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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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roulade. En une fraction de seconde le prince se releva et bondit en avant pour reprendre l'avantage. Cette fois, Houchang s'était préparé. Il para l'attaque de plein fouet et, de sa poigne hors du commun, releva l'avant-bras pour désarmer Djem qu'il dépassait d'une tête. Les sabres crochetés entre eux suivirent. Djem connaissait cette parade. Nombre de fois, il avait vu Houchang l'appliquer avant de tuer. Son adversaire avait beau cogner des pieds et des mains, voire du poignard pour se défendre, le colosse ne bougeait pas d'un pouce.
    Djem se contenta de resserrer son poing autour de son sabre pour résister. Jusqu'à la déchirure. L'heure était venue de mourir en brave.
    Houchang avait compris qu'il ne s'avouerait pas vaincu. Luttant contre lui-même, il se força à rabattre le bras de Djem en arrière. L'épaule se déboîta dans un craquement sinistre. Les doigts s'ouvrirent sous la douleur, fulgurante, mais aucun cri ne franchit les lèvres du prince. Le sabre tomba à terre et Houchang, s'écartant de lui, baissa le sien.
    Djem le fustigea d'un regard de guerrier.
    — Ne me fais pas l'injure de m'épargner.
    Houchang remit sa lame à sa ceinture.
    — Si c'est la mort que tu cherches, Djem, ce n'est pas à moi qu'il fallait t'adresser.
    Une bouffée de rage empourpra Djem.
    — Alors quoi, es-tu devenu si lâche que tu préfères le poison à l'épée ?
    Houchang se durcit sous l'insulte. Puis un voile de tristesse balaya ses traits. D'un pas décidé, il marcha sur Djem qui, jambes écartées et légèrement fléchies, le défiait du regard en se tenant l'épaule. Sans laisser au prince le temps d'articuler d'autres sottises, il lui décocha son poing en travers de la mâchoire et le récupéra dans ses bras avant même qu'il se soit écroulé.
     
    Lorsque Djem ouvrit les yeux, il était adossé contre un arbre près de la source et son épaule, remise en place, était maintenue par le turban de Houchang. Son compagnon, qui venait de lui tamponner le visage à l'eau fraîche pour le ranimer, se tenait assis en face de lui, sur une pierre plate.
    — Vas-tu m'expliquer à présent ? grogna-t-il en croisant les bras sur son torse épais.
    Djem se frotta la mâchoire de sa main valide. Contrairement à l'image qu'il devait présenter, jamais il ne s'était senti aussi bien. Soulagé.
    — L'élixir de la sorcière a été volé…
    Houchang fronça les sourcils, dodelina de sa grosse tête sous sa chevelure noire, puis, sa réflexion l'ayant amené aux conclusions de Djem, tordit la bouche, amer.
    — Pardonne-moi. Je n'aurais jamais dû douter de toi.
    Houchang haussa les épaules. Il avait depuis longtemps aliéné sa fierté pour servir son prince. Compte tenu des circonstances, sa méfiance avait été légitime.
    — Après m'être assuré de l'innocence d'Almeïda, je l'ai chargée de fouiller partout.
    — Elle a pu ne pas reconnaître le flacon.
    — En as-tu jamais vu de semblable ?
    Houchang secoua la tête. Il se mura dans un profond silence, lourd de réflexion. Djem en profita pour refermer les yeux. Il souffrait mais cette souffrance même lui était apaisante. Houchang ne l'avait pas trahi. Houchang était à ses côtés face à la menace.
    — Mounia n'est pas morte.
    Djem sursauta et le fixa sans comprendre.
    — J'étais sous la tour de garde le matin où il a neigé. Tu sais que j'ai toujours préféré déféquer au grand air. Alors sous les fenêtres de ce chien de Montoison…
    Djem sourit.
    — Bref, j'ai entendu Hugues de Luirieux lui raconter qu'il avait engagé un mercenaire pour la sauver sur le navire.
    — Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
    — Qu'est-ce que ça aurait changé, mon prince ? À la vérité, l'Égyptienne s'est moquée des hospitaliers comme elle s'est moquée de toi. Hugues de Luirieux voulait l'épouser pour avoir un moyen de pression sur le père et par là même sur Keït bey. Une fois que le mamelouk lui aurait remis tes fils, il les aurait monnayés auprès de Bayezid.
    Houchang se mit à rire.
    — Mais Mounia s'est enfuie de Rhodes avec le chevalier que Hugues de Luirieux avait payé et les projets de ces chiens galeux ont avorté.
    Le cœur de Djem se serra. Tôt ou tard, il le savait, ses fils, eux aussi, seraient assassinés. Il n'avait pas davantage confiance en cette Mounia qu'en Hugues de Luirieux ou Philibert de Montoison à la vérité.
    — Pourquoi me parles-tu d'elle maintenant ?
    — Tu te souviens du jour où

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