Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
imagination, remplie des histoires que citaient les ménestrels de l’époque, rappela à son souvenir la fastidieuse dame « du mariage de sir Gawain, » et elle tourna sa réponse de la manière suivante.
    – « Vous m’adressez, ma chère lady Marguerite, une embarrassante question, à laquelle il serait indigne d’une amie de répondre d’une toute autre manière que sincèrement, et très cruel de répondre trop légèrement. Il est vrai que ce qu’on appelle beauté est la qualité première à laquelle, nous autres femmes, nous apprenons à attacher une valeur ; nous sommes flattées lorsque l’on vante nos charmes personnels, que nous les possédions réellement ou non ; et sans doute nous contractons l’habitude d’y mettre beaucoup plus d’importance qu’on peut reconnaître qu’ils n’en méritent. Cependant on a vu des femmes qui, au jugement de leur propre sexe, et peut-être de leur propre aveu, ne pouvaient avoir aucune prétention à la beauté, devenir, par leur esprit, leurs talens et leurs perfections, les objets certains du plus chaud attachement. Pourquoi donc, par pure exagération de crainte, regarderiez-vous comme impossible que votre Malcolm Fleming soit fait de cette argile moins grossière qui méprise les attraits passagers des formes extérieures, en comparaison des charmes d’une véritable affection et de la supériorité de talents et de vertu ? »
    La nonne pressa sur son cœur la main de sa compagne, et poussant un profond soupir : « Je crains, dit-elle, que vous ne me flattiez, et néanmoins, dans un instant critique comme celui-ci, la flatterie fait du bien, de même que certains cordiaux, d’ailleurs dangereux à la santé, sont administrés sagement pour soutenir un malade durant un paroxisme de douleur, et lui donner la force d’endurer du moins un mal qu’ils ne peuvent guérir. Répondez-moi à une seule question et il sera temps de terminer cet entretien. Se pourrait-il belle Augusta, vous à qui la fortune a donné tant de charmes, se pourrait-il qu’aucun argument vous fit supporter avec patience la perte irréparable de vos avantages physiques, perte accompagnée, comme il n’est que trop probable dans mon cas, de celle de l’amant pour qui vous avez déja tant fait ? »
    La jeune Anglaise regarda une seconde fois son amie, et ne put s’empêcher de frissonner un peu à l’idée de sa jolie figure, qu’il lui faudrait échanger contre les traits pleins de cicatrices et de coutures de lady du Hautlieu, irrégulièrement éclairés par les rayons d’un seul œil.
    « Croyez, répondit-elle, en levant avec dignité ses regards vers le ciel, croyez que, même dans le cas que vous supposez, je ne m’affligerais pas tant pour moi-même que pour l’amant à idées petites et étroites qui pourrait me quitter parce que les charmes passagers que le temps doit tôt ou tard détruire se seraient enfuis avant le jour de notre mariage. Cependant la Providence cache dans ses décrets de quelle manière et jusqu’à quel point des personnes, dont le caractère ne nous est pas pleinement connu, peuvent être affectées par de tels changemens. Je puis seulement vous assurer que j’espère avec vous, et qu’aucune difficulté ne se trouvera désormais sur votre passage, s’il est en mon pouvoir de l’en écarter… Écoutez ! »
    « C’est le signal de notre liberté, répliqua Ursule, prêtant l’oreille à un son qui ressemblait au cri d’un oiseau de nuit. Il faut nous préparer à quitter le couvent sous peu de minutes. Avez-vous quelque chose à emporter ? »
    « Rien, répondit lady Augusta de Berkely, sinon quelques objets précieux que j’avais, je ne sais pourquoi, pris sur moi pour venir ici. Ce billet que je vais laisser donne à mon fidèle ménestrel la permission de se tirer d’affaire en avouant à sir John de Walton quelle est réellement la personne qu’il avait en son pouvoir. »
    « Il est étrange, dit la novice de Sainte-Bride {18} , à travers quels labyrinthes extraordinaires l’amour, ce sentiment bizarre, conduit les personnes qui se vouent à lui. Prenez garde en descendant cette trappe, soigneusement cachée, qui se referme si bien et si aisément, mène à une porte secrète, où nous attendent déja, je crois, des chevaux qui nous faciliteront les moyens de dire promptement adieu à Sainte-Bride ; que Dieu la protége elle et son couvent ! nous ne pourrons voir clair que quand nous sortirons de ces

Weitere Kostenlose Bücher