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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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d’un collègue.
    Le premier mois, le conseil municipal l’avait affecté au commissariat du secteur Deux. Le chef ne croyait pas qu’il pût faire quoi que ce fût d’efficace, si ce n’étaient des patrouilles dans le quartier nègre. Mais là-bas, pas mal de Noirs s’étaient offensés d’avoir affaire à un mulâtre, ou bien ils se méfiaient de lui. Et le collègue attaché à ce secteur avait craint une émeute. Rester au commissariat central n’était pas une solution plus enviable. Ils n’étaient que deux ou trois policiers à lui adresser la parole, les autres avaient présenté une pétition au commandant Kurtz pour lui demander de mettre fin à l’expérience des policiers de couleur.
    « Ça vous intéresse vraiment d’savoir c’qui l’a poussé à ça ? demanda Stoneweather. Parfois, un type peut plus supporter comment vont les choses, c’est tout. J’ai vu ça plusieurs fois.
    — Il est mort dans ce commissariat, sergent, mais dans sa tête, il était ailleurs – loin de nous, loin de toute sécurité. »
    C’était trop compliqué pour l’esprit de Stoneweather.
    « Je r’grette que j’en sais pas plus sur c’pauv’type, vraiment. »
     
    Cet après-midi-là, le chef de la police Kurtz et son adjoint Savage se rendirent à Beacon Hill. Assis sur le siège du cocher, Rey était encore plus silencieux qu’à l’ordinaire. En mettant pied à terre, Kurtz lui déclara :
    « Vous pensez toujours à ce satané vagabond, l’agent ?
    — Je peux découvrir qui c’était, chef. »
    Kurtz fronça les sourcils, mais c’est avec un regard plus aimable et sur un ton radouci qu’il demanda :
    « Vous savez des choses sur lui ?
    — Le sergent Stoneweather l’a ramassé près d’une station de diligences. Il est possible qu’il soit de ce quartier-là.
    — Une station de diligences ! Il pouvait aussi bien venir de n’importe où. »
    Rey l’admit et se tut. Le sous-chef Savage, qui avait écouté, précisa sans trop s’avancer :
    « Nous avons aussi sa description, chef.
    — Écoutez-moi bien, vous deux : cette vieille poule de veuve Healey me fera pendre par les oreilles si elle n’est pas contente de nous. Et elle ne le sera pas, tant que nous ne lui aurons pas indiqué le jour exact où le bourreau officiera. Je ne veux pas vous voir fouiner dans les coins, Rey, vous entendez ? Nous avons assez d’ennuis sans appeler le ciel à nous tomber sur la tête sous prétexte qu’un prévenu est mort à nos pieds. »
     
    Les fenêtres de Wide Oaks étaient tendues d’un lourd tissu noir qui ne laissait pénétrer qu’un rai de lumière sur chaque côté. À peine le chef de la police eut-il fait un pas dans la chambre qu’Ednah Healey se souleva d’une montagne de coussins, la tête bien droite de façon à préserver l’équilibre de la compresse chaude posée au ras de ses blancs sourcils. Depuis l’enterrement et les diverses commémorations, elle ne quittait plus la chambre, refusant les visites, sauf celles de parents proches. Elle portait au cou la touffe de cheveux du juge, enfermée dans une broche de cristal spécialement montée en médaillon.
    Ses deux fils, des gaillards à la carrure aussi large que celle de leur père mais à la silhouette incomparablement moins volumineuse, étaient avachis dans des fauteuils de part et d’autre de la porte, tels deux bulldogs de granit.
    « Vous avez retrouvé le meurtrier, commandant, affirma plutôt que ne demanda la veuve.
    — L’enquête n’en est encore qu’à ses débuts, chère madame, répondit Kurtz en déposant son chapeau sur une table au pied du lit, mais nous avons des hommes sur toutes les pistes… »
    Et d’expliquer que trois personnes étaient soupçonnées, deux citoyens qui devaient de l’argent à son époux, et un prisonnier qui avait vu sa sentence confirmée par le juge.
    « Votre lenteur me stupéfie, commandant, l’interrompit Roland, le fils cadet.
    — Si au moins nous proposions une récompense, renchérit le frère aîné. Avec une somme conséquente, nous serions sûrs de ferrer un coupable. L’avidité est bien la seule chose au monde capable de remuer les gens. »
    Le sous-chef écouta Richard avec une patience de professionnel avant de s’autoriser à intervenir.
    « Mon bon monsieur Healey, si nous révélons les circonstances véritables du décès de votre père, vous serez inondés de faux témoignages provenant de tous les gens attirés par

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