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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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insistance à la faire reconnaître ou plus simplement la prétendue localisation des Hautes Terres, qui valait à Mounia cette disgrâce subite ? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait que s'y soumettre et manifester, auprès de celle qui régentait le harem de son fils, la plus extrême des servilités.
    Déjà, Moussa l'invitait d'un geste à gagner le long corridor qui courait sous les arcades. Tout au bout, par-delà les trois somptueuses cours en enfilade et leurs bassins chatoyants de mosaïques, se trouvait le long bâtiment à deux étages du harem Homayoun. Un moucharabieh de bois blanc habillait sa façade à mi-hauteur, permettant à ses pensionnaires de contempler la luxuriante végétation du jardin intérieur du palais sans que quiconque le soupçonne. Combien d'entre elles avaient regardé avec envie Mounia déambuler avec Bayezid dans les allées bordées de rosiers ? Combien souhaitaient déjà sa mort pour leur avoir volé le cœur du sultan ? Mounia frissonna. Elle allait devoir jouer finement si elle voulait survivre dans cette arène.
    Elle s'arrêta devant une porte gardée par deux eunuques, aussi amènes que celui qui l'escortait.
    Déchausse-toi, tu ne dois souiller ce lieu d'aucune manière, lui intima Moussa.
    Une fois qu'elle eut abandonné ses souliers dans une panière réservée à cet effet, son geôlier glissa dans la serrure une clef attachée à son cou. Immobiles jusqu'en leurs yeux fixes, telles d'imposantes statues, les deux gardes n'avaient pas même cillé.
    La porte s'ouvrit.
    Moussa s'écarta pour laisser Mounia entrer.
    Fébrile, elle franchit le seuil d'un patio élégant à ciel ouvert, orné, en son milieu, d'un bassin carré peu profond.
    — Tu dois le traverser, lui apprit l'eunuque avant de reculer.
    Il tira les deux battants sur lui. Mounia sursauta en entendant le loquet retomber. Un regard, furtif, en arrière.
    — Inutile. Aucune poignée n'ouvre de ce côté.
    Pas d'animosité dans la voix marquée d'une certaine noblesse. Mounia tourna la tête. Apparue comme par magie dans ce lieu, une femme d'une grande beauté bien que marquée par l'âge se tenait, visage découvert, de l'autre côté du bassin : la mère de Bayezid, autrefois première épouse du sultan Mehmed II, éclipsée par la mère du prince Djem et ce jourd'hui de nouveau la Khanoum.
    La plus puissante femme du harem. À n'en pas douter.
    Contre toute attente, elle souriait et lui tendit la main.
    Bien que sur ses gardes, Mounia traversa l'eau vive qu'une petite source renouvelait et vint s'agenouiller devant elle.
    — C'est un honneur, dit-elle.
    — Est-ce vrai, ce qui se raconte ? Que tu aurais trahi ton époux, le prince Djem, pour rejoindre mon fils que tu aimais en secret ?
    Mounia leva vers elle ses yeux fardés.
    — Oui, répondit-elle sans hésiter.
    La Khanoum décrocha du côté droit du visage le voile qui masquait les traits de Mounia.
    — Relève-toi, l'invita-t-elle, le visage éclairé de satisfaction. Les ennemis de mes ennemis sont mes alliés. Tu es sous ma protection. Sois la bienvenue dans ce palais.
    *
    La malchance avait cueilli Djem une vingtaine de lieues seulement après le relais Le Bois joli . Son cheval avait cassé son galop dans une ornière. Sur le moment il n'avait pas semblé s'en plaindre mais, au bout de quelques minutes, il avait commencé à boiter pour finalement claudiquer si sévèrement que Djem avait sauté à bas. La foulure était grave et l'animal était en sueur. Djem aimait trop les chevaux pour laisser celui-ci souffrir inutilement. Il lui avait parlé longuement à l'oreille, comme il savait le faire depuis l'enfance, puis avait sorti son cimeterre pour l'achever.
    Refusant de perdre espoir quand Philippine s'était tant sacrifiée pour son salut, il s'était mis à chanter à la gloire de l'animal abandonné aux charognards, laissant Nassouh réguler le pas de sa propre monture, alourdi par ses deux cavaliers.
    Peu avant minuit, alors que, contraints de laisser la bête se reposer, ils s'étaient arrêtés en contrebas de la route, un bruit de galop les avait alertés. Une troupe approchait. Ils s'étaient empressés de se mettre à couvert derrière des rochers. Malgré la lune pleine, leurs poursuivants les avaient dépassés sans les voir. Djem et Nassouh s'étaient concertés du regard. Inutile de continuer plus avant désormais. Le cadavre du cheval de Djem avait donné aux hospitaliers tous les renseignements

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