Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
avant de la porter en bouche.
    Chaque chose en son temps, songea Philibert de Montoison. Finalement, sa journée ne serait peut-être pas aussi gâchée qu'il l'avait imaginé.

6
    Algonde s'éveilla le ventre lourd et l'esprit embrumé. Elle voulut s'étirer, mais rencontra la douceur soyeuse d'une peau à quelques pouces de la sienne. Son cœur s'accéléra dans sa poitrine tandis qu'elle tournait la tête vers ce qu'elle avait cru, jusque-là, n'avoir été qu'un songe. Baignée d'un rai de lumière blanche qui filtrait à la fente des volets, Philippine dormait, ses cheveux emmêlés barrant son front volontaire, la couverture remontée en lisière de la bouche entrouverte. Un frisson de sensualité éprouva les reins d'Algonde. Elle ferma les yeux, tenta de retrouver les moments qui avaient précédé leur étreinte, mais n'accrocha en sa mémoire ébranlée que le souffle de Marthe dans le pigeonnier. N'avait-elle pas barré sa porte en revenant de son expédition nocturne ? Philippine l'attendait-elle à son retour ? Elle ne parvenait à établir la part du rêve et de la réalité. La seule chose dont elle se souvenait c'était ce plaisir qu'elles avaient échangé, ivres, l'une de découverte, l'autre d'apaisement en ses chairs tuméfiées. Algonde se tourna de côté pour se lever sans bruit. Elle posait le pied à terre lorsqu'une main molle la retint par le bras, suivie d'un grognement léger.
    — Reste…
    Elle choisit de passer outre et repoussa délicatement les doigts. Ils s'immobilisèrent sur le drap de dessous. Engourdie par un reste de sommeil, Philippine n'insista pas. Dans la cheminée, le feu était tombé et une odeur âcre de fumée froide avait envahi la pièce. La température avait chuté mais Algonde ne s'en émut pas. Nue, elle gagna son cabinet de toilette, écarta le battant devant la petite lucarne, au-dessus de l'encorbellement, avant de se rappeler que sa réserve d'eau lui avait servi à nettoyer, cette nuit. Elle s'en désola tant qu'elle décida de gagner les appartements de Philippine. La clef, tournée par deux fois, était encore sur le côté intérieur de sa porte, preuve que la jeune femme s'en était venue la rejoindre par le corridor. Cette certitude la dérangea. Tout autant que le fait d'avoir succombé. Que resterait-il en elle du plaisir que lui avait donné Mathieu si Philippine l'effaçait de son empreinte ? Elle ne voulait pas en être dépossédée. Trahir cette part de lui en elle. Elle soupira. Il était trop tard pour les regrets.
    Traversant les lieux, qu'elle illumina de la lumière crue du jour au passage, elle se glissa dans la salle des ablutions où trônait un grand baquet de bois voisinant plusieurs seaux. Sans scrupule, elle plongea ses mains dans l'eau qu'ils contenaient pour se bassiner le corps. La morsure du froid la vivifia. Tant pis si Philippine la reprenait. Ce matin, la damoiselle de Sassenage attendrait. Lorsqu'elle se sentit mieux, Algonde se sécha vigoureusement puis enfila une des chemises de Philippine. Ensuite seulement, elle s'activa à sa besogne. L'âtre, rechargé de petit bois sec, flamboya au bout de quelques minutes au-dessous du chaudron qu'elle y suspendit. Algonde le remplit de l'eau qui restait, y ajouta des feuilles de mélisse, puis, laissant chauffer le tout, revint dans sa chambre pour s'habiller.
    Elle découvrit Philippine réveillée, adossée au bois de la tête de lit, les bras croisés sur ses seins dressés, les sourcils froncés, une moue boudeuse aux lèvres.
    — Voici déjà que tu m'abandonnes ? Et pour quoi faire de plus urgent que de t'occuper de moi ? On gèle ici ! tempêta-t-elle.
    Algonde ne répondit pas, se dirigea vers la cheminée, s'accroupit et, comme précédemment, enfourna les bûchettes sur les brandons noircis avant de souffler sur les cendres tièdes pour tenter de les ranimer. Tandis que les braises rougissaient de ses efforts répétés, Philippine éternua.
    Voilà. Par ta faute je suis prise.
    — Par la tienne je l'ai été aussi si je ne m'abuse. Couvre-toi donc, lui jeta la jouvencelle par-dessus son épaule.
    Philippine devint rouge de colère.
    — De quel ton me parles-tu ce matin ? As-tu oublié ce que tu me dois ?
    Algonde soupira, piqua les tisons qui crépitèrent dans une brassée d'étincelles puis se releva. Soutenant le regard de Philippine qui fulminait, rétréci dans ses orbites, elle se planta au pied du lit.
    — Cela fait six mois que tu t'emploies à ce
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher