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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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battre pour le garder avec eux.
    — Il faut que j’aille les aider.
    — C’est trop tard, Achille. Le soleil se couche. Quand tu arriveras là-bas, tout sera terminé.
    — Il faut que j’aille les aider.
    — Laisse faire Ajax et Ménélas. Je dois te demander pardon, ajouta Antiloque en posant sa main sur mon bras.
    — Pourquoi ?
    — J’ai douté de toi. J’aurais dû savoir que c’était Ulysse.
    Je me maudis d’avoir bavardé. Même sous l’emprise du sortilège, j’étais lié par serment.
    — Tu ne dois en parler à personne, Antiloque. Tu entends ?
    — Oui, promit-il.
    Nous montâmes sur le toit et regardâmes l’endroit où, dans la plaine, les combattants étaient encore nombreux. Je distinguai facilement Ajax. Sous son commandement, les troupes thessaliennes maintenaient leurs positions. Ménélas et un autre, sans doute Mérione, emportaient un corps nu sur un bouclier, loin du champ de bataille. Ils ramenaient Patrocle. Les chiens de Troie ne le dévoreraient pas.
    — Patrocle ! hurlai-je. Patrocle !
    Certains entendirent et regardèrent de mon côté. Je ne cessais de crier son nom. Toute la foule était silencieuse. Puis la trompe annonçant la nuit sonna. Hector fit demi-tour pour ramener son armée à Troie. Sur son dos, mon armure dorée prenait les reflets rouges du soleil couchant.
     
    On déposa Patrocle sur une civière de fortune, au milieu de la grande aire de rassemblement, face à la demeure d’Agamemnon, Ménélas et Mérione, couverts de sang et de boue, étaient tellement épuisés qu’ils pouvaient à peine tenir sur leurs jambes. Puis Ajax s’avança d’un pas hésitant. Quand sa main inerte laissa tomber son casque, il n’eut pas la force de se baisser pour le ramasser. Alors c’est moi qui le fis, puis je le donnai à Antiloque et je pris mon cousin dans mes bras, une façon de l’honorer car, pour lui, tout était fini.
    Les rois, en cercle autour de Patrocle, nous regardaient. On devinait à ses blessures que les coups avaient été portés par des soudards : une sous le bras, là où la cuirasse n’était pas ajustée, une dans le dos et une autre dans le ventre, où la lance avait été enfoncée si profondément que ses entrailles étaient sorties. Je savais que c’était là le coup d’Hector, mais c’était celui qui l’avait frappé dans le dos qui l’avait tué.
    Une des mains de Patrocle pendait. Je la pris dans la mienne et m’effondrai à ses côtés.
    — Viens, Achille, dit Automédon.
    — Non, ma place est ici. Occupe-toi d’Ajax et va chercher les femmes pour qu’elles baignent Patrocle et l’enveloppent dans un linceul. Il restera ici jusqu’à ce que je tue Hector. Et je jure que je déposerai à ses pieds, dans sa tombe, le corps d’Hector et ceux de douze jeunes nobles troyens. Leur sang servira à payer le gardien du Styx quand Patrocle demandera à le traverser.
    Un peu plus tard, les femmes arrivèrent pour nettoyer le corps de Patrocle. Elles lavèrent ses cheveux emmêlés, fermèrent ses blessures à l’aide de baumes et d’onguents parfumés, effacèrent avec une éponge les traces de larmes autour de ses yeux à jamais clos.
    Toute la nuit je gardai sa main dans la mienne. Deux ombres étaient à présent assoiffées de mon sang : Iphigénie et Patrocle.
    Ulysse vint au lever du soleil, avec des coupes de vin et une assiette de pain d’orge.
    — Mange et bois, Achille.
    — Pas avant de m’être acquitté de la promesse que j’ai faite à Patrocle.
    — Il n’en a pas conscience et il s’en moque. Tu as juré de tuer Hector, tu auras besoin de toutes tes forces.
    — Je tiendrai, répondis-je.
    Je regardai autour de moi et ne vis aucun signe d’activité.
    — Que se passe-t-il ? Ils dorment tous encore. Pourquoi ?
    — Hector aussi a eu une rude journée hier. Un héraut est venu de Troie à l’aube et a demandé une trêve pour pleurer les morts et les enterrer. La bataille ne reprendra que demain.
    — Si Hector est rentré dans la cité, il n’en ressortira jamais, répliquai-je sèchement.
    — Tu te trompes, lança Ulysse dont les yeux étincelaient. Hector pense qu’il nous tient et Priam ne croira pas que tu as l’intention de le battre à nouveau. La ruse avec Patrocle a marché. Aussi Hector et son armée sont-ils encore dans la plaine et pas à l’intérieur de Troie.
    — Alors je le tuerai dès demain.
    — Demain, répéta-t-il en me regardant d’un air singulier.

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