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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ses doigts avec chaleur.
    — Cette méchante affaire d'évasion réglée, je vous promets que le sire de Montoison devra répondre de vos accusations, ma chère enfant.
    — Et que justice sera faite, ajouta le baron de Sassenage.
    — Vous ne me forcerez pas à l'épouser ? trembla Philippine en levant vers son père de grands yeux éplorés. Gagner du temps, encore, disaient-ils en filigrane.
    — Par ma foi, certifia Jacques de Sassenage.
    — Cela étant, ma chère enfant, tout repose sur vous. Les ennemis du prince sont plus nombreux qu'il ne paraît et nous sommes seuls en mesure de le protéger. Je vous en conjure, il faut tout nous dire à présent, la pressa Guy de Blanchefort.
    Elle hocha la tête. Sur ses joues marquées d'écarlate, ses larmes mensongères avaient tracé de fins sillons salés, donnant à son visage une allure plus pathétique encore qui la servait.
    — Vers midi, hier, épuisés par une nuit de chevauchée, nous nous sommes arrêtés tous trois dans une combe, à quelques lieues d'ici. Djem et Nassouh m'ont laissée me reposer en contrebas de la route, sous un arbre creux, pendant qu'ils partaient chasser quelque gibier pour déjeuner. Tous deux, j'ai pu le constater les jours précédents, sont de merveilleux archers, savez-vous ?
    — Au fait, au fait, s'impatienta le grand prieur en hochant la tête.
    Elle soupira bruyamment, laissant ses épaules s'affaisser comme si ce souvenir lui coûtait.
    — Le fait est que je me suis réveillée en sursaut, secouée par Philibert de Montoison penché au-dessus de moi. Il m'a battue et injuriée avant de me demander où le prince se trouvait. J'étais bien incapable de le lui dire. La forêt coulait aux flancs des montagnes qui nous cernaient. Djem et Nassouh n'ont pas reparu. Sans doute l'ont-ils vu arriver de loin et ont-ils préféré m'abandonner à lui pour mieux se sauver. À l'heure qu'il est, ils ont atteint leur but et sont hors de portée de vos représailles et des siennes, je le crains.
    Guy de Blanchefort bondit sur ses pieds. Quoi qu'il en soit, il n'avait plus de temps à perdre et regretta amèrement que Philibert de Montoison se soit attardé auprès d'elle au lieu de se précipiter à Turin, comme le bon sens le voulait. L'orgueil, toujours l'orgueil ! tempêta-t-il intérieurement en se tournant vers Jacques de Sassenage.
    — M'accompagnez-vous ?
    — Cela va de soi.
    — Il faut régler sa note à l'aubergiste… appuya Philippine déjà debout.
    — Votre présence à nos côtés, damoiselle, n'a aucune raison d'être. Vous resterez à nous attendre. Sous bonne garde s'entend…
    Guy de Blanchefort lui concéda un sourire avant de poursuivre.
    — … pour le cas, évidemment, où Philibert de Montoison reviendrait pour vous tourmenter.
    Philippine se tourna vers le baron qui s'apprêtait à sortir.
    — Père…
    — Il a raison. Tu nous retarderais.
    Insister davantage aurait fait douter Guy de Blanchefort de sa sincérité. Elle se rassit sur le lit et regarda douloureusement la porte se refermer. Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait. Ne lui restait à présent qu'à espérer que Djem rejoigne le duc de Savoie. Et là encore, que ce dernier ne soit pas assez couard pour le livrer.
     

32
    — J'attends un enfant.
    Bayezid détacha son visage de la croisée basse et le tourna vers Mounia, penchée jusque-là sur une gigantesque carte de peau étalée sur la table d'étude de la grande bibliothèque d'Istanbul. Elle avait seulement relevé le front pour cette annonce, sans préméditation. Le sultan dodelina de la tête.
    — Est-il le mien ?
    — Je le crains, assura-t-elle dans un sourire.
    Il fronça les sourcils.
    — Pourquoi ? L'inverse eût été pour toi plus terrible.
    — Pour moi sans doute. Pas pour lui. Je sais le sort que réservent à leurs frères les prétendants au trône.
    L'allusion à Djem était nette. Bayezid revint à ses côtés. Ils étaient seuls dans la vaste pièce tapissée de livres et de cartouches du sol au plafond. Quelque part, à l'autre bout d'une des allées, le martèlement régulier des pas du gardien résonna dans le silence. D'une main leste, Bayezid attira Mounia contre lui.
    — Ainsi sont les coutumes de mon pays. Pour cruelles qu'elles te paraissent, elles doivent être respectées.
    — Change-les… suggéra-t-elle dans une moue charmante en nouant ses poignets à son cou massif.
    Il se mit à rire.
    — Et donner ainsi pleine légitimité

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