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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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précipitamment, et venir, avec un air de triomphe saluer l’évêque du diocèse, fut presque honteux des soupçons qu’il avait conçus sur la sincérité des intentions du digne prélat en venant célébrer la fête. Profitant d’un accès de dévotion, peut-être assez extraordinaire chez le vieux Feuille-Verte qui en ce moment s’était avancé lui-même pour recueillir sa part des bénédictions que dispensait le prélat, Bertram s’esquiva d’auprès de son ami l’Anglais ; et, se glissant à côté de lady Augusta, échangea avec elle, par un serrement de main, une félicitation réciproque de se retrouver réunis. À un signe du ménestrel, ils se retirèrent dans l’intérieur de l’église, de manière à n’être point remarqués dans la foule, chose qui leur fut d’autant plus facile qu’il régnait une ombre assez épaisse dans certaine partie de l’édifice.
    Le corps de l’église, dévastée comme elle l’était, et pour ainsi dire tapissée des trophées d’armes des derniers seigneurs de Douglas, ressemblait plutôt à des ruines profanées par le sacrilége qu’à l’enceinte d’un lieu saint : cependant l’on pouvait voir que des préparatifs avaient été faits pour la cérémonie du jour. À l’extrémité de la nef était suspendu le grand écusson du comte de Douglas qui était récemment mort prisonnier en Angleterre. Autour de cet écusson étaient placés les plus petits écus de ses seize ancêtres, et une épaisse ombre noire était répandue par l’ensemble de ce trophée, où ne brillaient que l’éclat des couronnes et le reflet de certaines armoiries moins sombres que les autres, d’après les règles du blason. Je n’ai pas besoin de dire que, sous d’autres rapports, l’église était tristement délabrée, car c’était l’endroit même où sir Aymer de Valence avait eu une entrevue avec le vieux fossoyeur, et où maintenant, après avoir réuni, dans un coin séparé, quelques unes des troupes de soldats épars qu’il avait rassemblées et amenées à l’église, il se tenait en alerte et semblait prêt à une attaque aussi bien en plein jour qu’au milieu de la nuit. Cette vigilance était d’autant plus nécessaire que sir John de Walton paraissait occupé à chercher d’un lieu à un autre, comme s’il ne pouvait découvrir l’objet qu’il cherchait, et qui, comme le lecteur le comprendra aisément, n’était autre que lady Augusta de Berkely qu’il avait perdue de vue au milieu de la foule. Dans la partie orientale de l’église était élevé un autel temporaire, à côté duquel, revêtu de ses ornemens sacerdotaux, l’archevêque de Glasgow avait pris place avec les prêtres et les différentes personnes qui composaient son cortége épiscopal. Sa suite n’était ni nombreuse ni richement habillée, et le costume du prélat lui-même n’était guère propre à donner une haute idée de la richesse et de la dignité de l’épiscopat. Cependant depuis qu’il avait déposé sa croix d’or à l’ordre sévère du roi d’Angleterre, celle de simple bois qu’il avait prise en place n’avait pas moins d’autorité et ne commandait pas moins le respect parmi le clergé et le peuple du diocèse.
    Les différentes personnes, Écossaises de nation, alors rassemblées autour de lui, semblaient épier ses mouvemens, comme ceux d’un saint descendu du ciel ; et les Anglais attendaient, frappés d’un muet étonnement, comme s’ils eussent craint qu’à quelque signal inopinée une attaque fût tentée contre eux, soit par les puissances de la terre ou du ciel, soit par les unes et les autres. En effet tel était le dévouement des membres du haut clergé d’Écosse, aux intérêts du parti de Bruce, que les Anglais ne leur permettaient qu’à peine de prendre part même aux cérémonies de l’église qui étaient de leur domaine particulier : aussi la présence de l’archevêque de Glasgow, officiant un jour de si grande fête dans l’église de Douglas, était une circonstance assez rare, et qui ne pouvait manquer d’exciter la surprise et les soupçons. Cependant un concile de l’église avait récemment enjoint aux premiers prélats écossais de remplir leur devoir le jour de la fête des Rameaux, et ni les Anglais ni les Écossais ne voyaient cette cérémonie avec indifférence. Le silence inaccoutumé qui régnait dans l’église remplie, à ce qu’il semblait, de personnes dont les vues, les espérances, les

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