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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pourtant aucun arbre ne la contraignait.
    — Cesse de gigoter contre mes braies ou je ne réponds plus de rien, se moqua-t-il comme elle tentait de se libérer. Instinctivement elle se figea, le souffle court.
    — Je vous hais, cracha-t-elle, l'œil noir.
    — Et pourtant tu m'épouseras. Louis s'est rangé à mes arguments.
    Elle le défia.
    — Louis n'est rien. Seul mon père a pouvoir de décision et vous concernant elle ne changera pas !
    — Je dois reconnaître que tu as su habilement retourner la situation à ton avantage l'autre jour. Jusqu'à boire un philtre pour empêcher toute grossesse.
    Elle se liquéfia.
    — Comment savez-vous ?
    — C'est sans importance. Le baron fera ce que tu lui diras. Tu m'épouseras.
    — Jamais.
    — Tu m'épouseras ou Algonde mourra.
    Elle tressaillit. Il se mit à rire.
    — Comme tu le vois, tes amours perverses ne m'ont pas échappé, encore moins à la personne qui me renseigne à peu de frais.
    Une bouffée de rage empourpra la damoiselle.
    — Qu'avez-vous fait à Algonde ?
    — Ne me prête pas plus de cruauté que je n'en ai. Je ne suis pour rien dans ce qui a précédé. Je me contente ce jourd'hui de la maintenir en état de faiblesse par quelque poison dont j'ai hérité le secret en Orient. Ta chambrière se rétablira d'elle-même dès lors qu'elle cessera d'en prendre. Pour autant tu restes à ma merci. Une seule goutte supplémentaire la tuerait, demain comme dans dix années.
    Le cœur de Philippine lui fit mal. Voilà pourquoi Algonde ne parvenait à se remettre. Ce porc avait soudoyé quelque autre servante pour lui administrer un poison.
    — Comment avez-vous pu ? Vous dont la charge est de sauver des vies ? Vous n'êtes pas digne de cet ordre que vous représentez.
    — Raison de plus pour le quitter au plus vite…
    Elle ne répondit pas.
    — Le prince Djem en venant à la Bâtie m'entraînera dans son sillage et tu donneras l'illusion à ton père que peu à peu tu te laisses apprivoiser.
    — Vous le sous-estimez. Il ne s'y laissera pas prendre.
    — Bien sûr que si. Ce tournoi à Romans me donnera l'occasion de me distinguer. Souvent femme varie, dit le proverbe. Tu le convaincras, ma belle.
    — Et vous cesserez d'empoisonner ma servante ?
    — Sur l'heure. Si j'ai ta promesse d'en passer par ma volonté. Ici, dans cette église, sous le regard de Dieu.
    Aimait-elle assez Algonde pour abdiquer ? Le visage de Djem passa devant ses yeux. C'était lui et lui seul qu'elle voulait pour époux. Un musulman. Se convertirait-il pour la garder ? Elle ne pouvait en être sûre. Elle devait gagner du temps. Oui. Gagner du temps même si pour cela elle devait blasphémer.
    — Vous avez gagné, Philibert. Je vous épouserai. Mais n'imaginez pas que mon père cédera aussi facilement. Pour une raison que j'ignore et bien antérieure à ma propre volonté, il vous déteste. Cela risque de prendre plusieurs mois avant qu'il soit décidé à seulement nous fiancer.
    Il la relâcha, satisfait.
    — Votre engagement me suffit. J'attendrai. Quitte, s'il me tarde trop, à relever vos jupons pour me contenter.
    Elle frissonna à cette perspective.
    — Pour l'heure, soyez sans crainte, j'ai promis à votre frère de ne pas vous toucher.
    Il ouvrit la porte et s'effaça pour la laisser passer. Malgré la faible luminosité qui régnait dans le corridor étroit, le regard de la damoiselle accrocha une ombre silencieuse qui s'esquivait par l'escalier. Une ombre au crâne prolongé par un turban. Elle se sentit plus légère. Quel que soit cet homme, Djem ne tarderait pas à être informé de ce qui venait de se produire.
    *
    — Là ! Voilà ! Nous y sommes ! Palsambleu mon gaillard, tu nous as menés à bon port ! s'écria, guilleret, maître Janisse depuis l'arrière de la charrette.
    Face à eux, au bout du chemin, les imposantes barbacanes leur ouvraient le passage au travers des hautes murailles qui cernaient le castel de la Bâtie. Détachant une main qui se tenait aux ridelles, maître Janisse toqua une chiquenaude sur le chapeau de Mathieu qui conduisait, le lui faisant descendre au ras des yeux.
    Pour la énième fois depuis qu'ils avaient quitté Sassenage, Mathieu le remit en place d'un doigt lourd. Il était fatigué de mener les bêtes depuis l'aube. Fatigué d'avoir le cœur broyé par des sentiments contradictoires. Lorsque Janisse lui avait demandé de les accompagner, sa première réaction avait été de refuser. Dans

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