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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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périlleux où je me trouve, de répondre avec la plus parfaite sincérité à toutes les questions que vous pouvez m’adresser à ce sujet. »
    En parlant ainsi, il appela un moine qui l’avait aidé à se vêtir, et, lui remettant une grosse clef, lui murmura quelque chose à l’oreille. La coupe qu’apporta le moine était d’un tel volume, qu’il fallait que la potion de Celse fût administrée en bien grande quantité, et l’odeur forte qu’elle répandit dans l’appartement fit soupçonner au chevalier que la médecine pouvait bien ne consister qu’en ce qu’on appelait alors de l’eau distillée, préparation connue dans les monastères quelque temps avant que ce secret inappréciable fût parvenu jusqu’aux laïques. L’abbé, que n’épouvantèrent ni la force ni la quantité de la boisson, l’avala avec ce qu’il aurait lui-même appelé un sentiment de consolation et de jouissance, et sa voix devint encore plus grave : il déclara qu’il se sentait admirablement réconforté par la médecine, et prêt à répondre aux questions qui pourraient lui être adressées par son galant jeune ami.
    « À présent, dit le chevalier, vous savez, père, que les étrangers qui voyagent dans ce pays doivent être les premiers objets de nos soupçons et de nos recherches. Quelle est, par exemple, votre opinion sur le jeune homme appelé Augustin, fils, ou se disant tel, d’un individu nommé Bertram le ménestrel, qui demeure depuis quelques jours dans votre couvent ? »
    L’abbé entendit cette question avec des yeux qui exprimaient sa surprise de l’entendre sortir de la bouche de sir Aymer.
    « En vérité, répondit-il, je pense que c’est un jeune homme qui, autant que je puis le connaître, possède ce naturel excellent, cette loyauté et cette religion, enfin tout ce à quoi je devais m’attendre, à en juger par l’estimable personnage qui l’a confié à mes soins. »
    Après cette réponse, l’abbé salua le chevalier, comme s’il eût pensé que cette repartie lui donnait un grand avantage sur son adversaire et le réduisait au silence pour toutes les questions qu’il aurait pu lui faire sur le même sujet ; et il fut probablement fort étonné quand sir Aymer répliqua de la manière suivante.
    « Il est bien vrai, père abbé, que c’est moi-même qui vous ai recommandé ce bambin comme un jeune homme d’un caractère inoffensif, et à l’égard duquel il ne serait pas nécessaire d’employer la vigilance sévère qu’on emploie envers d’autres en pareille circonstance ; mais les preuves qui me paraissaient démontrer l’innocence de ce jeune garçon n’ont pas semblé satisfaisantes à mon supérieur et à mon commandant ; et, c’est par son ordre que je viens ici vous interroger. Vous devez comprendre qu’il s’agit d’une importante affaire, puisque nous venons vous troubler encore une fois, et à une heure si indue. »
    « Je puis seulement protester par mon ordre et par le voile de Sainte-Bride, répliqua l’abbé (l’esprit de Celse paraissant se retirer de son disciple) que, quelque mal qu’il puisse y avoir dans cette affaire, j’ignore absolument tout, et qu’on ne pourrait rien m’arracher par les tenailles et les autres instrumens de torture. Quelques signes de déloyauté qu’ait pu manifester ce jeune homme, je n’ai rien aperçu, moi, bien que j’aie sévèrement examiné sa conduite. »
    – « Sous quel rapport ? et quel est le résultat de vos observations ? »
    – « Ma réponse sera sincère et franche. Le jeune homme a consenti au paiement d’un certain nombre de couronnes d’or, nullement pour payer l’hospitalité de l’église de Sainte-Bride, mais simplement… »
    – « Allez, père, vous pouvez ne pas achever, attendu que le gouverneur et moi nous savons bien à quel prix les moines de Sainte-Bride exercent leur hospitalité. De quelle manière a-t-elle été reçue par ce jeune garçon ? voilà ce qu’il est plus utile de demander. »
    – « Avec une extrême douceur, une excessive indulgence, noble chevalier. Il est vrai que d’abord j’avais craint que mon hôte fût un peu exigeant, car sa libéralité envers le couvent était de telle nature qu’elle pouvait l’encourager, et même jusqu’à un certain point l’autoriser à vouloir être mieux traité que nous l’aurions pu faire. »
    – « Au quel cas vous auriez eu la douleur de rendre une partie de l’argent que vous aviez

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