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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de dire que l’admonition du comte de Pembroke irrita vivement l’esprit hautain de son neveu, à tel point que, si le comte eût voulu écrire une lettre tout exprès pour augmenter des préventions qu’il désirait détruire, il n’aurait pas pu employer des termes plus propres à obtenir ce résultat.
    La vérité était que le vieil archer, Gilbert Feuille-Verte, sans que le jeune chevalier en sût rien, s’était rendu au camp de Pembroke, dans le comté d’Ayr, et avait été recommandé au comte par sir John de Walton, comme une personne qui pourrait lui donner relativement à Aymer de Valence tous les renseignemens désirables. Le vieil archer était, comme nous l’avons vu, rigide observateur de la règle, et, quand il fut mis sur le chapitre de la conduite de sir Aymer de Valence, il n’hésita point à faire certains aveux qui, rapprochés de ceux que renfermait la lettre du chevalier à son oncle, firent concevoir un peu trop légèrement au sévère vieux comte l’idée que son neveu s’abandonnait à un esprit d’insubordination et à un sentiment d’impatience contre toute autorité, très dangereux à la réputation d’un jeune soldat. Une petite explication aurait produit un accord complet dans leurs manières de voir ; mais le destin n’en ménagea ni le temps ni l’occasion ; et le vieux comte fut malheureusement amené à devenir partie, au lieu de négociateur dans la guerre.
    Sir John de Walton s’aperçut bientôt que la réception de la lettre de Pembroke ne changeait nullement la conduite froide et cérémonieuse de son lieutenant à son égard, conduite qui limitait leurs relations ensemble à celles que le service rendait indispensables, et qui ne pouvait ramener une familiarité franche et intime. Ainsi, comme la chose peut encore arriver aujourd’hui entre deux officiers dans leurs situations relatives, ils restèrent dans le froid cérémonial des communications officielles, où ils n’échangeaient que le peu de paroles qui étaient absolument nécessaires pour l’accomplissement des devoirs respectifs de leur position. Un tel état de mésintelligence est, en fait, pire qu’une véritable querelle… Une querelle peut amener une explication ou des excuses, ou servir d’objet à une médiation ; mais quand il s’agit de mésintelligence, un éclaircissement est aussi invraisemblable qu’un engagement général entre deux armées qui toutes deux occupent de fortes positions défensives. Cependant le devoir obligeait les deux chefs de la garnison du château de Douglas à être souvent ensemble, et alors il s’en fallait tellement qu’ils cherchassent à raccommoder les choses, que ces entrevues ravivaient plutôt les anciens motifs de discorde.
    Ce fut dans une semblable occasion que de Walton demanda à de Valence d’un ton très sévère, à quel titre et combien de temps son bon plaisir était que le ménestrel Bertram restât au château.
    « Une semaine, dit le gouverneur, est certainement assez longue, vu le lieu et les circonstances, pour montrer l’hospitalité due à un ménestrel. »
    « Je puis vous assurer, répondit le jeune homme, que ce ménestrel m’intéresse si peu, que je ne puis former aucun désir qui le concerne. »
    « En ce cas, reprit de Walton, je prierai cet individu d’abréger son séjour dans le château de Douglas. »
    « Je ne vois pas quelle espèce d’intérêt, répliqua Aymer de Valence, je pourrais attacher au séjour ou au départ de cet homme : il est venu ici sous prétexte de faire quelque recherche des écrits de Thomas d’Erceldoune, surnommé le Rimeur, qui, dit-il, sont infiniment curieux, et dont il existe un volume dans la bibliothèque du vieux baron, qui a échappé aux flammes d’une manière ou d’une autre, lors du dernier incendie général. Maintenant vous en savez autant que moi sur le but de sa visite ; et si vous trouvez que la présence d’un vieillard errant et le voisinage de son jeune fils soient dangereux pour le château que vous êtes chargé de défendre, vous ferez bien, sans aucun doute, de les congédier, et pour cela il vous suffira de dire un mot. »
    « Pardon, dit sir John de Walton, le ménestrel est venu ici comme faisant partie de votre suite, et je ne pouvais, avec la politesse convenable, le congédier sans votre permission. »
    « Alors je suis à mon tour fâché, répondit sir Aymer, que vous n’ayez pas exprimé plus tôt ce désir. Je n’ai jamais eu

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