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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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coutume de s’étendre lorsqu’il voulait me persuader d’entrer dans l’état monastique par des moyens plus doux que celui de me jeter du haut d’un second étage ne resta point long-temps à ma portée. La vieille abbesse mourut d’une fraîcheur qu’elle prit dans la soirée du combat ; et sa place, qui aurait pu demeurer vacante jusqu’à ce que je fusse capable de la remplir, fut supprimée, lorsque les Anglais jugèrent convenable de réformer, ainsi qu’ils disaient, la discipline de la maison ; et au lieu de laisser élire une nouvelle abbesse, y envoyèrent deux ou trois moines à eux dévoués, qui ont aujourd’hui le gouvernement absolu de la communauté, et n’en usent que suivant le bon plaisir des Anglais. Mais moi, moi, qui ai eu l’honneur d’être défendue par les armes du champion de mon pays, je ne resterai pas dans cette maison pour être commandée par cet abbé Jérôme. J’en sortirai, et j’espère ne manquer ni de parens ni d’amis, qui procureront à Marguerite de Hautlieu une place de refuge plus convenable que le couvent de Sainte-Bride ; vous obtiendrez aussi, ma chère dame, votre liberté, et il sera bien que vous laissiez ici un billet qui informera sir John de Walton du dévouement que son heureux destin vous a inspiré. »
    « Votre intention n’est donc point, dit lady Augusta, de rentrer dans le monde ? Vous renoncerez donc à l’amant dans l’union duquel vous et lui vous avez jadis vu votre bonheur commun ? »
    « C’est une question, ma chère enfant, répliqua sœur Ursule, que je n’ose m’adresser à moi-même, et j’ignore absolument quelle réponse je pourrais y faire. Je n’ai point fait de vœux définitifs et irrévocables ; rien n’a changé ma position à l’égard de Malcolm Fleming. Lui, aussi, il a prononcé des vœux enregistrés à la chancellerie du ciel, vœux par lesquels il se déclare mon fiancé, et je ne crois pas moins mériter sous aucun rapport qu’il me tienne aujourd’hui parole, qu’au moment où il m’a promis sa foi. Mais je vous avoue, ma chère dame, que des bruits sont parvenus jusqu’à mes oreilles, bruits qui me piquent au vif : la nouvelle de mes blessures et de ma laideur a, dit-on, refroidi le cœur du chevalier de mon choix. Je suis pauvre maintenant, il est vrai ; ajouta-t-elle avec un soupir, et je ne possède plus ces charmes personnels qu’on dit attirer l’amour, et fixer la fidélité des hommes. Je m’efforce donc de penser, dans mes momens de ferme résolution, que tout est fini entre Fleming et moi, sauf la bienveillance que nous pouvons nous garder l’un à l’égard de l’autre ; et néanmoins il y a encore dans mon cœur un sentiment qui me dit tout bas ; en dépit de ma raison, que, si je croyais réellement ce que je dis en ce moment, il n’y aurait plus d’objet sur terre qui méritât que je vécusse. Cette prévention séduisante murmure au fond de mon ame, et contre toute ma raison, tout mon jugement, que Malcolm Fleming, qui pourrait tout sacrifier pour le service de son pays, est incapable de nourrir l’affection changeante d’un homme ordinaire, grossier ou vénal. Il me semble que si le changement lui fût arrivé et non à moi, il ne perdrait rien à mes yeux pour être sillonné d’honorables cicatrices, reçues en combattant pour la liberté de son choix, mais que ces blessures, dans mon opinion, ajouteraient même à son mérite, quoi qu’elles enlevassent de sa beauté physique. Il me vient parfois à l’esprit que Malcolm et Marguerite pourraient être encore l’un à l’autre tout ce que leurs affections rêvèrent jadis avec tant de sécurité, et qu’un changement qui n’altère en rien l’honneur ni la vertu de la personne aimée doit augmenter plutôt que diminuer les charmes de l’union. Regardez-moi, ma chère lady Augusta, regardez-moi en face, si vous en avez le courage, et dites-moi si je ne déraisonne pas lorsque mon imagination convertit ainsi de pures possibilités en ce qui est naturel et probable. »
    Lady Augusta de Berkely, voyant qu’il fallait s’y résoudre, leva ses yeux vers la malheureuse nonne, effrayée de perdre toutes ses chances de délivrance par la manière dont elle se conduirait dans ce moment critique, mais néanmoins ne voulant pas flatter la malheureuse Ursule en lui suggérant des idées auxquelles sa propre raison lui disait qu’elle pouvait à peine trouver des fondemens raisonnables. Mais son

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