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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’extérieur il ne montre plus rien que haillons et armoiries. »
    « Je ne songerais pas deux fois à cette affaire, si le coupable m’était moins cher, répliqua sir John de Walton, mais je veux rendre service à ce jeune homme, quand même je devrais risquer, pour lui apprendre à connaître la discipline militaire, de lui causer un peu de peine. L’expérience devrait, pour ainsi dire, être gravée avec un fer chaud dans l’esprit des jeunes gens, et il ne faudrait pas se contenter simplement d’écrire les préceptes de la charte avec de la craie. Je me rappellerai, Feuille-Verte, le conseil que vous me donnez, et je ne manquerai pas la première occasion de séparer ces deux jeunes gens ; et quoique j’aime l’un fort tendrement, quoique je sois loin de souhaiter à l’autre le moindre mal, néanmoins à présent, comme vous dites fort bien, l’aveugle conduit l’aveugle, et le jeune chevalier a pour conseiller et pour aide un chevalier trop jeune : c’est un mal que nous réparerons. »
    « Corbleu ! que le diable t’emporte, vieille chenille ! se dit le page en lui-même ; je te prends sur le fait cette fois, me calomniant moi et mon maître comme il est dans ta nature de calomnier tous les jeunes aspirans à la chevalerie qui sont pleins d’espérance. Si ce n’était que je dusse souiller mes armes d’élève-chevalier en me mesurant avec un homme de ton rang, je pourrais t’honorer d’une invitation à me suivre en champ-clos, tandis que les médisances que tu viens de débiter sont encore au bout de ta langue ; mais, quoi qu’il en soit, tu ne tiendras pas publiquement tel langage dans le château, et puis tel autre en présence du gouverneur, sous prétexte que tu as servi avec lui sous la bannière de Longues-Jambes {14} . Je redirai à mon maître les bonnes intentions dont tu es animé pour lui, et quand nous nous serons concertés ensemble, on verra si ce sont les jeunes courages ou les barbes grises qui doivent être l’espérance et la protection de ce château de Douglas. »
    Il suffira de dire que Fabian exécuta ce dessein en rapportant à son maître, et de fort mauvaise humeur, la conversation qui avait eu lieu entre sir John de Walton et le vieux soldat. Il réussit à faire envisager l’incident comme une offense formelle faite à sir Aymer de Valence, tandis que tous les efforts du gouverneur, pour dissiper les soupçons conçus par le jeune chevalier, ne purent réussir à lui persuader que son commandant n’avait à son égard que d’excellentes intentions. Il conserva l’impression qu’avait produite sur son esprit le rapport de Fabian, et crut ne point faire injustice à sir John de Walton en supposant qu’il désirait s’appliquer la plus grande partie de la gloire acquise dans la défense du château, et qu’il éloignait à dessein ceux de ses compagnons qui pouvaient raisonnablement prétendre à leur bonne part d’honneur.
    La mère de la discorde, dit un proverbe écossais, n’est pas plus grosse qu’une aile de moucheron. Dans la querelle dont il s’agit dans notre histoire, le jeune homme et le vieux chevalier ne s’étaient ni l’un ni l’autre donné un juste motif d’offense. De Walton, était observateur rigide de la discipline militaire, dans laquelle il avait été élevé dès son extrême jeunesse, et qui le dirigeait presque aussi absolument que son caractère naturel ; en outre, sa situation présente renforçait son éducation première.
    La rumeur publique avait même exagéré les talens militaires, l’esprit entreprenant et le génie fécond en ruses de guerre attribués à James, le jeune seigneur de Douglas. Il possédait, aux yeux de cette garnison d’hommes du sud, les facultés d’un démon plutôt que celles d’un simple mortel ; car si les soldats anglais maudissaient l’ennui de la garde et de la surveillance perpétuelles que leur imposait le Château Dangereux, surveillance qui ne leur permettait jamais de se relâcher d’une extrême rigueur, ils convenaient tous qu’une grande ombre leur apparaissait avec une hache d’armes à la main, et, entrant en conversation avec eux de la manière la plus insinuante, ne manquait jamais, avec une éloquence et une ingéniosité égales à celles d’un esprit déchu, d’indiquer à la sentinelle mécontente quelque moyen grace auquel, en se prêtant à trahir les Anglais, il se remettrait en liberté. La diversité de ces expédiens et la fréquence de

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