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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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terme, et Philippine ne pouvait s'empêcher d'en mesurer les risques. Pour l'heure, elle refusa de s'y attarder. Le visage de ce Turc était encore si vivant en son souvenir qu'elle avait presque l'impression de pouvoir le toucher. Le calme revenu, les questions affluaient. Pourquoi avait-il suspendu sa traque quand il était évident qu'elle avait été un témoin gênant de ce qui avait précédé ? L'avait-il reconnue ?
    C'était improbable puisque c'était, elle, la première fois qu'elle le voyait.
    Elle était arrivée par hasard, décidée à abreuver sa monture à la source qu'elle savait jaillir à cet endroit. La contrée était paisible et ces terres celles de son père. Depuis deux semaines, elle y cherchait l'isolement. Malgré l'effervescence qui régnait au château avec le retour du printemps et des fêtes incessantes, Philippine s'ennuyait. Elle avait fait taire les ragots concernant la grossesse d'Algonde par une nouvelle et fausse information. Cela avait été facile. Elle avait choisi la jolie et candide Catherine de Valmont, qui n'avait pas caractère à médire, plus sûrement à plaindre. Philippine lui avait lâché, en aparté, qu'Algonde avait été mariée à un petit hobereau de la campagne lyonnaise et que l'enfant avait été conçu durant sa nuit de noce. Hélas pour elle, son époux avait été tué une semaine plus tard, dans les circonstances dramatiques d'une chasse. Effrayé par un énorme sanglier, son cheval l'avait désarçonné. Avant qu'il ait pu se garder de la bête sauvage, il avait été défiguré par ses défenses. Il s'était éteint dans d'atroces souffrances et Algonde avait refusé d'en reparler. C'était pour lui changer les idées que Philippine l'avait invitée à la Bâtie, pour lui épargner d'aborder le sujet qu'elles avaient menti à tous. Hélas, sa grossesse avérée, il fallait rétablir la vérité, et elles s'en trouvaient l'une comme l'autre bien ennuyées, conscientes que les questions raviveraient le terrible souvenir. Catherine de Valmont avait été parfaite. Après avoir longuement pleuré sur les malheurs d'Algonde, elle avait répandu la nouvelle avec tant de compassion que personne n'avait osé mettre en doute sa sincérité. Son honneur lavé, Algonde avait continué de paraître jusqu'à ce que des contractions prématurées la contraignent au repos le plus strict et, au grand désespoir de Philippine, mettent un terme à leur complicité charnelle. Depuis, la jeune damoiselle de Sassenage n'avait le goût à rien. Elle trouvait insipides les jongleurs, les ménestrels, les jeux, les réceptions, les conversations, les visages même. Le seul qui parvenait à la distraire était son jeune frère Claude qui gazouillait et forcissait gaiement.
    Un bruit de galop sur le chemin. Quelqu'un venait dans sa direction, depuis la forêt qu'elle avait quittée. Le rythme cardiaque de Philippine s'accéléra. Le Turc avait-il finalement décidé de pousser jusqu'à la Bâtie ? En ce cas, il reconnaîtrait sans peine son cheval, bien visible depuis le sentier. La peur afflua de nouveau en elle, mâtinée d'une étrange excitation, identique à celle qui l'avait saisie lorsque le prince avait déboulé avec son compagnon dans la clairière qu'elle s'apprêtait à aborder. Juste avant que leurs cimeterres s'entrechoquent et qu'elle se liquéfie à l'idée de le voir mourir sous ses yeux.
    Le martèlement des sabots cessa avant de recommencer, plus lent et distinct à mesure que le cavalier s'avançait vers sa cachette dans le but évident de la surprendre. Les cailloux crissèrent près du hêtre. Philippine se fondit à la cicatrice d'écorce. Que ferait-il d'elle ? Elle n'était pas son ennemie. Elle le lui dirait. Il était si troublant, si…
    Des pas se rapprochèrent de l'arbre. Une détermination masculine, elle eût pu en jurer. Son cœur bondit comme tantôt quand malgré sa terreur elle avait eu envie qu'il la rattrape. Ne pas regarder, rester blottie, fragile et apprivoisée déjà. Il comprendrait que sa seule vue l'avait bouleversée assez pour qu'elle ait été et soit de nouveau incapable d'un seul geste.
    Une branche basse s'écarta.
    — Je vous présente mes hommages, Hélène.
    Elle sursauta. Cette voix. Philibert de Montoison.
    Il s'inclina devant elle avant de lui offrir un visage empreint d'une satisfaction carnassière, conscient de lui barrer toute retraite.
    — J'espérais cette occasion depuis des jours et me demandais quand

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