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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Hussein bey est venu à Poët Laval ? Je te croyais dans ta chambre, alors je m'y suis avancé pour te prévenir discrètement. Mounia en sortait. Elle a sursauté en me voyant et s'est empressée de me dire où te trouver. Sur le moment, sa réaction m'a surpris. Par la suite, je l'ai mise sur le compte de sa trahison, mais je me demande à présent si elle ne cachait pas quelque chose sous ses voiles.
    Le cœur de Djem se mit à battre plus fort.
    — Pourquoi m'aurait-elle volé cette fiole dont elle ignorait l'importance ?
    — Il t'arrive de parler en dormant, tu le sais.
    — Je ne l'ai pas reçue en ma couche.
    — Une autre l'aura glissé dans une conversation vite oubliée, sauf pour elle qui cherchait à te nuire. Je suis prêt à parier qu'elle a emporté cet élixir avec elle pour se protéger de tes janissaires.
    — En ce cas, il est perdu, soupira Djem.
    Houchang se gratta la tempe.
    — Peux-tu rentrer seul ?
    — Il en faudrait davantage pour m'abattre, tu le sais bien. À quoi songes-tu ?
    — A finir le travail.
    — Comment ?
    — Ne suis-je pas le meilleur de tes guerriers ? se mit à rire Houchang.
    — Quand bien même tu parviendrais à atteindre un port en Méditerranée, on ne te laissera jamais embarquer. Tu es bien trop brun de figure.
    — Tout se paie, Djem, mon frère. Même la liberté. Je retrouverai Mounia et te rapporterai l'élixir de la sorcière, je t'en fais le serment. Jusque-là, garde-toi du danger en prévenant les autres.
    Djem hocha la tête. Ils se levèrent pour s'étreindre. Longuement. Puis Djem s'écarta et, ôtant une à une toutes les bagues à ses doigts, les lui glissa dans la main.
    — Mon sceau t'ouvrira des portes. Vends les autres à la première occasion.
    Houchang les serra dans la bourse à sa ceinture. Un regard encore, fort de l'affection qu'ils se portaient depuis l'enfance. Houchang se détourna pour rejoindre leurs montures attachées à présent à un jeune hêtre.
    — Qu'Allah te protège ! le bénit Djem tandis qu'il enfourchait son cheval à cru.
    — J'embrasserai les tiens avant l'été, lui promit Houchang.
    Il tourna bride et partit au grand galop en direction du sud.
    Les dés étaient jetés.
    Djem retourna s'asseoir près de la source. Il préférait s'accorder quelques minutes encore pour récupérer avant de regagner Rochechinard. Guy de Blanchefort ne lui avait rien dit pour Mounia. Il mentirait tout autant pour Houchang. Fort de l'argument de sa propre blessure, il assurerait que son compagnon avait glissé dans un précipice, nombreux dans la région, et qu'il avait vainement tenté de le sauver.
    La lassitude le gagna. Si la loyauté de Houchang l'avait apaisé, son départ l'attristait. Combien de ses amis faudrait-il qu'il perde encore avant de mourir ? Il s'adossa contre le tronc d'un chêne, l'œil mollement égaré dans l'ombre de la forêt qui s'épaississait au-delà de cette clairière. Un éclat insolite y brillait par intermittence. Djem plissa les paupières pour mieux délimiter les contours de ce point qu'un rai de lumière venait frapper au travers de la frondaison des arbres. Profitant de la pénombre, quelqu'un l'observait, immobile sur un cheval. Depuis combien de temps ? Djem ne l'avait pas entendu venir. Il s'étira avant de se lever et marcha d'un air détaché vers sa monture. Malgré la douleur qui lui torturait l'épaule, il arracha le turban qui l'immobilisait, et enfourcha son palefroi, l'oreille cette fois aux aguets. Un froissement de broussaille, vif et répété, lui parvint. L'inconnu quittait la place.
    Un rictus de plaisir barra le visage de Djem. Il aurait tôt fait de rattraper cet espion et de le défaire d'un coup de cimeterre. Il talonna son cheval pour se lancer à sa poursuite. Se courbant sur sa selle pour éviter les obstacles, il s'enfonça à son tour dans la forêt. Visiblement, l'homme en connaissait les méandres, car Djem fut distancé jusqu'à ce qu'un chemin s'ouvre devant lui et qu'il l'aperçoive au loin qui poussait son galop. Il se cramponna de sa main valide et força l'allure. Il était de loin meilleur cavalier et ne tarda pas à se rapprocher. Quelques encolures encore. Un visage effrayé se tourna vers lui pour apprécier la distance qui les séparait.
    Djem tira aussitôt sur le mors et s'immobilisa au mitan du sentier. Jamais, de toute sa vie, il n'avait vu plus grande beauté. L'inconnue se retourna de nouveau avant de disparaître au détour d'un

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