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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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entre eux. Mais ni chaud, ni froid, ni tonnerre ne fera jamais disparaître entièrement, je pense, les traces de ce qui a jadis existé.
    Christabel de Coleridge.
    Pour exécuter la résolution qui, lorsqu’il avait été de sang-froid, lui avait paru la plus sage, sir John de Walton se détermina à traiter avec toute l’indulgence possible son lieutenant et ses jeunes officiers, à leur procurer tous les genres d’amusemens possibles que permettait l’endroit et à les rendre honteux de leur mécontentement en les accablant de politesse. La première fois donc qu’il vit Aymer de Valence après son retour au château, il lui parla avec une affabilité extrême, soit réelle soit supposée.
    « Qu’en pensez-vous, mon jeune ami, dit de Walton, si nous essayions de quelques unes de ces chasses propres, dit-on, à ce pays ? Il y a encore dans notre voisinage de ces troupeaux sauvages de race calédonienne qu’on ne trouve plus ailleurs que dans les marécages qui forment la noire et triste frontière de ce qu’on appelait anciennement le royaume de Strates-Clyde ; nous avons parmi nous des chasseurs qui ont l’habitude de cet exercice et qui assurent que ces animaux sont les plus fiers et les plus redoutables de tous ceux qu’on peut chasser dans l’île de la Grande-Bretagne. »
    « Vous ferez ce qu’il vous plaira, répondit sir Aymer froidement, mais ce n’est pas moi, sir John, qui vous donnerai le conseil, pour le plaisir d’une partie de chasse, d’exposer toute la garnison à un très grand danger. Vous connaissez parfaitement la responsabilité à laquelle vous soumet le poste que vous occupez ici, et sans doute vous en avez long-temps pesé le poids avant de nous faire une proposition de cette nature. »
    « Je connais, à la vérité, mon propre devoir, répliqua de Walton offensé à son tour, et je puis bien penser aussi au vôtre sans assumer néanmoins plus que ma part de responsabilité ; mais il me semble vraiment que le gouverneur de ce Château Dangereux, entre autres difficultés de sa position, est, comme disent les vieilles gens de ce pays, soumis à un charme, et à un charme qui le met dans l’impossibilité de diriger sa conduite de manière à procurer du plaisir à ceux qu’il désire le plus obliger. Il n’y a pas encore plusieurs semaines, quels yeux eussent brillé plus que ceux de sir Aymer de Valence à la proposition d’une chasse générale où l’on aurait dû poursuivre une nouvelle espèce de gibier ? et maintenant quelle est sa conduite quand on lui propose une partie de plaisir, uniquement, je pense, pour s’opposer à mon désir de lui être agréable !… un consentement froid tombe à demi formulé de ses lèvres, et il se dispose à venir courre ces bestiaux sauvages avec un air de gravité, comme s’il allait entreprendre un pèlerinage à la tombe d’un martyr.
    « Non pas, sir John, répondit le jeune chevalier. Dans notre situation présente nous devons veiller conjointement sur plus d’un point, et quoique la plus grande confiance et la direction supérieure des opérations vous aient été sans nul doute accordées, comme au chevalier qui de nous deux est le plus âgé et le plus capable, néanmoins je sens encore que j’ai aussi ma part de sérieuse responsabilité : j’espère donc que vous écouterez avec indulgence mon avis et que vous en tiendrez compte, quand même il vous paraîtrait porter sur cette partie de notre charge commune qui est plus spécialement dans vos attributions. Le grade de chevalier que j’ai eu l’honneur de recevoir comme vous, l’ accolade que le royal Plantagenet m’a donnée sur l’épaule, me mettent bien en droit, je pense, de réclamer une pareille faveur. »
    « Je vous demande humblement pardon, répliqua le vieux chevalier ; j’oubliais l’important personnage que j’avais devant moi, moi simplement fait chevalier par le roi Édouard lui-même, qui sans doute n’avait aucune raison particulière de me conférer un si grand honneur ; et je reconnais que je sors manifestement de mon devoir quand je viens proposer une chose qui peut ne paraître qu’un vain amusement à un individu qui élève si haut ses prétentions. »
    « Sir John de Walton, repartit de Valence, nous en avons déja trop dit sur ce sujet, restons-en là. Tout ce que j’ai voulu dire, c’est que, préposé à la garde du château de Douglas, ce ne sera point avec mon consentement qu’une partie de plaisir, qui

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