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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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dire. J'ai eu des soupçons quand mes menstrues se sont arrêtées. Les grossesses ne vont pas toujours à terme. J'attendais de voir.
    Philippine blêmit, rattrapée par la réalité et tout à la fois l'embarras de la situation. Sa main, caressante, se mit à trembler.
    — Il va falloir te trouver un mari… Vite.
    — Et qui me donneras-tu ? Un palefrenier ou un petit baron ? se moqua Algonde qui comptait bien tirer profit de cette situation inextricable dans laquelle la jeune damoiselle l'avait entraînée.
    Philippine se leva et s'approcha de la cheminée. Visiblement, cette nouvelle avait eu raison de ses ardeurs. Sa peau recommençait à se hérisser de froid. Elle s'empara du tisonnier et se mit à harceler les braises pour tromper sa nervosité.
    — Cet enfant n'aura d'autre père que celui qui l'a fait, Hélène, affirma Algonde d'un ton délibérément négligé en regagnant le bord du lit.
    — Il ne veut plus de toi, l'as-tu oublié ?
    — Le temps fera son œuvre. Il me reviendra.
    — NON ! s'emporta Philippine en se retournant vivement, le visage brusquement déformé par l'angoisse que cette perspective lui amenait.
    Dans son poing serré sur le manche de bois, le tisonnier à la pointe rougie ressemblait à une arme brandie. Algonde fronça les sourcils. Jusqu'où Philippine était-elle capable d'aller pour la garder ? Il fallait qu'elle sache.
    — Me marquer n'y changera rien. C'est à lui que j'appartiens, je ne te l'ai jamais caché, la brava-t-elle crânement.
    Les mâchoires se crispèrent. En une fraction de seconde s'incrusta sur les traits splendides de Philippine un peu de la laideur de Mélusine. L'atavisme du Malin qui coulait dans le sang de la jeune damoiselle de Sassenage était là, sous le regard imperturbable d'Algonde. L'œil rendu fou par ses démons, Philippine hurla de rage et fondit sur elle. Algonde ne bougea pas. Elle se laissa culbuter sur les draps. Le fer brûlant, droit au-dessus de son ventre, prêt à la transpercer, s'arrêta à moins de un pouce de son nombril, lui communiquant sa chaleur mordante. Algonde contrôla sa peur. Le souvenir de son expérience de la veille l'y aida. Elle ne maîtrisait en aucune manière son pouvoir d'invisibilité. Comment pourrait-elle le justifier si cela survenait, là, en cet instant ? Elle écarta les bras de chaque côté de la couche et ferma les yeux. Elle se devait d'avoir confiance en son destin.
    Devant ce qu'elle prit pour de l'indifférence, la hargne de Philippine se mua en une cruauté implacable.
    — Pourquoi te marquer quand ce dard, en remplaçant le sien, réglerait l'affaire ?
    — J'y succomberais sûrement. Je ne crois pas que ce soit ce que tu cherches.
    — Tu épouseras l'homme que je te choisirai. Il me sera soumis, comme toi, et me laissera jouir de toi autant que je le voudrai. Tu l'épouseras. Ou toi et cet enfant vous mourrez, décida Philippine froidement.
    Les choses à présent étaient claires entre elles. Mathieu n'y avait pas sa place. Il ne l'avait jamais eue. Présine avait raison. Philippine ou Marthe, les deux avaient intérêt à ce qu'il disparaisse. S'il avait suivi Algonde, on se serait chargé d'une manière ou d'une autre de l'éliminer. Bien que cette idée lui soit détestable, et même si d'autres dangers subsistaient, Algonde devait s'en réjouir : leur séparation avait sauvé l'homme qu'elle aimait. Elle n'avait pas pour autant l'intention de s'en laisser priver et encore moins de composer avec sa maîtresse. Elle ouvrit les yeux et planta son regard dans ceux de Philippine.
    — Ni un seigneur ni un palefrenier, je ne me marierai pas, répliqua-t-elle dans une froide certitude.
    Philippine descendit la pointe ardente. La peau crissa légèrement sous l'impact. Algonde serra les mâchoires sur un cri, mais ne cilla pas. L'odeur de la chair grillée piqua leurs narines. Grisée par le pouvoir que lui conférait son autorité, Philippine maintint le contact quelques secondes encore avant de relever le tisonnier. Une part d'elle préférait voir agoniser Algonde plutôt que de la laisser lui échapper un jour, l'autre se souvenait des hommes qui s'étaient entre-tués pour elle. Le sentiment de culpabilité qui l'avait saisie à Saint-Just la reprit. Elle le chassa. Ce n'était pas comparable. Algonde était née pour obéir.
    — J'ai droit de vie et de mort sur toi, cracha-t-elle pour mieux s'en convaincre elle-même.
    Mais la honte de son geste avait déjà
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