh, pas éternellement, le temps pour lui d’achever son roman, de le publier avant la traduction. Car l’affaire ne concernait pas Dante uniquement, elle le concernait lui aussi, Oliver Wendell Holmes, et son destin littéraire. Des siècles durant, Dante avait attendu l’heure d’être révélé au nouveau monde. Quel ennui y avait-il à ce qu’il patientât quelques mois de plus ?
     
    À Court Square, dans le vestibule de l’hôtel de police, Nicholas Rey releva la tête de son calepin et papillota des yeux, ébloui par la brillance de la lampe à gaz. Un gros ours d’homme en uniforme indigo attendait devant son bureau, serrant un sachet de papier contre son cœur comme un bébé.
    « Vous êtes bien l’agent Rey ?… Je m’en veux de vous interrompre. Sergent Stoneweather, fit-il en lui tendant une patte impressionnante. Quoi qu’en disent certains, je trouve qu’y faut bien du cran pour se poser comme le premier policier nègre. Qu’est-ce que vous écrivez là, Rey ?
    — Puis-je vous aider, sergent ?
    — Je puis-je, je puis-je… C’est bien vous qu’a fait la tournée des commissariats en posant des questions sur ce diabolique mendiant qu’a sauté par la fenêtre, hein ? C’est moi que je l’ai amené à l’identification. »
    Rey jeta un coup d’œil sur la porte du bureau de Kurtz pour s’assurer qu’elle était bien fermée. Le sergent Stoneweather sortit de son paquet un gâteau aux myrtilles et en croqua un bout à belles dents.
    « Vous rappelez-vous où vous l’avez interpellé ? demanda Rey.
    — Ouais, dehors, pendant que je recherchais les ceusses qu’avaient pas d’alibi, juste comme on nous avait instruits de faire. Les débits de tord-boyaux, les tavernes, le bureau des fiacres de Boston Sud, c’est là que j’étais à c’te heure, rapport à c’que j’connais par là-bas des filous qui font les poches. Ce mendiant à vous, l’était effondré sur un banc à moitié endormi. Et tout tremblant aussi, comme si qu’il aurait le tremolo demens, le délire très mince ou je sais pas quoi du genre.
    — Vous connaissez son identité ? demanda Rey.
    — Y a toujours un paquet de gens qui se baguenaudent du côté des diligences, répondit Stoneweather la bouche pleine. J’ai pas l’impression que je l’avais déjà vu. À dire vrai, je comptais pas le coffrer. L’avait l’air plutôt inoffensif. »
    Rey ne cacha pas son étonnement.
    « Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
    — Ben, lui, ce damné mendiant ! s’écria Stoneweather, et un postillon de gâteau s’égara dans sa barbe. Y m’voit en train de ramasser des malfrats et y m’court derrière, les poignets tendus, comme pour que j’y passe les menottes et que je l’embarque illico pour meurtre ! Alors je m’dis, c’est le Ciel qui m’l’envoie pour que je l’ramène au poste. Ce crétin d’satané imbécile. Tout s’produit pour une raison de Dieu. J’crois ça, moi. Pas vous ? »
    Rey avait essayé tant bien que mal de se représenter le mendiant qui s’était jeté par la fenêtre autrement qu’en train de voler.
    « A-t-il dit ou fait quelque chose pendant le trajet jusqu’ici ? Parlé à quelqu’un ? Lu un journal peut-être, ou un livre ? »
    Stoneweather haussa les épaules.
    « Pas que j’aie remarqué. »
    Comme le sergent fouillait les poches de sa capote en quête d’un mouchoir pour s’essuyer les mains, Rey aperçut la crosse d’un revolver passé dans sa ceinture. Il nota la chose avec un intérêt distrait. Le jour même où il avait été intégré au corps de la police sur ordre du gouverneur Andrew, le conseil municipal avait voté une résolution imposant des restrictions à son encontre : interdiction de porter l’uniforme ou de porter une arme autre qu’une matraque. Et il ne pouvait arrêter de Blancs hors de la présence

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