Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
présente, Aymer de Valence lui-même, quoique son oncle, le comte de Pembroke, ait été le bienveillant patron de sir John de Walton, et l’ait mis en route de faire fortune. C’est donc en élevant son neveu d’après la véritable discipline des armées françaises que sir John Walton a choisi la meilleure manière de se montrer reconnaissant envers le vieux comte. »
    « Comme il vous plaira, vieux Gilbert Feuille-Verte, répondit Fabian ; vous savez que je ne me fâche jamais de vos sermons ; reconnaissez donc que je me soumets à vos résignations : à vos réprimandes et à celles de sir John de Walton. Mais vous poussez les choses trop loin, si vous ne pouvez laisser passer un jour sans me donner, pour ainsi dire, le fouet. Croyez-moi, sir John de Walton ne vous remerciera point si vous lui dites qu’il est trop vieux pour se rappeler qu’il a jadis eu lui-même de la sève verte dans les veines. Oui, telles sont les choses, le vieillard n’oubliera point qu’il a été jeune autrefois, et le jeune homme qu’il doit un jour devenir vieux : aussi l’un quitte-t-il ses manières vives pour prendre les allures lentes de l’âge mûr ; mais l’autre reste comme un torrent du milieu de l’été gonflé par la pluie, où chaque goutte d’eau résonne, écume et déborde. Voilà une maxime pour vous, Gilbert. En avez-vous jamais entendu une meilleure ? Colloquez-la parmi vos axiomes de sagesse, et voyez si elle ne sera point à leur égard comme quinze est à l’égard de douze. Elle vous servira à vous tirer d’affaire, brave homme, quand la cruche au vin… c’est ton seul défaut, bon Gilbert, te mettra parfois dans l’embarras. »
    « Tu ferais mieux de garder ta maxime pour toi, bon sire écuyer, répliqua le vieillard ; il me semble qu’elle pourra t’être plus utile qu’à moi. A-t-on jamais ouï dire qu’un chevalier, ou le bois dont les chevaliers se font, c’est-à-dire un écuyer, ait été jamais châtié corporellement comme un pauvre vieux archer ou un valet d’écurie ? Vos plus grandes fautes, vous les réparerez par quelque bon mot, et vos meilleurs services, on ne les récompensera guère plus généreusement qu’en vous donnant le nom de Fabian-le-Fabuliste, ou quelque autre surnom aussi spirituel. »
    Après avoir exhalé cette longue répartie, le vieux Feuille-Verte reprit ce certain air d’aigreur qui caractérise d’ordinaire les hommes dont l’avancement peut être considéré comme nul, tant il a été lent et peu considérable, et qui témoignent toujours de la mauvaise humeur contre ceux qui sont montés en grade, ce à quoi tout le monde travaille plus vite et, comme ils le supposent, avec moins de mérite qu’eux-mêmes. De temps à autre, les yeux de la vieille sentinelle quittaient le haut de sa pique, et se dirigeaient avec un air de triomphe sur le jeune Fabian, comme pour voir s’il était profondément blessé du trait qu’il lui avait lancé, tandis qu’en même temps il se tenait toujours prêt à s’acquitter du devoir mécanique que lui imposait sa faction. Mais Fabian et son maître étaient tous deux à cette heureuse époque de la vie où un mécontentement tel que celui du vieil archer ne les affectait guère, et au pire n’était considéré que comme la plaisanterie d’un vieillard et d’un brave soldat, d’autant plus qu’il était toujours disposé à faire le devoir de ses camarades et qu’il avait toute la confiance de sir John de Walton, qui, quoique beaucoup plus jeune, avait été comme Feuille-Verte élevé au milieu des guerres d’Édouard I er , et était sévère à maintenir une discipline stricte, qui pourtant, depuis la mort de ce grand monarque, avait été considérablement négligée par la jeune et chaude valeur de l’Angleterre.
    Cependant l’idée vint à sir Aymer de Valence que, quoiqu’en accueillant Bertram avec l’hospitalité qu’on montrait toujours aux gens de sa profession, il n’avait fait qu’agir comme il convenait à son rang, puisqu’il avait déja mérité les plus grands honneurs de la chevalerie. Ce voyageur, qui se disait ménestrel, pouvait en réalité ne pas exercer une profession dont il se donnait le titre. Il y avait incontestablement dans sa conversation quelque chose de plus grave, sinon de plus austère, que dans celle des autres bardes ; et quand il réfléchit à la prudence minutieuse de sir John de Walton, il commença à douter si le gouverneur

Weitere Kostenlose Bücher