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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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cuisses ouvertes et bassinées par de l'eau bouillie, la baronne de Sassenage sentait venir sa délivrance. Allongée sur son lit, elle se cramponnait à la main de Marthe.
    — Un effort encore. Je vois la tête, l'encouragea la ventrière.
    Sidonie redressa le cou, contracta ses traits et son corps tout entier puis poussa, poussa, jusqu'à en avoir le souffle coupé. Épuisée par l'effort qu'elle consentait depuis le milieu de la nuit, elle se laissa retomber en arrière. Un cri retentit dans la chambre.
    — Vous voici un fils, ma dame, la félicita la sage-femme en pendant l'enfant par les pieds pour lui libérer complètement les bronches.
    Sidonie serra par deux fois la main de Marthe. La tête lui tournait de faiblesse. La Harpie se pencha au-dessus de son visage, tandis que la ventrière, d'un geste précis, coupait le cordon.
    — Va. Préviens Jacques, lui souffla-t-elle.
     
    — Place, place, faites place, beuglait le seigneur de Melle, avec une autorité que l'intérêt manifeste consenti ces derniers jours par Philippine forçait à respecter.
    On recula de tous côtés pour libérer le passage. La nouvelle avait circulé et l'on spéculait à voix basse sur la gravité de l'accident, lorsque Louis parut, portant la petite Claudine. Sa tête renversée en arrière, dépassant des bras de son frère, laissait clairement apparaître le sang qui coulait de son nez, ses yeux clos, son visage livide. Algonde soutenait toujours Philippine. Décomposée, la jeune dame de Sassenage suivait son frère, entraînant dans son sillage un silence glacé. Sans un mot, ils gravirent le double escalier, pour ramener la fillette en sa chambre. À la rencontre du baron Jacques qui, prévenu, déjà se précipitait.
     
    Marthe tirait derrière elle la porte de la chambre de Sidonie lorsqu'elle les vit s'avancer dans le corridor. Elle les apostropha depuis le pas de la porte.
    — C'est un garçon. La mère et l'enfant sont saufs.
    Philippine éclata en sanglots convulsifs dans les bras d'Algonde et Marthe se figea.
    — Un problème ? demanda la Harpie tandis que le baron se détachait du groupe pour s'avancer vers la porte.
    Il ne lui répondit pas. Devant son visage ravagé, elle s'écarta pour le laisser entrer et s'attarda sur cet étrange cortège qui la dépassa sans même la regarder.
     
    — Jacques, murmura Sidonie comme il se penchait vers elle pour lui biser le front, les paupières qu'elle gardait fermées, puis les lèvres.
    — Reposez-vous ma mie. Reposez-vous. Vous êtes fiévreuse je le sens. Je ne veux pas vous perdre.
    Incapable d'ouvrir les yeux tant elle était épuisée, elle le gratifia d'un sourire. Il s'écarta d'elle. Un souffle le cueillit tandis qu'il se dirigeait à pas feutrés vers la ventrière, occupée à nettoyer l'enfançon.
    — Laissez entrer petite Claudine. Elle bout d'impatience depuis ce matin et je ne veux pas la priver d'un baiser.
    Jacques ne trouva pas la force de répondre. La sage-femme lui tendait l'enfant emmailloté dans un linge. Il l'embrassa délicatement, partagé entre le bonheur et le chagrin, puis chuchota quelques mots à l'oreille de la ventrière. Elle hocha la tête en retour, blême, et s'en fut coucher l'enfant dans son berceau. Le regard embué de Jacques balaya la chambre, ce lit où Sidonie s'était endormie, pour s'arrêter sur Marthe qui venait d'entrer. Il se reprit aussitôt et lui empoigna le bras :
    — Venez, exigea-t-il en l'entraînant hors de la pièce.
     
    Dans le corridor, il se planta devant elle.
    — Un mot, un seul sur ce qui vient d'arriver, et je vous pulvérise. Sidonie n'est pas en état de l'affronter.
    — Me croyez-vous si cruelle ?
    — Je vous crois capable de tout pour servir d'obscurs intérêts. Tâchez pour une fois qu'ils rejoignent les miens. Personne ne doit franchir cette porte qui n'ait auparavant été informé.
    — Elle réclamera la petite.
    — La ventrière lui interdira toute visite autre que la mienne jusqu'à ce qu'elle soit remise. Rangez-vous à son avis. Il est amplement justifié.
    Il la planta là. Courant avec toute la maladresse de ses jambes torses, la bure relevée sur ses sandales, l'abbé Mancier s'en venait, suivi de deux moines qui portaient ses médecines, et de François, le dernier des Sassenage, qui s'était empressé d'aller les chercher en leur officine reléguée dans une des tours du château.
    — Merci d'avoir fait si vite, l'accueillit Jacques en le guidant vers le fond

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