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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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souviennent d'où ils venaient et pourquoi ils étaient là, pour qu'ils cessent de s'entre-tuer dans des guerres de pouvoir. Cela n'avait servi à rien. Leur race s'était éteinte, le benben avait disparu, Héliopolis Innou avait été muré sans que quiconque sache qu'Osiris dormait tout à côté ; et les pharaons mortels, perdant le sens de l'ouvrage des dieux, se les approprièrent comme Kheops, ou les copièrent maladroitement au long de leur histoire comme Djoser. S'il n'y avait eu Imhotep pour découvrir ce plan improbable, bâtir un palais sur le temple pour protéger le tombeau d'Osiris, et, sous Alexandre, un géomètre pour empêcher qu'il fût démonté, nul sans doute n'en aurait rien su, jamais. De fait, ne restait plus que la prédiction d'un porteur de destin pour laisser croire encore à Mounia qu'il existait un passage en ce monde le reliant à celui des Hautes Terres. Les Hautes Terres ou celles d'Orion ?
    Mounia s'endormit sur cette interrogation, si inconcevable qu'elle fût, en priant pour que l'âme de son père, celle de sa mère et celle d'Enguerrand, son Enguerrand surtout, veillent sur l'enfant à venir et lui permettent de trouver son chemin.
    *
    La paysanne qui leur avait ouvert sa table s'appelait Faustine. Mise en confiance par les pièces qu'elle avait reçues et croquées de sa gueule édentée pour en vérifier l'authenticité, elle expliqua à Philippine, Djem et Nassouh, occupés à racler leurs écuelles de bois, que son époux s'était absenté pour vendre des moutons à la foire aux bestiaux de Saint-Jean-de-Maurienne.
    — Faut pas nous en vouloir de l'accueil, bonnes gens, s'excusa-t-elle encore en les resservant d'autorité d'un bouillon un peu trop clair, dans lequel flottaient quelques légumes et un morceau de lard rance.
    Au coin de la cheminée, avachie sur une chaise rembourrée d'un tissu paillé, la tête en appui contre le mur derrière et les mains croisées sur ses genoux recouverts d'une couverture, une vieille femme somnolait depuis leur arrivée. Faustine l'avait présentée comme sa belle-mère, aveugle et sourde. Une charge visiblement pour le foyer. L'aïeule clapa des mâchoires, racla quelques glaires avant de les tousser dans un mouchoir et de réclamer à manger.
    — On n'est pas à l'abri des malfaisants, reprit petit Jean tandis que sa mère se précipitait pour refermer les doigts de l'impotente sur un bol de liquide.
    Philippine qui l'avait suivie du regard le détourna, gênée de pareille déchéance. La pitance était trop maigre et la faim la tiraillait, mais il aurait été indécent de demander à ces gens plus qu'ils ne possédaient. Elle reporta son attention sur Djem qui souriait au garçonnet.
    — Il est normal de se méfier. Pour cette nuit vous n'avez rien à craindre, nous sommes armés et serons alertés si l'on vous menaçait, affirma le prince avec naturel.
    L'œil de petit Jean pétilla.
    — Moi aussi je sais me défendre. Père me l'a enseigné. Je suis un fameux lutteur. Et à la fronde, je ne crains personne.
    — Te vante pas et prie plutôt pour que t'aies pas besoin de le prouver, le rabroua sa mère.
    L'aïeule avait fini de boire dans un gargouillis de glotte. Tandis que son fils répondait un « Oui, mam » piteux et replongeait le nez dans son écuelle, Faustine enleva le bol des mains de sa belle-mère. Elle fit quelques pas qui l'éloignèrent de la table, se débarrassa de la vaisselle sur un coin de meuble et releva le bras pour ouvrir une porte haute à claire-voie scellée dans le mur, juste au-dessus. Elle en sortit un jambon qui séchait, accroché à une poutrelle qui traversait le placard, revint le poser sur la table et extirpa un long couteau d'un tiroir sous le plateau.
    — C'est pas mes affaires, mais vous avez de curieuses manières et allures pour des marchands, dit-elle dans le silence retombé en découpant d'épaisses tranches.
    Philippine, qui lorgnait avec gourmandise sur la chair tendre et rosée à point, tressaillit et s'empourpra. Djem et Nassouh échangèrent un regard rapide avant de le reporter sur la paysanne qui avait suspendu son geste, la pointe de la lame en l'air, les doigts serrés sur le manche, l'air soupçonneuse de nouveau.
    — Notre cœur est aussi pur que nos intentions, dame Faustine. C'est tout ce qu'il vous faut savoir, lui assura le prince.
    Elle hocha la tête, mais son visage s'était de nouveau empreint de gravité derrière son sourire recouvré.
    — Qui

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