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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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un deuxième temps, Janisse ayant convaincu le forgeron de lui donner le braquemart pour qu'il puisse assurer leur sécurité, il avait accepté. L'occasion était trop belle. S'il était insensé de tuer le baron chez lui, ne pouvait-il s'enfuir avec l'arme à la première occasion ? Sa conscience autant que l'affection sincère qu'il portait à Gersende et à son promis l'en avaient dissuadé. Lors il s'était convaincu d'atteindre le château pour annoncer ses épousailles à Algonde. Certain de se réjouir de la peine qu'il lui ferait. Vengeance amère. Plus il se rapprochait, plus l'envie de l'étreindre le tenait. Et voilà qu'à l'instant de passer le pont-levis, son cœur se serrait tant qu'il en avait les mains moites. Il les essuya l'une après l'autre sur la toile de ses braies pour ne pas lâcher le licol du bœuf qui les menait.
    À côté de lui, Gersende souriait. Enfermé dans une petite bourse attachée à sa taille, avalé par l'épaisseur de sa jupe et de son embonpoint, le flacon de la sorcière était bien caché de tous. La nuit dernière, comme les précédentes, ils s'étaient arrêtés pour dormir dans une auberge fortifiée. Alors qu'assoupis sur la paille de l'étable, d'autres aussi désargentés qu'eux ronflaient sous l'œil indifférent des bêtes, Présine lui était apparue, diaphane comme un voile de brouillard et cependant si présente que Gersende avait perçu son parfum de forêt. Comme elle l'avait promis, Présine avait protégé leur route et veillé sur Algonde autant que le ressenti de la Harpie le lui avait autorisé.
    — Hâtez-vous, lui avait recommandé la fée. L'enfant la retient dans ce monde mais elle s'épuise et sans cet élixir je crains qu'elle ne bascule à nouveau. Lors il sera trop tard pour la sauver.
    Le coq agitait à peine ses plumes que Gersende avait réveillé ses compagnons et exigé qu'on se mît en route, craignant qu'une nuit de trop s'abatte sur la contrée.
    À présent, elle se sentait rassurée.
     
    Derrière le château de la Bâtie, le soleil descendait sous la barre plombée des nuages qui coupait en deux un ciel veiné de rose poudré. La beauté du paysage était à couper le souffle, pour autant, aucun d'eux ne parvenait à s'en imprégner. Seul maître Janisse avait le cœur léger.
    — Voyez, là, ce groupe de cavaliers, n'est-ce point dame Hélène qui s'en vient au milieu d'eux? s'époumona soudain celui-ci en tendant un doigt boudiné vers l'embranchement qu'ils venaient de passer.
    — Si fait. Assurément c'est elle, se réjouit Gersende. Arrête-toi, Mathieu, avec elle nous irons plus vite à passer la poterne.
    Le jeune homme tira aussitôt sur le mors et immobilisa le bœuf. Se dressant sur le marchepied, Gersende bomba le torse et agita les mains pour bien qu'on la repère.
     
    — Alors donc, qu'est-ce encore ? grogna Louis en apercevant cet équipage.
    Mais déjà, Hélène, les avait reconnus. S'arrachant aux pensées contradictoires qui avaient bercé son retour de Rochechinard plus sûrement que l'amble de son cheval, elle talonna ce dernier et se détacha du groupe, hébétée.
    — Bien le bonsoir damoiselle Hélène, c'est grand bonheur de vous revoir, l'accueillit d'une voix puissante maître Janisse en ôtant son bonnet de coton.
    — Vous voici bien loin de vos fourneaux, mon bon.
    — C'est que, ma foi, une affaire urgente auprès du baron…
    — Rien de fâcheux ? s'inquiéta Philippine que son frère et ses compagnons avaient rattrapée.
    Gersende devança sa réponse.
    — Tout va bien à Sassenage, damoiselle. Messires… les salua-t-elle en courbant la tête.
    — Je vous reconnais. N'êtes-vous pas l'intendante du château ? demanda Louis dont la dernière visite à Sassenage remontait à quelques années.
    Il ressemblait trop physiquement au baron pour que Gersende ait le moindre doute sur son identité.
    — En effet.
    — Je présume que vous avez de bonnes raisons de l'avoir quitté, souligna Louis, d'une froideur coutumière.
    — Les meilleures, mais il appartiendra à votre père de juger.
    Louis ne répondit pas. Dédaigneux, il piqua son cheval de l’étrier.
    — Venez, Hélène. Nous n'avons que trop tardé.
    — Partez devant, décida celle-ci, bien heureuse de se débarrasser de son escorte.
    Louis accusa un moment de surprise avant de hausser les épaules. Renonçant à comprendre ce qui la motivait, il héla ses compagnons :
    — Piquons un galop, mes amis. Je serai curieux

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