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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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reçu. »
    – « C’eût été une manière d’arranger les choses contraire à nos vœux. Ce qui est payé au trésor de Sainte-Bride ne peut, suivant notre règle, être restitué sous aucun prétexte. Mais, noble chevalier, il n’a été question de rien de semblable : une croute de pain blanc et une écuelle de lait, voilà tout ce qu’il fallait pour nourrir ce pauvre jeune homme pendant un jour, et ç’a été mon inquiétude particulière pour sa santé qui m’a disposé à faire mettre dans sa cellule un lit plus doux et une couverture meilleure que le permettent les règles de notre ordre.
    – « Maintenant, écoutez bien ce que j’ai à vous dire, sir abbé, et répondez-moi franchement. Quelles ont été les relations de ce jeune homme avec les personnes du couvent, avec les gens du dehors ? Interrogez votre mémoire sur ce point, et que votre réponse soit précise, car la sûreté de votre hôte et la vôtre même en dépendent. »
    – « Aussi vrai que je suis chrétien, je n’ai rien remarqué qui puisse servir de fondement aux soupçons de votre seigneurie. Le jeune Augustin, contrairement à l’usage des jeunes gens qui ont été élevés dans le monde, comme je l’ai souvent observé, montrait une préférence marquée pour la compagnie des sœurs que renferme le monastère de Sainte-Bride, plutôt que pour celle des moines, mes frères, quoiqu’il se trouve parmi eux des hommes dont la conversation soit agréable. »
    « Une mauvaise langue pourrait expliquer le motif de cette préférence. »
    – « Non pas lorsqu’il s’agit des sœurs de Sainte-Bride, dont la plupart ont été complétement maltraitées par l’âge, ou dont la beauté a toujours été détruite par quelque malheur avant qu’elles aient été reçues dans la solitude de cette maison. »
    Le bon père fit cette observation avec une espèce de joie intérieure qu’excita apparemment en lui l’idée que les nonnes de Sainte-Bride eussent pu conquérir des cœurs par leurs charmes personnels, tandis que réellement leur laideur était notable et même horrible à faire rire. Le chevalier anglais, qui connaissait aussi les saintes femmes, ne put s’empêcher de rire à cette conversation.
    « J’admets, dit-il, que, si les pieuses sœurs ont pu charmer le jeune étranger, ce n’a pu être que par leurs souhaits bienveillans et leurs attentions à soulager ses souffrances. »
    « Sœur Béatrix, continua le père, reprenant sa gravité, a effectivement reçu du ciel un véritable don pour faire les confitures et les caillées de lait au vin ; mais, après une enquête minutieuse, je n’ai pas trouvé que le jeune homme ait goûté de ces bonnes choses. Sœur Ursule non plus, n’a pas été tant maltraitée par la nature que par les suites d’un accident ; mais votre honneur sait que quand une femme est laide les hommes ne s’inquiètent guère de la cause de sa laideur. Je vais, avec votre permission, aller voir en quel état se trouve actuellement le jeune homme, et l’avertir qu’il ait à comparaître devant vous. »
    – « Je vous prie de le faire, et tout de suite, père, car il n’y a point de temps à perdre ; je vous conseille aussi sérieusement d’épier de la manière la plus stricte la conduite de cet Augustin : vous ne pouvez y mettre trop d’attention. Je vais attendre votre retour, et j’emmenerai le jeune homme au château ou le laisserai ici, suivant que les circonstances paraîtront l’exiger. »
    L’abbé s’inclina, promit de faire son possible, et sortit de la chambre pour se rendre à la cellule du jeune Augustin, jaloux de satisfaire, s’il le pouvait, les désirs de Valence, qu’il regardait comme devenu par les circonstances son patron militaire.
    Son absence dura long-temps, et ce délai commençait même à inspirer des soupçons à sir Aymer, lorsque l’abbé revint, l’agitation et l’inquiétude écrites sur le visage.
    « Je vous demande pardon de vous avoir fait attendre, dit Jérôme avec un grand trouble ; mais j’ai été moi-même retenu et vexé par des formalités inutiles et de sots scrupules de la part de ce méchant garçon. En premier lieu, entendant mes pas se diriger vers sa chambre, mon jeune homme, au lieu d’ouvrir la porte, ce qui n’aurait été qu’un égard dû à mes fonctions, tira au contraire un fort verrou intérieur ; et ce verrou, Dieu me pardonne ! a été mis dans sa cellule par ordre de sœur

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