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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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jamais. L’argent paraîtrait comme rosée dans l’herbe,
et l’or comme fruit dans les arbres, et les étoiles des amants brilleraient à
jamais.
    C’était si simple.
    Alors que nous ramions vers l’est.
    Avant de quitter
Lundene, nous avions emporté le mât de l’ Aigle-des-Mers qui gisait entre
les bancs. Je n’avais pas dressé les figures de proue et de poupe, car je
voulais passer inaperçu, n’être qu’une forme sombre dans l’obscurité. Nous
arrivions furtivement avant l’aube. Nous étions des ombres qui marchent sur la
mer.
    J’effleurai Souffle-de-Serpent et n’y sentis
nul frémissement, ni chant ni soif de sang : cela me réconforta. Nous
allions ouvrir le passage et regarder Æthelflæd voguer vers la liberté pendant
que Souffle-de-Serpent sommeillerait en silence dans son fourreau.
    Enfin, j’aperçus dans le ciel la lueur
rougeâtre du camp sur la colline. Elle s’accrut à mesure que nous avancions et
derrière, sur les collines de l’est, d’autres lueurs éclairaient les nuages. C’étaient
les nouveaux camps qui s’étendaient de Beamfleot à Sceobyrig.
    — Même sans rançon, remarqua Ralla, ils
pourraient être tentés d’attaquer.
    — Certes, concédai-je, tout en doutant
que Sigefrid eût assez d’hommes pour réussir.
    Le Wessex, avec ses burhs tout neufs, était
difficile à attaquer et Sigefrid ne se mettrait pas en guerre s’il n’avait pas
ses mille hommes. Et pour cela, il lui fallait la rançon.
    — Tu sais ce que tu dois faire ? demandai-je
à Ralla.
    — J’irai par mer à Caninga et te
reprendrai à l’extrémité est.
    — Et si le chenal n’est pas ouvert ?
    — Je te reprendrai et tu décideras.
    Si je ne parvenais pas à déplacer le navire, Æthelflæd
serait prise au piège dans la crique et je devrais décider si je lançais l’ Aigle-des-Mers contre un navire plus haut et mieux équipé. Je n’en avais guère envie et je
doutais de vaincre ; aussi devais-je ouvrir le passage à tout prix avant qu’un
tel combat devienne nécessaire.
    — Ralentissez ! cria Ralla aux
rameurs. (Il avait viré au nord, à présent nous ramions lentement et prudemment
vers le sombre rivage de Caninga.) Tu vas te tremper, me dit-il.
    — Combien de temps jusqu’à l’aube ?
    — Cinq ou six heures.
    — C’est assez, répondis-je alors que
notre navire touchait la vase en frémissant.
    — Contre-nage ! Hâte-toi. La marée
baisse vite ici, et je ne veux point être coincé.
    J’emmenai Clapa et Rypere à la proue. Je m’étais
demandé si je devais ou non porter maille, espérant qu’il n’y aurait nul combat,
mais à la fin la prudence l’avait emporté et j’avais revêtu ma cotte et deux
épées, mais point de casque. Avec sa brillante crête, il refléterait la moindre
lueur ; je choisis de me coiffer d’une calotte de cuir noir. Je portais
aussi la cape noire que Gisela m’avait tissée et ornée d’un éclair. Rypere et
Clapa portaient aussi des capes sombres qui dissimulaient leur maille et leurs
épées, ainsi que la hache que portait Clapa dans son dos.
    — Tu devrais me laisser venir, me
conseilla Finan.
    — Tu commanderas ici. Et si nous avons
des ennuis, tu devras peut-être nous abandonner. Ce sera à toi d’en décider.
    — Contre-nage ! cria Ralla aux
rameurs qui firent reculer encore un peu le navire pour ne pas être pris au
piège du jusant.
    — Nous ne vous abandonnerons point, dit
Finan en me tendant la main.
    Il m’aida à descendre par-dessus bord dans l’eau
boueuse.
    — Nous nous reverrons à l’aube, lui
dis-je.
    Je pataugeai avec mes deux compagnons entre
les bancs de vase. J’entendis les grincements des rames et les éclaboussures, et
quand je me retournai l’ Aigle-des-Mers avait déjà disparu dans l’obscurité.
    Nous avions débarqué à la pointe ouest de
Caninga, l’île qui fermait la crique de Beamfleot, assez loin, espérais-je, de
l’endroit où étaient amarrés ou échoués les navires de Sigefrid pour que les
sentinelles n’aient pu apercevoir dans l’obscurité notre navire démâté. À
présent, nous avions un long chemin à faire. Nous traversâmes cette vaste
étendue boueuse, tantôt marchant, tantôt nous débattant dans la vase gluante. À
notre passage, les oiseaux qui nichaient là s’enfuyaient dans un concert de
piaillements et de battements d’ailes. Ce bruit allait sûrement alerter l’ennemi,
mais je n’avais d’autre choix qu’avancer. Enfin,

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