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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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remplir un message dont il était chargé ; et si vous l’avez tué, qui sait combien peut être terrible la vengeance qui sera tirée de sa mort ! »
    La voix de la jeune dame parut faire revenir le chasseur des effets des coups qu’il avait reçus ; il se releva, disant :
    « Ne faites pas attention, et ne croyez pas que je vous garde rancune, à vous. Le chevalier, dans sa précipitation, ne m’a ni prévenu ni porté de défi, d’où il a pris un avantage qu’il aurait, je pense, été honteux autrement de prendre en pareil cas. Je recommencerai le combat à armes plus égales, j’appellerai un autre champion, comme le chevalier voudra. » Sur ces mots il disparut.
    « Ne craignez rien, reine des pensées de de Walton ; répliqua le chevalier ; mais croyez que, si nous regagnons ensemble l’abri du château de Douglas et la sauvegarde de la Croix de saint George, vous pourrez rire de tout. Et si vous consentez seulement à me pardonner, ce que je ne serai jamais capable d’oublier moi-même, l’inconcevable aveuglement qui m’a empêché de reconnaître le soleil pendant une éclipse temporaire, il n’est pas de tâche si dure, si difficile au courage humain que je ne doive entreprendre volontiers, pour effacer la mémoire d’une faute si grave. »
    « N’en parlons plus, répliqua la dame ; ce n’est pas dans un moment comme celui-ci, où notre vie est en danger, qu’il faut songer à se quereller pour de si futiles motifs. Je puis vous dire, si vous ne le savez pas encore, que les Écossais sont en armes dans les environs, et que la terre même s’est entr’ouverte pour les dérober aux yeux de vos soldats. »
    « Eh bien ! qu’elle s’entr’ouvre, dit sir John de Walton ; que tous les démons qui habitent l’abîme infernal sortent de leur prison et aillent renforcer nos ennemis… À présent, ma toute belle, que j’ai reçu en vous une perle d’un prix inestimable, puissent mes éperons m’être arrachés des talons par le dernier des goujats si je fais détourner la tête de mon cheval pour reculer devant les forces les plus redoutables que puissent réunir ces bandits, tant sur terre que dessous. En votre nom je les défie tous, et tout de suite, au combat. »
    Comme sir John de Walton prononçait ces derniers mots d’un ton assez animé, un grand cavalier, revêtu d’une armure de la forme la plus simple, sortit de l’endroit du buisson où Turnbull avait disparu. « Je suis, dit-il, James Douglas, et votre cartel est accepté. Moi, comme provoqué, je choisis les armes, et les armes que je choisis sont nos épées de chevalier que nous portons en ce moment, le lieu du combat, cette vallée qu’on nomme Bloody-sykes, le temps, ce moment même ; et les combattans, comme de vrais chevaliers, renonçant de part et d’autre à tous les avantages qu’ils peuvent avoir. »
    « Soit, au nom du ciel, » dit le chevalier anglais, qui, quoique surpris d’être inopinément défié en duel par un guerrier si formidable que le jeune Douglas, était trop fier pour songer à éviter le combat. Faisant signe à la dame de se retirer derrière lui, afin qu’il ne perdît pas l’avantage qu’il avait obtenu en l’arrachant aux mains du chasseur, il tira son épée, et, prenant l’attitude grave et résolue de l’attaque, s’avança lentement vers son adversaire. La rencontre fut terrible, car le courage et l’adresse tant du lord de Douglas-Dale que de de Walton étaient cités parmi les plus célèbres de l’époque, et le monde de la chevalerie ne peut guère se vanter d’avoir produit deux chevaliers plus fameux. Leurs coups tombaient comme portés par quelque ange formidable, ou ils étaient parés et rendus avec autant de force que de dextérité ; et il ne paraissait pas vraisemblable, même après dix minutes de combat, que l’un des deux combattans pût remporter l’avantage sur l’autre. Ils s’arrêtèrent un instant, comme d’un commun accord, pour reprendre haleine, et pendant ce temps Douglas dit : « Je prie cette noble dame de bien comprendre que sa propre liberté ne dépend en aucune manière de l’issue de cette lutte, qui n’a rapport qu’à l’affront fait par ce sir John de Walton et par sa nation d’Angleterre à la mémoire de mon père et à mes droits naturels. »
    « Vous êtes généreux, sir chevalier, répliqua la dame ; mais en quelle position me placez-vous, si vous me privez de mon protecteur par la mort ou la

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