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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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peut-être un peu à l’arrestation du tueur qui sévit dans notre ville. » Le tueur. Cet emploi du singulier avait frappé le policier. Visiblement, le Dr Holmes supposait ces meurtres commis par une seule et même personne. Pourtant, rien ne permettait de les rattacher l’un à l’autre, sinon leur bestialité. Il y avait bien le fait que les deux victimes avaient été dévêtues et leurs habits soigneusement pliés mais, à ce moment-là, le journal n’avait pas encore fait état de cette information en ce qui concernait Healey. Ce petit docteur vaniteux aurait-il fait un lapsus, tout simplement ? Peut-être…
    Les journaux avaient agrémenté le récit de ces meurtres fracassants d’une copieuse dose d’histoires abominables : étranglements, vols à main armée, explosion de coffre-fort. Une prostituée avait été retrouvée à demi étouffée à quelques pas d’un commissariat de police. Dans un pensionnat de Fort Hill, un enfant avait été battu au point de n’être plus qu’une pulpe vivante. Et puis il y avait eu cet étrange incident du vagabond qui s’était jeté par la fenêtre de l’hôtel de police sous les yeux de Kurtz sans que personne n’intervînt. Et les journaux de clamer : « Les forces de l’ordre n’auraient-elles aucune part de responsabilité dans la sécurité de leurs concitoyens ? »
    Dans l’obscurité de la cage d’escalier de son immeuble, Rey s’arrêta à mi-étage pour s’assurer qu’il n’était pas suivi. La main sur sa matraque cachée sous son manteau, il reprit son ascension.
    « Juste un pauvre mendiant, mon bon monsieur », énonça une voix en haut de l’escalier.
    Sitôt passé le coin, Nicholas Rey reconnu l’homme à ses bottes à talons d’acier d’où sortaient des jambes de pantalon tachées de graisse : Langdon Peaslee, spécialiste des coffres-forts.
    Pour l’heure, l’individu était occupé à polir négligemment sa broche en diamant avec sa large manchette de chemise.
    « Hé, Lis des neiges, touchez là ! » Son sourire découvrit une rangée de dents aussi pointues que des stalagmites. « C’est qu’j’ai point vu vot’jolie bobine depuis le rassemblement de l’aut’jour, fit-il en saisissant d’office la main de Rey. Dites donc, ça serait-y pas vot’chambre, là derrière ? »
    D’un air innocent, il désigna la porte dans son dos.
    « Monsieur Peaslee ! L’homme qui a dévalisé la banque Lexington, il y a deux nuits de ça », répondit Nicholas Rey.
    Il n’était pas non plus en reste d’informations et tenait à ce que l’autre le sût, même s’il n’avait laissé aucun indice susceptible de survivre à la plaidoirie de ses avocats au tribunal. En effet, Langdon Peaslee avait pris soin de n’emporter que des objets de valeur sélectionnés sur la base d’un unique critère : l’impossibilité de les retrouver.
    « Voyons, répliqua Peaslee, qui donc est assez fort de nos jours pour piller une banque à lui seul ?
    — Vous, sans aucun doute. Vous êtes venu vous livrer ? » demanda Rey sans se départir de son flegme.
    Peaslee eut un sourire méprisant.
    « Vous n’y pensez pas, mon cher garçon. Mais quand même, les restrictions qu’y vous imposent… Quoi déjà ? Interdiction de porter l’uniforme et d’arrêter les Blancs… Moi, j’trouve ça injuste. Ouais, injuste. Enfin, y a des compensations. Z’êtes devenu très copain avec le commandant Kurtz. Ça aide, pour traîner les gens devant la justice. Comme les meurtriers du juge Healey et du révérend Talbot, paix à leurs âmes ! Paraît que les diacres de la paroisse à Talbot, y z’organisent déjà une collecte en vue d’une récompense. »
    Rey marcha vers sa chambre avec une feinte indifférence.
    « Je suis fatigué. À moins que vous n’ayez un suspect précis à livrer à la justice, vous m’excuserez. »
    D’un geste vif, Peaslee l’attrapa par son écharpe et l’immobilisa.
    « Les policiers, y z’ont pas le droit de toucher les primes. Un simple citoyen comme moi, oui. Alors, si y a un bout du gâteau qui trouve son chemin jusque dans la poche d’un flic méritant… »
    Comme le mulâtre ne réagissait pas, Peaslee mit fin à la séance de charme. Tirant fort sur l’écharpe de Rey, il en fit presque un nœud coulant.
    « C’est comme ça que, chez vous, ce crétin de mendiant, l’a rencontré, la Faux, hein ? Écoutez-moi bien, mon p’tit négro dégoûté. Y a un crétin en ville

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