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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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naturels : encore c’était le seul genre d’amusement qui leur eût été permis depuis longtemps, et ils n’étaient pas disposés à omettre la rare occasion d’en jouir. La chasse au loup, au sanglier, ou même au cerf, timide, nécessitait des armes ; celle aux bestiaux sauvages exigeait encore davantage qu’on fût muni d’arcs et de flèches de guerre, d’épieux et d’excellens coutelas, ainsi que des autres armes semblables à celles qu’on emploie pour se battre réellement. Par ce motif, il était rare qu’on permît aux Écossais de suivre les chasses, à moins qu’on déterminât leur nombre et leurs armes, et surtout qu’on prît la précaution de déployer plus de force du côté des soldats anglais qui étaient fort odieux aux habitans : encore la plus grande partie de la garnison était mise sur pied, et plusieurs détachemens, formés suivant l’ordre du gouverneur, étaient stationnés en différens endroits, en cas qu’il survînt quelque querelle soudaine.

CHAPITRE VII.
 
La Chasse.
 
    Les piqueurs couraient à travers les bois pour faire lever les cerfs ; les archers rivalisaient d’ardeur avec leurs grands arcs tendus.
    Le bruit courait à travers les bois, battus dans tous les sens ; les chiens pénétraient dans les taillis pour tuer les cerfs.
    Ballade de Chavy Chase , vieille édition.
    La matinée du jour fixé pour la chasse était froide et sombre ; le temps était gris comme il l’est toujours dans la Marche écossaise. Les chiens criaient, aboyaient et glapissaient ; les chasseurs, quoique animés et joyeux par l’attente d’un jour de plaisir, tiraient sur leurs oreilles leur mauds , ou manteaux des basses terres, et regardaient d’un œil mécontent les brouillards qui flottaient à l’horizon, tantôt menaçant de s’affaisser sur les cimes et sur les flancs des hautes montagnes, et tantôt d’aller occuper d’autres positions sous l’influence de ces bouffées de vents incertains qui, s’élevant, puis tombant aussitôt, balayaient la vallée.
    Cependant, au total, comme il arrive d’ordinaire dans tous les départs de chasse, c’était un gai et amusant spectacle. Une courte trève semblait avoir été conclue entre les deux nations, et les paysans de l’Écosse paraissaient plutôt montrer en amis les exercices de leurs montagnes aux chevaliers accomplis et aux braves archers de la vieille Angleterre que s’acquitter d’un service féodal qui n’était ni si agréable ni si honorable à l’instigation de voisins usurpateurs. Les cavaliers, que tantôt l’on apercevait seulement à demi, que tantôt on voyait complétement, forcés de déployer ; au milieu de ces routes périlleuses et de ces terrains brisés, toutes les ressources de leur art, attiraient l’attention des piétons, qui, conduisant les chiens ou battant les taillis, délogeaient les pièces de gibier qu’ils rencontraient, dans les buissons, et tenaient toujours leurs yeux fixés sur leurs compagnons, qui, sur leurs chevaux, étaient plus faciles à distinguer, et qui se faisaient remarquer encore par la vitesse de leur course et par un mépris ; pour tout accident possible, aussi complet que celui dont peuvent se glorifier aujourd’hui les chasseurs de Melton Mowbray ou de toute autre bande fameuse.
    Les règles qui présidaient aux chasses anciennes et modernes sont pourtant aussi différentes que possible. De nos jours, on regarde un renard ou un lièvre comme récompensant bien la peine que se sont donnée, pendant tout un jour, quarante ou cinquante chiens, et environ autant d’hommes et de chevaux ; mais les chasses anciennes, lors même qu’elles ne se terminaient pas par une bataille, comme il arrivait souvent, présentaient toujours une bien plus grande importance et un intérêt beaucoup plus vif. S’il est un genre d’exercice qu’on puisse citer comme généralement plus propre que d’autres à divertir et amuser, c’est à coup sûr celui de la chasse. Le pauvre souffre-douleur, qui a servi et travaillé toute sa vie, qui a usé toute son énergie à servir ses semblables… l’homme qui a été pendant de longues années l’esclave de l’agriculture, ou, qui pis est, des manufactures… qui tous les ans ne recueille qu’une chétive mesure de grains, ou est cloué sur un pupitre par un travail monotone… peuvent difficilement rester sourds à la joie générale, lorsque la chasse passe près d’eux avec les chiens et les cors, et pour un

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