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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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Plus tard, à la mort de l’écrivain, son affliction sincère n’avait pas laissé de surprendre le Dr Holmes.
    Pour leur voyage dans cette partie de Cambridge plus ville que village, les deux hommes s’étaient munis de bouquets. Ils firent le tour de l’église d’Elisha Talbot. Bien que l’obscurité du soir offrît un anonymat bienvenu, les gens qu’ils croisaient leur tendaient mouchoir ou chapeau pour qu’ils y laissent leurs autographes – souvent au Dr Holmes, toujours à Longfellow. Celui-ci avait décidé qu’il valait mieux pour eux se présenter comme des gens affligés visitant le cimetière, plutôt qu’en affichant une apparence trop soignée qui les eût fait passer pour des pilleurs de tombes en quête d’un corps à dérober. Se faufilant entre les arbres, les yeux rivés à terre, ils examinaient le sol, cherchant parmi les stèles où avait pu se produire la terrible extermination du pasteur.
    Holmes était reconnaissant à Longfellow d’avoir pris les choses en main depuis qu’ils étaient convenus de… Mais de quoi étaient-ils convenus quand les paroles ardentes d’Ulysse avaient fait chanter leurs langues ? De mener l’enquête, avait dit Lowell en bombant le torse, à son habitude. Holmes, pour sa part, préférait la formule « faire des recherches », et c’était l’expression qu’il utilisait systématiquement quand il parlait avec Lowell.
    Bien sûr, il existait en dehors de leur cercle quelques dantéens à ne pas oublier, tels Charles Eliot Norton, voisin et ancien élève de Longfellow, ou William Dean Howells, le jeune assistant de Fields qui représentait la maison d’édition à Venise. Mais ceux-là se trouvaient en Europe, temporairement ou définitivement. Et puis il y avait le professeur Ticknor, âgé de soixante et onze ans, qui vivait en reclus, terré dans sa bibliothèque depuis près de trente ans ; et aussi Pietro Bachi, engagé par Longfellow pour être répétiteur d’italien à Harvard et renvoyé par la Corporation à l’époque de Lowell. De même, il fallait prendre en compte tous les étudiants ayant suivi les cours sur Dante de Longfellow et Lowell, mais aussi du professeur Ticknor. Une liste serait établie et des rencontres organisées. Holmes priait pour qu’on découvrît une explication au plus vite, sinon ses amis et lui allaient se ridiculiser devant des gens qui les appréciaient et dont ils tenaient l’opinion en estime.
    Ce n’était pas en cette heure du jour qu’ils découvriraient si le crime avait été perpétré dans le cimetière de la Seconde Église unitarienne de Cambridge, comme ils l’avaient supposé. Si le trou avait bien été creusé là, les diacres de la paroisse s’étaient certainement empressés de le recouvrir d’herbe fraîche, un prédicateur les jambes en l’air exposé à la vue de tous n’étant pas la meilleure des réclames pour leur congrégation.
    « Inspectons l’intérieur du temple », suggéra Longfellow, que leur absence totale de résultats ne semblait pas troubler.
    Holmes lui emboîta le pas. Tout au fond de la sacristie, là où se trouvaient le bureau et le vestiaire des officiants, ils découvrirent une immense porte en ardoise qui ne donnait visiblement pas sur une autre pièce puisque le bâtiment ne possédait pas d’annexe. Retirant ses gants, Longfellow passa la main sur la pierre. Derrière, régnait un froid mordant.
    « La crypte, Longfellow ! » chuchota Holmes. Il sentit un air glacé s’infiltrer en lui en même temps qu’il parlait. « La crypte en dessous. »
    Pendant longtemps, les morts des paroisses alentour avaient été inhumés dans les cryptes des édifices religieux. On trouvait là les somptueux caveaux des familles aisées, mais aussi des fosses communes où, pour un prix modique, tout membre de la congrégation pouvait être enterré. Des années durant, l’emploi de ces cryptes à des fins d’ensevelissement avait été considéré comme une judicieuse façon d’utiliser l’espace dans les villes surpeuplées où les cimetières ne cessaient de s’étendre. Mais quand, par centaines, les Bostoniens avaient succombé à la fièvre jaune, le Conseil de la santé publique avait déclaré que la présence de corps en décomposition contribuait à propager l’épidémie, et, depuis trois ans, il était formellement interdit d’enterrer qui que ce fût dans les cryptes. Les familles qui en avaient les moyens avaient donc fait transférer

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