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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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couche.
    — Incroyable combat, ne trouves-tu pas ?
    — Pourquoi cette trêve ?
    — Les hommes avaient bien trop envie de voir ça. Et moi aussi, Comment cela se passe-t-il de ton côté ?
    — Les Troyens sont bien plus nombreux, mais nous tenons, Diomède a été un vrai Titan ! Il a tué Pandaros, celui qui avait rompu la trêve, puis il a filé avec l’armure, sans qu’Hector pût rien y faire. Je vois qu’Énée aussi est présent. Pas étonnant que lui ait voulu une trêve ! Diomède l’a frappé à l’épaule et croit l’avoir blessé.
    — C’est donc pour ça qu’il a quitté l’aile qu’il commandait…
    — Ce Dardanien est le plus rusé des hommes de Priam. Mais il ne se soucie que de lui-même, à ce qu’on dit.
    — As-tu des nouvelles de Ménélas ? Son état est-il préoccupant ?
    — Non, Machaon l’a pansé et l’a aussitôt renvoyé combattre.
    — Il s’est bien défendu contre Pâris.
    — Il t’a surpris, n’est-ce pas ?
     
    La trompe annonçant la nuit fit retentir sa longue note sinistre par-dessus les clameurs du champ de bataille. Les hommes déposèrent les armes. Ils se débarrassèrent des boucliers et rengainèrent maladroitement. Hector et Ajax continuaient à se battre. La nuit finit pourtant par avoir raison d’eux. À peine pouvaient-ils distinguer leurs armes quand je descendis de mon char et les séparai.
    — Il fait trop sombre pour continuer, jeunes lions. Je déclare l’égalité, rengainez vos épées.
    Hector ôta son casque d’une main tremblante.
    — J’avoue que c’est un soulagement. Je suis rompu.
    Ajax remit son bouclier à Teucer, dont les genoux fléchirent sous le poids.
    — Moi aussi, je suis épuisé.
    — Tu es un valeureux guerrier, Ajax, dit Hector en lui tendant son bras droit.
    Ajax entoura de ses doigts le poignet du Troyen en souriant.
    — Hector, il serait malhonnête de ne pas te retourner le compliment.
    — Il paraît impossible qu’Achille te surpasse. Tiens, prends mon épée !
    Ajax en contempla la lame avec un plaisir évident puis la soupesa.
    — Je m’en servirai désormais pour combattre. En échange, voici mon baudrier. Mon père m’a dit que son propre père affirmait l’avoir reçu de son père, Zeus l’immortel.
    Il enleva la précieuse relique de cuir pourpre, ornée d’un motif en or ciselé, une pièce exceptionnelle.
    — Je le porterai au lieu du mien, promit Hector, ravi.
    Je les regardai. Ils éprouvaient l’un pour l’autre une vive sympathie, un respect acquis dans d’effroyables circonstances. Soudain un pressentiment me glaça : cet échange d’objets personnels était de fort mauvais augure.
     
    Nous campâmes sous les murs de Troie, cette nuit-là. L’armée d’Hector nous séparait de la porte Scée grande ouverte. On alluma les feux de camp, au-dessus desquels on suspendit les chaudrons ; des esclaves transportaient de grands plateaux chargés de pain d’orge et de viande, et le vin coupé d’eau coulait à flot. Je dînai avec Agamemnon et les autres rois autour d’un feu, parmi nos hommes. Lorsque j’entrai dans le cercle de lumière, ils se tournèrent vers moi pour me saluer. Tous semblaient terrassés par la fatigue, comme toujours après une bataille âprement disputée.
    — Nous n’avons pas avancé d’un pouce, dis-je à Ulysse.
    — Eux non plus, répliqua-t-il d’une voix calme.
    — Combien d’hommes avons-nous perdus ? demanda Idoménée.
    — À peu près autant qu’Hector, peut-être un peu moins, dit Ulysse. Pas assez pour faire pencher la balance, cependant.
    — En ce cas la journée de demain devrait être décisive, repartit Mérione.
    — Demain, oui, acquiesça Agamemnon en bâillant.
    Les corps étaient douloureux et les paupières lourdes, les ventres pleins. Il était temps de s’envelopper dans des fourrures autour du feu. La fumée de dix mille feux de camp montait vers les astres, Allongé sur le dos, je regardai les étoiles apparaître et disparaître jusqu’à ce que tout fût englouti dans les ténèbres du sommeil.
     
    Le deuxième jour fut bien différent du premier. Ni trêves pour interrompre le carnage, ni duels pour retenir notre attention, ni actes de bravoure pour transcender le combat. La lutte fut âpre, cruelle et acharnée. Mon corps aspirait au repos, ma vue était brouillée par les larmes qu’on verse à la vue d’un fils mourant. Antiloque pleura son frère et demanda à le remplacer sur le

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