Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
leur retour tenaient l’inquiétude de sir John de Walton si constamment en haleine qu’il ne se croyait jamais exactement hors de l’atteinte de Douglas, plus que le bon chrétien se suppose hors de la portée des griffes du diable ; tandis que toute nouvelle tentation, au lieu de confirmer ces espérances de salut, semble annoncer que la retraite immédiate du malin esprit sera suivie par quelque nouvelle attaque encore plus habilement combinée. Sous l’influence de cet état continuel d’anxiété et d’appréhension, le caractère du gouverneur ne changea point en bien, comme on doit le penser ; et ceux qui le chérissaient le plus regrettaient beaucoup qu’il s’acharnât sans cesse à se plaindre d’un manque de diligence de la part de ceux qui, ne se trouvant ni investis d’une responsabilité comme la sienne, ni animés par l’espérance de récompenses aussi splendides, ne pouvaient pas entretenir des soupçons si continuels et si exagérés. Les soldats murmuraient que la vigilance de leur gouverneur dégénérait en sévérité ; les officiers et les hommes de rang, qui étaient en assez grand nombre attendu que le château était une célèbre école militaire, et qu’il y avait un certain mérite rien qu’à servir dans l’enceinte de ses murs, se plaignaient en même temps que sir John de Walton eût interrompu ses parties de chasse aux chiens et aux faucons, et ne songeât plus uniquement qu’à maintenir l’exacte discipline du château. D’un autre côté, il faut arguer en général qu’un château-fort est toujours bien tenu quand le gouverneur observe strictement la discipline ; et quand il survient dans une garnison des disputes et des querelles personnelles, les jeunes gens sont d’ordinaire plus en faute que ceux qu’une plus grande expérience a convaincus de la nécessité de prendre les plus rigoureuses précautions.
    Un esprit généreux… et tel était celui de sir John de Walton, est souvent sous ce rapport changé et corrompu par l’habitude d’une vigilance excessive, et entraîné hors des bornes naturelles de la sincérité. Sir Aymer de Valence n’était pas exempt non plus d’un pareil changement : les soupçons, quoique provenant d’une cause différente, semblaient aussi menacer d’exercer une funeste influence sur son caractère noble et franc, et de détruire ces qualités qui l’avaient distingué jusque là. Ce fut en vain que sir John de Walton rechercha avec empressement les occasions d’accorder à son jeune ami toutes les licences et faveurs compatibles avec les devoirs qu’il avait à remplir dans l’intérieur de la place : le coup était frappé ; l’alarme avait été donnée des deux parts à un naturel fier et hautain, et, tandis que de Valence se croyait injustement soupçonné par un ami qui sous certains rapports lui devait beaucoup, de l’autre côté sir de Walton était conduit à penser qu’un jeune homme, à l’éducation duquel il avait veillé comme s’il eût été son propre fils, qui devait à ses leçons toutes les connaissances militaires qu’il avait acquises et tous les succès qu’il avait obtenus dans le monde, s’était offensé pour des bagatelles, et se considérait comme maltraité sans aucun motif de l’être. Les germes de mésintelligence ainsi répandus entre eux ne manquèrent pas ; comme l’ivraie semée par le démon au milieu du bon grain, de se propager d’une partie de la garnison à une autre ; les soldats, quoique sans meilleure raison que de passer simplement le temps, prirent parti pour leur gouverneur et son jeune lieutenant ; et une fois que la balle de discorde fut lancée parmi eux, il ne manqua jamais de bras ni de mains pour la tenir en mouvement.

CHAPITRE VI.
 
Mésintelligence.
 
    Hélas ! ils avaient été amis dans leur jeunesse ; mais des langues qui parlent bas peuvent empoisonner la vérité, et la constance n’existe que dans le royaume des cieux. La vie est épineuse, et la jeunesse est vaine ; et quand on se brouille avec une personne aimée, il semble que la folie se soit emparée du cerveau…… Chacun prononce des mots de profond mépris et insulte le cher frère de son cœur ; mais ils ne retrouvèrent ni l’un ni l’autre un être dans le cœur duquel ils purent épancher leurs peines… Ils restèrent loin l’un de l’autre avec les cicatrices de leurs blessures, comme deux pointes d’un rocher qui s’est fendu : une mer affreuse s’étend

Weitere Kostenlose Bücher