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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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château et la garnison. En conséquence Feuille-Verte ne doutait point à part lui que le seul moyen de plaire au ménestrel fût d’écouter avec patience et admiration les airs qu’il lui plairait le plus de chanter, ou les histoires qu’il aimait le mieux conter ; et, afin d’assurer l’exécution des ordres de son maître, il jugea nécessaire de demander au sommelier telle provision de bonne liqueur qui ne pouvait manquer de rendre encore sa société plus agréable.
    Après s’être de la sorte muni des moyens de supporter une longue entrevue avec le ménestrel, Gilbert Feuille-Verte lui proposa d’ouvrir le tête-à-tête par un bon et copieux déjeûner qu’ils pourraient, s’il voulait, arroser d’un verre de vin sec ; et comme son maître lui avait recommandé de montrer au ménestrel tout ce qu’il pourrait désirer voir dans le château, il ajouta qu’il leur serait possible, pour se délasser l’esprit, d’accompagner une partie de la garnison de Douglas au service du jour, qui, comme nous l’avons déja dit, était célébré avec une grande pompe. Ne trouvant rien à objecter à une telle proposition, car il était bon chrétien par principes, et bon vivant comme professeur de la gaie science, le ménestrel et son camarade, qui précédemment ne se portaient pas beaucoup de bienveillance l’un envers l’autre, commencèrent leur repas du matin, ce fatal dimanche des Rameaux, avec une grande cordialité et une parfaite intelligence.
    « Ne croyez pas, digne ménestrel, dit l’archer, que mon maître ravale le moins du monde votre mérite ou votre rang, parce qu’il vous renvoie à la société et à la conversation d’un pauvre homme tel que moi. Il est vrai, je ne suis pas officier dans cette garnison ; cependant, comme vieil archer qui manie voilà trente ans l’arc et la flèche, je n’ai pas moins de part, et j’en remercie Notre-Dame !… dans la faveur de sir John de Walton, du comte de Pembroke, et d’autres illustres guerriers, que la plupart de ces jeunes gens à têtes folles, auxquels l’on confie des brevets, et qu’on charge de missions importantes, non à cause de ce qu’ils ont fait, mais de ce qu’ont fait leurs ancêtres avant eux. Je vous prie de remarquer entre autres un jeune homme qui nous commande en l’absence de sir Walton, et qui porte l’honorable nom de sir Aymer de Valence, nom qui est aussi celui du comte de Pembroke dont je vous ai parlé ; ce chevalier a en outre un jeune égrillard de page qu’on appelle Fabian Harbothel. »
    « Est-ce à ces gentilshommes que s’appliquent vos censures ? dit le ménestrel. J’en aurais jugé autrement ; car, dans le cours de ma longue expérience, je n’ai jamais vu un jeune homme plus courtois et plus aimable que ce jeune chevalier que vous nommez. »
    « Je ne prétends pas qu’il ne puisse le devenir, répliqua l’archer en se hâtant de réparer la bévue qu’il avait faite ; mais pour qu’il le devînt il faudrait qu’il se conformât aux usages de son oncle, qu’il voulût bien prendre conseil des vieux soldats expérimentés dans les cas difficiles qui peuvent se présenter, et qu’il ne crût pas que des connaissances qui ne s’acquièrent que par de longues années d’observation puissent être soudain conférées par un coup de plat d’épée et les mots magiques : « Levez-vous, sir Arthur, » ou tout autre nom, suivant les circonstances. »
    « Ne doutez pas, sire archer, répliqua Bertram, que j’approuve pleinement l’avantage qu’on peut tirer de la conversation d’hommes aussi expérimentés que vous : les gens de tous les états trouvent à y gagner, et je suis moi-même souvent réduit à déplorer de ne pas connaître suffisamment les armoiries, les devises, le blason enfin, et je serais également ravi que vous vinssiez à mon aide pour des choses qui me sont étrangères, telles que les noms de lieux, de personnes, la description des bannières ou des emblèmes par lesquels de grandes familles se distinguent les unes des autres, toutes choses qu’il m’est si indispensablement nécessaire de connaître pour remplir la tâche que j’ai entreprise. »
    « Quant aux bannières et aux étendards, répondit l’archer, j’en ai vu un bon nombre, et je puis, comme tout bon soldat, dire le nom du chef qui les déploie pour réunir ses vassaux : néanmoins, digne ménestrel, je ne puis avoir la présomption de comprendre ce que vous appelez des

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