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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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l’aubaine. Vous devez absolument tenir cette histoire à l’abri des curiosités malsaines et nous laisser poursuivre l’enquête… Croyez-moi, mes amis, la publicité qui en résulterait serait loin de vous plaire. »
    La veuve reprit la parole :
    « Cet homme qui est mort pendant l’identification, vous avez découvert qui c’était ?
    — Smith ou Jones, laissa tomber Kurtz avec un sourire narquois. Tant de nos bons citoyens appartiennent à la même famille dès qu’ils sont ramassés et conduits chez nous… déplora-t-il en agitant les mains en l’air.
    — Et lui, quelle était la sienne ? insista M me  Healey.
    — Il ne nous a pas donné de nom, madame. » D’un air penaud, Kurtz remisa son sourire sous le surplomb de sa moustache touffue. « Toutefois, rien ne nous permet de croire qu’il aurait détenu des informations. Il était tout simplement fêlé de la tête et, aussi, pas mal éméché.
    « Apparemment, il était sourd-muet, compléta Savage.
    — Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à fuir ainsi, commandant ? » demanda Richard Healey.
    C’était une excellente question. Mais le chef de la police ne voulut pas le montrer.
    « Vous n’imaginez pas le nombre de gens ramassés dans les rues qui se croient pourchassés par des démons et nous les décrivent en détail, y compris les cornes. »
    M me  Healey se tendit en avant, les paupières plissées.
    « Où est votre valet, commandant ? »
    D’un signe, Kurtz appela Rey, demeuré dans le couloir.
    « Permettez-moi de vous présenter l’agent de police Nicholas Rey, madame. Vous nous avez demandé de l’amener aujourd’hui en rapport avec l’inconnu décédé pendant l’identification.
    — Un policier nègre ? fit-elle remarquer avec un malaise évident.
    — En vérité mulâtre, madame, annonça Savage fièrement. Le premier de tout le Commonwealth. Le premier en Nouvelle-Angleterre, en tout cas. »
    Et de tendre le bras pour échanger une poignée de main avec son subalterne.
    M me  Healey parvint à se dévisser suffisamment le cou pour dévisager le nouveau venu à sa guise. Apparemment, ce qu’elle vit la satisfit.
    « Ainsi, vous êtes le policier chargé du vagabond qui est mort là-bas ? »
    Rey hocha la tête.
    « Dans ce cas, dites-moi ce qui, à votre avis, a pu le pousser à commettre un tel acte ? »
    Le commandant Kurtz émit une petite toux inquiète. Rey opta pour la franchise.
    « Je ne saurais le dire en toute certitude, madame. Je ne peux pas dire s’il a véritablement cru, ou seulement imaginé, qu’un danger physique le menaçait.
    — Il vous a parlé ? demanda Roland.
    — Oui, madame. Il a essayé tout du moins. Mais je n’ai malheureusement rien pu comprendre à son chuchotement.
    — Bravo, commandant ! Vous n’êtes même pas capable de découvrir l’identité d’un vagabond qui trépasse chez vous. Vous pensez sans aucun doute que mon mari a mérité sa fin.
    — Moi ? s’écria Kurtz, et il se tourna vers son adjoint d’un air impuissant. Madame !
    — J’ai beau être une femme malade, je ne souffrirai pas qu’on me trompe, Dieu m’en est témoin ! Vous pensez que nous sommes des imbéciles et des bandits. Vous ne souhaitez qu’une chose : que nous allions au diable !
    — Madame ! intervint à son tour Savage faisant écho à son chef.
    — Je ne vous offrirai pas le plaisir de me voir morte, commandant ! Ah, mais vous allez nous conduire au tombeau, vous et votre ingrate police nègre ! Il a fait tout ce qui était en son pouvoir, nous n’avons pas à rougir de ses actes ! »
    D’un geste violent qui envoya la compresse s’écraser sur le plancher, la veuve commença à se gratter le cou de ses ongles. Une véritable manie, à en juger par sa peau sillonnée de marques rouges et de croûtes. Tordant la tête en tous sens, elle labourait ses chairs dans l’espoir de chasser les insectes invisibles qui peuplaient les crevasses de son esprit.
    À cette vue, ses fils bondirent de leurs sièges, mais seulement pour battre en retraite à la suite de Kurtz et de Savage qui s’enfuyaient à reculons comme si la veuve était sur le point de s’embraser.
    Rey laissa passer un moment et s’approcha du lit d’un pas tranquille.
    « Madame Healey. »
    Voyant que les cordons de la chemise de nuit s’étaient dénoués, il baissa la flamme de la lampe jusqu’à ce que l’on ne distinguât plus que la silhouette de la femme

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