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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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l’agita sous ses yeux pendant que je le bâillonnais en attendant qu’il comprenne.
    — Parle, crapaud, sifflai-je.
    Il parla, et nous lui tranchâmes la gorge.
    — Regarde ses bijoux, Ulysse.
    — Un homme qui s’est enrichi en dépouillant les cadavres… Enlève-lui ses beaux petits colifichets, mon ami, cache-les bien et tu les reprendras au retour. C’est ta part du butin, puisque l’attelage me revient.
    Il fit sauter une grosse émeraude dans sa paume.
    — Cette pierre va me permettre de m’acheter une cinquantaine de bœufs du soleil et d’en peupler la plaine d’Argos.
    Nous trouvâmes le camp de Rhésos à l’endroit indiqué par Dolon et nous nous allongeâmes sur un tertre voisin pour définir notre stratégie.
    — Quel imbécile ! marmonna Diomède. Pourquoi donc s’est-il mis à l’écart ?
    — Il voulait agir seul, je suppose. Combien sont-ils ?
    — Douze, mais je ne saurais dire lequel est Rhésos.
    — J’en dénombre autant. D’abord nous tuerons les hommes, puis nous prendrons l’attelage.
    Poignard entre les dents, nous nous faufilâmes dans l’herbe. Ils moururent dans leur sommeil et les chevaux – de vagues silhouettes blanches, au loin – ne prirent même pas peur.
    Le dénommé Rhésos ne fut pas difficile à repérer. Il était lui aussi amateur de bijoux : on les voyait étinceler dans les reflets du feu.
    — Regarde un peu cette perle ! murmura Diomède.
    — Elle vaut autant que mille bœufs du soleil, dis-je sans élever la voix.
    Les chevaux avaient été muselés, au cas où ils briseraient leur longe et se dirigeraient vers le Simoïs pour étancher leur soif. Tant mieux pour nous : ils ne se mettraient pas à hennir. Pendant que je cherchais des licols et faisais connaissance avec mon nouvel attelage, Diomède rassemblait tout ce qui valait la peine d’être pris dans le camp et le chargeait sur une mule. Puis nous repartîmes jusqu’au gué du Simoïs, où mon ami récupéra le trésor de Dolon. Agamemnon fut assez mécontent d’être réveillé, mais quand je lui racontai l’histoire de Rhésos et de ses chevaux, il éclata de rire.
    — Je comprends, Ulysse, pourquoi tu veux garder les descendants de Pégase, mais qu’y a-t-il pour le pauvre Diomède ?
    — Je n’ai besoin de rien, dit le rusé Diomède, prenant l’air magnanime.
    C’était une réponse habile. Pourquoi en effet avouer à un homme aux coffres vides qu’en une seule nuit on a accumulé une fortune colossale ?
     
    L’histoire des chevaux de Rhésos circulait parmi nos soldats dès le petit matin ; ils étaient ravis et m’acclamèrent quand je conduisis mon nouvel équipage sur le gué du Simoïs, précédant Agamemnon qui voulait que Troie assistât au spectacle.
    La bataille fut sanglante, impitoyable. Agamemnon saisit la chance qui lui était offerte et enfonça un coin dans les lignes troyennes, contraignant l’ennemi à battre en retraite. Nos hommes, qui voulaient en finir, les repoussèrent davantage encore. Mais les Troyens nous surpassaient toujours en nombre. Ils reprirent le dessus et la chance tourna. Les rois commencèrent à tomber.
    Agamemnon fut le premier. Tandis qu’il approchait sur son char, il transperça de sa lance un soldat qui tentait de l’arrêter, mais ne vit pas celui qui le suivait et qui lui enfonça profondément son arme dans la cuisse. La pointe était barbelée, la blessure saigna abondamment ; notre grand roi fut contraint de quitter le champ de bataille.
    Puis ce fut au tour de Diomède. Il réussit à atteindre le casque d’Hector de son javelot et à l’étourdir un instant. Avec un cri de joie, Diomède s’avançait déjà pour l’achever pendant que je concentrais mes efforts sur les chevaux et l’aurige, bien décidé à détruire son char. Nous ne vîmes ni l’un ni l’autre l’homme qui se dissimulait derrière, jusqu’au moment où il se dressa arc en main, rayonnant de joie, et tira sa flèche. Elle rasa terre et atteignit le pied de l’Argien. Cloué au sol, Diomède jurait et tendait le poing, tandis que Pâris détalait. Troie avait son Teucer !
    — Arrache donc cette flèche ! criai-je à Diomède, courant à son secours avec un bon nombre de mes soldats.
    Il suivit mon conseil, tandis que je m’emparais de la hache d’un mort. Résolu à sauver Diomède, je fis tournoyer l’arme jusqu’à ce qu’il pût s’éloigner en boitant, incapable de poursuivre le combat.
    Juste à ce moment,

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