Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
la croisée qu'elle avait laissée entrebâillée. Sa chambre dominant la cour intérieure, laquelle était bouclée par une lourde porte cochère, elle n'avait aucune raison de s'inquiéter. Elle rêvait de Laurent.
    Lorsque la main se plaqua sur sa bouche, elle imagina que c'était la sienne qui étouffait ses sanglots de plaisir et ne reprit pas conscience de la réalité. Eût-elle ouvert les yeux que cela n'aurait rien changé. Une odeur forte lui piqua les narines. Elle sombra dans un sommeil plus lourd duquel s'effacèrent toutes choses, tristes ou gaies.
    *
    À Sassenage, sous le gros chêne, la table dressée avait fait honneur à la gourmandise des épousés. Se pourléchant les doigts du jus de viande, Janisse et Gersende avaient ri à gorge déployée, grisés d'amour et d'ivresse. Avec l'autorisation du baron, on avait mis en perce deux tonnelets de vin épicé et tué un cochon de lait. Il n'en restait à présent que la carcasse qui servirait à la soupe du lendemain. Les hautes flammes d'un feu cerclé par des pierres dansaient sous le manteau des étoiles au rythme des instruments et du pas des convives entraînés dans une farandole.
    Le château festoyait.
    La main dans la main, Mathieu et Algonde, épuisés de danse et d'émotion, se fondirent dans l'ombre comme autrefois, lorsque, lassés du jeu des grands, ils traquaient quelque coin tranquille pour les observer de loin et rire de leurs excès. Ce jourd'hui, ils avaient rejoint leur monde. L'insouciance s'en était allée. Pas leur complicité. Ils s'adossèrent l'un contre l'autre au mur d'enceinte, la lueur des flammes dans les yeux, bercés de musique, l'esprit vidé par l'hydromel.
    Les yeux rivés sur le feu que cernaient les danseurs, Mathieu referma ses bras autour d'elle et nicha son menton dans son cou.
    — Je t'aime, murmura-t-il à son oreille.
    À cet instant, un bonheur sans faille envahit Algonde, lui donnant le sentiment illusoire qu'il ne finirait jamais.
    *
    Gênée dans son sommeil par un rai de lumière, Marie se retourna sur sa couche avant de saisir l'incongruité de la chose. L'astre tardant à franchir le mur clos de la demeure familiale, sa chambre n'en était baignée que fort tard dans la matinée. Craignant d'avoir dormi plus que de raison, elle se dressa en sursaut, les yeux écarquillés, avant de pousser un cri d'effroi en voyant assis sur un tabouret, dans le décor inconnu d'une chambre austère, le sire de Montoison qui l'observait. Elle ramena les draps sur sa poitrine et se mit à trembler d'incompréhension et de crainte.
    — Rassurez-vous, douce Marie. Aucun mal ne vous sera fait.
    Elle ne parvint pas à s'en convaincre et remonta plus haut la toile.
    — Où suis-je ? Que s'est-il passé ? Que faites-vous là ? bredouilla-t-elle en parcourant d'un regard effaré les hauts murs voûtés de la pièce.
    Elle ne se souvenait de rien.
    Philibert de Montoison se leva et s'étira.
    — La nuit fut longue à veiller votre sommeil, ma mie. Je ne pouvais pourtant prendre le risque de vous voir me fausser compagnie à votre réveil. Trop d'intérêts sont en jeu.
    — De quoi parlez-vous ?
    Il s'approcha du lit. Elle se poussa à l'autre bout.
    — Croyez-vous que Laurent de Beaumont voudra encore de vous lorsqu'il saura que votre père est un assassin ?
    Marie le foudroya d'un regard hébété.
    — Mon père ? Un assassin ? Seriez-vous devenu fou, chevalier ?
    — Hélas non ! ma belle. Il chevauche en ce moment même vers le piège que votre enlèvement lui a tendu. Il chevauche pour se livrer lui-même au prince Djem qui ne lui pardonnera pas d'avoir empoisonné son frère de lait. Dans quelques heures, il sera condamné.
    Ahurie, Marie le laissa s'asseoir près d'elle et lui prendre la main. Philibert de Montoison la porta à ses lèvres en voyant quelques larmes franchir la barrière de ses cils.
    — Bientôt vous serez libre. Le prince Djem m'a affirmé qu'il apporterait son soutien à vos épousailles, étant entendu que le crime de votre père ne saurait rejaillir sur vous ou votre mère. Et s'il le faut, je plaiderai votre cause auprès du seigneur de Saint-Quentin.
    — Mais il fut votre rival, hoqueta Marie que l'horreur de ces accusations atteignait peu à peu sans qu'elle parvienne à les admettre.
    — Et en tant que tel, il vous épousera ma chère, je m'en porte garant. Pour autant j'entends en être remercié en retour, là, maintenant.
    Elle le fixa sans comprendre. Son monde

Weitere Kostenlose Bücher