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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu'il portait à Jacques et Sidonie, l'avait fait rester pour les distraire, et, de plus en plus souvent, il franchissait la porte des salons pour présenter ses hommages à Philippine. Le seigneur de Melle, qui ne le considérait guère en rival sérieux, s'empressait de lui donner de l'importance dans le but d'écarter ceux qui eussent pu lui faire de l'ombre. Ce manège réjouissait la jeune femme qui éprouvait une véritable tendresse pour Aymar de Grolée dont les visites avaient égayé son enfance, et Algonde qui détestait l'insolence et les manières de celui qu'elle continuait de nommer « le coq de basse-cour ». Elle était seule à savoir la vérité. Philippine, refusant tout attachement à un homme, ne voulait qu'elle, Algonde. Et s'il ne s'était trouvé son frère Louis pour lui seriner qu'elle ne pourrait plus longtemps vieillir sans mari, Philippine aurait cessé de donner l'illusion d'en chercher un.
     
    En Sardaigne, fort de l'aveu de Mounia, Enguerrand avait décidé qu'ils prendraient la route pour l'Égypte dès que les fameuses tempêtes de Méditerranée seraient calmées. Mounia lui avait longuement parlé de son père, d'origine chrétienne, acheté enfant sur un marché aux esclaves par les mamelouks. Il avait épousé la religion musulmane par force, puis par conviction, mais avait conservé en lui la tolérance.
    Mounia était certaine qu'il les accueillerait à bras ouverts. Aucune de ses femmes ne lui ayant donné de fils, Aziz avait reporté sur Mounia toute l'affection qu'il aurait dû vouer à son aîné et, devant sa fascination pour la carte antique, lui avait très tôt fait partager son secret.
    La jouvencelle y avait voué sa vie et ne passait pas un jour sans louer cet heureux hasard qui lui avait fait rencontrer le seul homme digne, au regard de son père, de l'aider à le percer. Taillés l'un et l'autre pour l'aventure et guidés par la force de leur amour, Enguerrand et elle vivaient des jours d'heureuse plénitude, l'œil vers l'horizon qui peu à peu s'apaisait.
     
    À Sassenage, c'était au cœur de Mathieu que les beaux jours revenaient. La compagnie de Fanette y était pour beaucoup. Discrète mais enjouée, elle le faisait rire de nouveau et il passait désormais le plus de temps possible près d'elle, au grand bonheur de leurs pères respectifs, mais au désespoir de Gersende et de maître Janisse. On ne parlait pas encore ouvertement mariage, mais Mathieu n'avait pas menti. Il y songeait. Non qu'il eût décidé en fin de compte de rester au château plutôt que de rejoindre la bande de pillards qui l'avaient recueilli quelques mois plus tôt, mais il y voyait le moyen d'assouvir une double vengeance. Non seulement par ce biais il récupérerait cette épée dont il rêvait, mais il punirait aussi Algonde de s'être moquée de lui tant d'années durant.
     
    Djem, quant à lui, dès que la neige avait fondu, s'était élancé au grand galop sur les sentiers les plus escarpés, insistant pour que, tour à tour et séparément, chacun de ses compagnons l'accompagne. Le mystère de la disparition de l'élixir n'avait pas été résolu et il n'en pouvait plus de suspecter ses amis. Refusant de mourir empoisonné, il avait décidé de leur offrir une occasion plus noble de le tuer. Rien n'y fit. Comme les autres, Houchang se montra égal à lui-même, évoquant ces courses sans fin qu'ils avaient faites ensemble en Anatolie, les crépuscules sanglants sur la barre des montagnes, leurs campements à la chaleur d'un feu sous le manteau des étoiles. Ils avaient tous la nostalgie de la Turquie et tentaient de le convaincre de fuir, de rejoindre le duc de Savoie dont ils n'avaient plus de nouvelles. Djem refusait, convaincu d'autres prisons sous d'autres cieux, plus amères peut-être. Ils rageaient de le sentir amolli par sa captivité, par son amitié pour Guy de Blanchefort, par l'espoir qu'il gardait de l'aide du trop jeune roi de France. Et tout autant pourtant, ils refusaient de l'abandonner.
    Le poids de leur abnégation avait-il suffi pour décider l'un d'eux à passer à l'ennemi ?
    Cette question obsédait Djem qui se tournait et retournait dans son lit, sans parvenir à trouver le sommeil et encore moins à honorer Almeïda. Au réveil, triste et soupçonneux de tout, il cherchait querelle pour une peccadille avant d'enfourcher son cheval et de s'isoler des heures durant, amaigri et lugubre, le front tourné vers le château de ce seigneur de Sassenage qui

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