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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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accablant, dont l’effet était de détendre ces nerfs qui jadis vibraient par l’amour de mon pays, à ce qu’il me semblait, mais en réalité, hélas ! par des sentimens vifs et inquiets d’un genre plus égoïste. »
    « Hélas ! dit sœur Ursule, montrant les plus violens symptômes d’intérêt et de compassion, suis-je donc une femme, ma chère enfant, que vous soupçonniez d’infidélité aux infortunes qui sont le fruit du véritable amour ? Croyez-vous que l’air qu’on respire dans cette enceinte ait sur les cœurs féminins la vertu de ces merveilleuses fontaines qui changent, dit-on, en pierre les substances qui sont plongées dans leurs eaux ? Écoutez mon histoire, et jugez ensuite s’il en peut être ainsi d’une infortunée qui possède mes causes de chagrin. Et ne craignez pas que nous perdions du temps : il faut laisser à nos voisins d’Hazelside le loisir de leurs arrangemens pour la nuit avant que je puisse vous donner les moyens de vous évader ; et vous avez besoin d’un guide sûr, de la fidélité duquel je répondrai, pour diriger vos pas à travers ces bois et vous défendre en cas de danger, car il faut tout craindre dans ces jours de trouble. Il nous reste ainsi encore une heure avant que vous puissiez partir ; et je suis convaincue que vous ne pouvez mieux employer ce temps qu’à écouter des malheurs trop semblables aux vôtres et provenant d’une affection qui ne fut jamais couronnée de succès, malheurs pour lesquels vous ne pourrez manquer de sympathie. »
    Les chagrins de lady Augusta ne l’empêchèrent pas d’avoir presque envie de rire du singulier contraste entre la hideuse figure de cette victime d’une tendre passion et la cause à laquelle elle imputait ses douleurs ; mais ce n’était pas le moment de songer à des railleries qui eussent au plus haut point offensé la sœur de Sainte-Bride, dont elle avait si grand besoin de se concilier la bienveillance. Elle se mit donc promptement à se préparer à écouter la religieuse avec une apparence de sympathie qui pourrait être le paiement de celle qu’elle-même avait éprouvée de la part de sœur Ursule ; tandis que l’infortunée recluse, avec une agitation qui rendait sa laideur encore plus hideuse, raconta presque à voix basse l’histoire suivante.
    « Mes infortunes commencèrent long-temps avant que je m’appelasse sœur Ursule, ou que je fusse renfermée comme religieuse dans ce cloître. Mon père était un noble normand qui, comme plusieurs de ces compatriotes, vint chercher et trouva fortune à la cour du roi d’Écosse. Il fut nommé à la place de shérif dans ce comté, et Maurice de Hattely ou Hautlieu, était compté parmi les riches et puissans barons de l’Écosse. Pourquoi nierais-je donc que la fille de ce baron, alors appelée Marguerite de Hautlieu, se distinguait aussi entre les nobles dames et les belles du pays ? Ce ne peut être une vanité blâmable qui me porte à dire la vérité, et à moins que je ne vous en avertisse, vous auriez peine à soupçonner combien je ressemblais jadis, même à la charmante lady Augusta Berkely. Vers ce temps éclatèrent les malheureuses querelles de Bruce et de Baliol, qui ont fait si long-temps le malheur de ce pays. Mon père, déterminé dans le choix d’un parti par les argumens des riches parens qu’il avait à la cour d’Edouard, embrassa avec chaleur la faction qui contenait l’Angleterre et devint un des plus fougueux partisans, d’abord, de John Baliol, et ensuite du monarque anglais. Aucun des Écossais-anglocisés, comme on appelait son parti, ne fut aussi zélé que lui pour la Croix-Rouge, et aucun ne fut plus détesté par ses compatriotes qui suivirent l’étendard de saint André et le patriote Wallace. Parmi ces soldats du pays, Malcolm Fleming de Biggar était un des plus illustres par sa noble naissance, ses hauts talens, et sa réputation de chevalier. Je le vis, et l’horrible fantôme qui vous parle en ce moment ne doit pas être honteux de dire qu’il aima, et qu’il fut aimé par un des plus beaux jeunes garçons de l’Écosse. Notre attachement fut découvert par mon père, presque avant que nous nous le fussions avoué l’un à l’autre, et il s’emporta contre mon amant et contre moi-même. Il me plaça sous la surveillance d’une religieuse de cet ordre, et je fus mariée dans ce couvent de Sainte-Bride, où mon père n’eut pas honte de m’annoncer qu’il me ferait prendre le

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